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Éric Moreau (Traducteur)
EAN : 9782413017523
224 pages
Delcourt Littérature (26/08/2020)
3.82/5   75 notes
Résumé :
La vertigineuse ascension d'un génie du Jazz, contraint d'improviser la vie dans l'Amérique ségrégationniste.

Ludlow Washington est né différent, aveugle. Abandonné à cinq ans aux mauvais traitements d'une institution, il endure les brimades jusqu'à ce que ses prodigieux talents de musicien lui offrent un ticket d'entrée dans le monde. Un monde auquel il n'est pas préparé, et où il doit apprendre la vie à tâtons. Il devient dès lors la propriété de B... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Ludlow Washington nait aveugle dans un monde qui ne pardonne aucune faiblesse, celui des « nègres » du Sud des Etats unis. Aussi son père le place dans une institution dès l'âge de cinq ans afin qu'il ne soit pas une charge supplémentaire à l'économie familiale défaillante et précaire du foyer. Aucun état d'âme quand il est question de survie. Mal grès l'hostilité du milieu pénitentiaire dans lequel il grandit (brimades, punitions, sévices), l'établissement va lui offrir la chance de révéler son immense talent de musicien de jazz et de pouvoir échapper à la misère, avec la force d'un caractère brut, éprouvé par le milieu hostile dans lequel il a grandi.
Toute son existence Ludlow va garder cet abandon, cet état orphelin sciemment provoqué, comme une marque écrite au fer rouge sur son âme. C'est ce qui va lui imposer d'avoir toujours une distance avec les autres, afin de ne plus jamais être la victime du rejet de l'autre. Il n'a pas le choix, il doit avancer dans la vie mal grès tous les handicapes dont sa destinée l'a accablé. Il y a là l'explication à sa faible empathie envers les autres. Il garde tout au long de sa vie un rempart élevé pour faire face à toute entreprise belliqueuse envers sa personne. Et comme la musique est la seule amie qui lui offrira de l'espoir, il y sacrifiera tout, y compris l'ébauche d'une famille qu'il a songé un temps construire, cette démarche tenant plus de l'expérience que de l'aboutissement.
Il connaitra l'amour mais aussi ses écueils, parce qu'il est ce qu'il est…
William Melvin Kelley s'est projeté dans cet orphelin, jazzman de génie. Son épouse Aiki écrit : « Il a sondé les profondeurs de son âme pour donner vie à Ludlow Washington. » le roman nait en 1965, en même temps que sa fille, écrit entre Rome, l'Espagne et Paris parce qu'il fuit la ségrégation qui fait rage aux États-Unis. Il dépasse l'éternel procès du clivage entre blancs et noirs. Il est un message adressé aux générations montantes, qui acclame le travail et la persévérance comme remède à la pauvreté et aux accidents de la vie. Il montre que partie de rien et même moins que ça, puisque le peu qu'avait Ludlow, une famille, on le lui retire, qu'il y a toujours la possibilité de s'en sortir.
« Jazz à l'âme » est une fabuleuse histoire qui ne fait pas de concessions et qui ouvre sur des horizons chantant, pour autant que la vie y consente. Il aurait pu s'agir d'une histoire où la haine y aurait trouvé place, il n'en est rien. L'auteur a su adroitement éviter l'écueil des clichés raciaux pour ne promouvoir que l'histoire d'un homme et de sa réussite dans un milieu hostile.
Merci aux éditions Delcourt et à masse critique de Babelio pour m'avoir permis de découvrir cet auteur et cette histoire pleine d'espoir et d'humanité.
Traduction d'Éric Moreau.
Editions Delcourt, 247 pages.
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Dans l'excellent Jazz à l'âme de William Melvin Kelley, c'est une triple peine pour notre héros.

Ludlow Washington est né aveugle, pauvre et noir dans le sud des États-Unis. Pour lui offrir une chance de survivre et d'avoir un métier son père va l'abandonner dans une institution. Il deviendra un pianiste talentueux. A seize ans, il est embauché dans un orchestre.

William Melvin Kelley met toute son empathie à nous faire découvrir le monde à travers les sensations et les questionnements de Ludlow. D'un seul coup, après dix ans à l'écart de la société sans autre amie que sa musique. Il découvre les femmes, se demande ce qu'est un noir et porte en lui une peur du rejet et une colère latente qui finira par s'exprimer.

Incapable de donner ce qu'il n'a pas reçu, il quittera sa première femme et sa petite fille pour jouer dans un orchestre à Harlem . Il deviendra célèbre, tombera amoureux d'une jeune femme blanche, qui n'assumera pas et le quittera. Complètement détruit, il finira par trouver sa voie.

Ce roman offre un très beau portrait psychologique, une belle restitution d'Harlem, de ses orchestres de jazz et de cet amour de la musique que tous partageaient.

Je tiens à remercier les éditions 10/18 pour ce roman qui me tentait tant.

#Jazz à l'âme#NetGalleyFrance
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J'avoue que les mots du New-York Times apposés sur la première de couverture m'ont poussée à lire ce titre, plus que le résumé lui-même et ses références au jazz et à la scène new-yorkaise. En effet, je suis toujours gênée quand la musique prend une part essentielle dans une oeuvre car je trouve alors bien souvent le roman incomplet : mon imagination débordante me permet de saisir les personnages et les lieux, mais je me sens orpheline d'une bande-son que j'ai du mal à reconstituer. Jazz à l'âme n'a pas dérogé à la règle. La musique envahit les pages mais peine, malheureusement, à émerger de l'ensemble. Je me suis donc focalisée sur le personnage principal, Ludlow Washington, et la richesse de son monde intérieur. C'est, je dois bien le reconnaître, un personnage assez fascinant, porteur de messages forts, en raison de sa couleur de peau et de sa cécité, et tout en complexité. J'ai apprécié suivre son parcours même si je regrette que l'on s'attarde si peu sur les premières années de sa vie, notamment son abandon et son séjour dans une institution pour jeunes aveugles dans laquelle les nombreuses brimades subies ne l'empêchent pas de devenir un petit prodige de la musique. Son évolution professionnelle et ses échecs amoureux, intimement liés, trouvent en effet leur source dans cette enfance si rapidement évoquée. En somme, une lecture intéressante et pas désagréable mais on est très loin d'un roman coup de coeur.

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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Le titre. C'est le titre qui m'a d'abord attiré : le jazz comme une obsession. Ludlow commence difficilement la vie : aveugle de naissance, noir dans un Sud encore épidermique, et abandonné par ses parents dans un pensionnat. Il va pourtant se révéler un musicien hors pair jusqu'à jouer pour des pointures du jazz. Il deviendra aussi minutieux, talentueux, qu'inversement sa vie privée est un naufrage. Il n'est pas tant question de la vie d'un noir, aveugle de surcroît, dans la société que celle d'un artiste qui ne trouve pas sa place dans la vie "normale", lui faisant prendre des décisions insensées. Les artistes sont souvent des êtres à part, fragiles, hors sol, notre W.M. Kelley le décrit ici efficacement. Ce ne sera pas un coup de coeur mais juste un bon voyage jazzy.
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Avec deux musiciens dans la famille dont un guitariste de jazz, je ne pouvais qu'être tentée par la réédition du roman de William Melvin Kelley.
Jazz à l'âme, c'est l'histoire de Ludlow Washington, trompettiste noire américain, aveugle de surcroît.
Laissé dans une institution spécialisée à l'âge de cinq ans, il y apprend la musique et se découvre vite du talent.
À sa sortie, il intègre un petit orchestre de bar où il joue quelque temps avant de partir rejoindre la chanteuse Inès Cunningham à New-York et de se produire sur les scènes avant-gardistes.
Hanté par son enfance volée et ses déboires sentimentaux, conscient de la ségrégation latente qui règne dans les milieux qu'il fréquente, il finit par perdre pieds, victime de désordres psychiques.

Comment vous dire ?...

Malgré la pertinence du propos qui est de dénoncer une double marginalisation du personnage, en tant que Noir d'abord, qu'aveugle ensuite, je sors déçue de cette lecture.
Vaguement conscient que ses échecs amoureux sont à imputer à son origine et/ou à son handicap, Ludlow éprouve un malaise grandissant qui lui ôte toute confiance en lui.
Peut-on dire alors qu'il ne vit que pour son instrument ?
Je n'ai pas eu ce sentiment..
Il sait que c'est son talent qui lui permet d'exister, d'attirer les regards et il en use mais à aucun moment je ne l'ai senti "habité" par sa musique.
À cause de cela peut-être, je ne suis pas parvenue à m'attacher à lui et son obsession à vouloir à tout bout de champ coucher sa compagne sous lui m'a vite agacée.
Bien sûr, on parle ici des errements d'une âme meurtrie, d'une recherche d'identité compliquée par le handicap mais le mot "survol" s'est imposé à mon esprit tout au long de ma lecture, comme si l'auteur avait renoncé à fouiller trop profonfément dans le désordre intérieur du personnage.

La postface du roman, rédigée par l'épouse de l'auteur, est par contre une remarquable et originale déclaration d'amour à l'oeuvre et traduit toute l'admiration que sa femme éprouve pour l'écrivain décédé en 2017.
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critiques presse (1)
RevueTransfuge
22 septembre 2020
Avec Jazz à l’âme, on continue à (re) découvrir l’œuvre de William Melvin Kelley. Un grand roman sur les ravages intimes de la ségrégation.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Redécouverte au programme avec Babelio (thank you Babelio), ou découverte sur un tempo jazz, d'un roman sorti en 1965, d'un auteur noir américain inconnu en France. Je n'avais jamais entendu ce nom, William Melvin Kelley. La quatrième de couv, dont on ne se méfie jamais assez, évoque James Baldwin et William Faulkner. Ludlow Washington, cinq ans, aveugle, est confié ou plutôt abandonné à une institution. Surdoué il devient un musicien reconnu, passera d'un bouge du Sud profond aux néons de New York. Mais en ces années cinquante le monde du jazz est bien loin d'être un jardin de roses. Le monde tout court.

Le livre a un coeur qui bat comme une pulsation. Il est percutant comme un solo de trompette, âpre et amer. Jazz à l'âme est un bon titre français mais A drop of patience, titre original, rend mieux compte de l'urgence de ce livre. Tout ira relativement vite à partir de l'âge de seize ans pour Ludlow, après les longues années d'institution (rude, l'institution). Vieille antienne, notamment dans la musique, la Roche Tarpéienne est près du Capitole et s'il devient une sorte d'icône de l'avant-garde (et là les jazzeux y mettront leur sihouette favorite, Bird, Miles, etc.) il ne va pas tarder à perdre ses rares repères et même Harlem, en quelque sorte, l'expulsera.

Causes multiples à cette rupture, à ce riff cassant, à ce pétage de plomb. La cécité de Luddy n'est pas la plus grave de ses inadaptations. Les rapports avec les blancs, les femmes notamment, même si le racisme n'est pas lourdement asséné dans ce récit. Querelles musicales aussi, intemporelles, version jazz des anciens et des modernes. Et que dire de l'ambiguité des spectateurs, sincères quelquefois, "branchés" souvent, en un snobisme universel assez souvent. Fils largué à cinq ans, Luddy sera père à dix-huit, père "largueur' incapable d'assumer. Médicaments, substances, cures....Air connu. L'amitié même est aléatoire chez le virtuose. Ou comment se construire, démoli en la plus tendre enfance.

William Melvin Kelley ne nous entraîne pas dans une réelle empathie avec son personnage (proche de lui-même qui quitta l'Amérique en 1965 pour Paris puis la Jamaïque pendant une dizaine d'années). Enfant du Bronx (1937-2017) WMK avait écrit un premier roman publié en 1961, Un autre tambour. Je lis que le livre avait fait un triomphe critique. Je n'en avais jamais entendu parler.

D'autres lieux plus accueillants l'attendaient. Peut-être trouverait-il la petite église de quartier à laquelle il aspirait, ou bien une chapelle dressée au bord d'un chemin de terre dans le Sud, à peine plus grande qu'une cabane, fréquentée par une douzaine de fidèles, privée d'un orgue pour encourager leurs voix tremblantes et haut perchées à porter les mélodies de leurs cantiques. Un endroit comme celui-là aurait besoin d'un bon musicien.

Aiki, femme de l'auteur signe une jolie postface dans laquelle elle cite quelques musiciens références et sources pour son mari. Par exemple le trompettiste Clifford Brown, mort à sur la route à 25 ans.
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INTERVIEW...

On raconte que j'aurais débarqué à New York et que j'aurais inventé le jazz moderne. D'emblée, il y a deux trucs qui collent pas.
D'abord, j'ai rien inventé tout seul. On était nombreux dans le coup. On s'est tous retrouvés à Harlem et on a bricolé ce nouveau son ensemble. Y avait pas que moi. Je me suis inspiré des idées des autres, et eux des miennes. Ensuite, si c'est moi qui l'avais inventé, comme on le dit, j'aurais créé ce style à New Marsails, quand je jouais dans l'orchestre de Bud Rodney, ou même encore avant, à l'institut pour aveugles. Depuis toujours, je joue que ce que j'aime. Du Norman Spencer, par exemple. C'est peut-être lui qu'a tout inventé tout seul, en fait. Il balançait déjà de nouveaux phrasés dans les années vingt. Moi j'ai fait que l'écouter et repiquer ce qui me plaisait chez lui, c'est tout. J'ai pas décidé sur un coup de tête que j'allais trouver un nouveau son, parce que mon jeu a pas beaucoup évolué depuis mes treize ans, sauf que maintenant mes doigts vont un peu plus vite.Mais ça, c'est pas du génie. C'est juste de l'entraînement.
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La vie hors des murs du foyer était en tout point la même que dedans. Les gens au-dessus de vous s'acharnaient à vous rabaisser, et les gens au-dessous de vous s'évertuaient à vous tirer vers le bas. C'était aussi simple que ça. Il savait que c'était la règle à l'institut. Il avait juste commis l'erreur de croire que dehors ce serait différent, que ce serait mieux.
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Ludlow, il y a deux raisons pour lesquelles les gens font les choses - parce qu'ils le veulent et parce qu'ils le doivent. Ta meilleure chance de faire bien les choses, c'est quand t'en as envie.
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- Tu te débrouilles bien, pour sept ans de pratique. Qui sont tes modèles ?"
Ludlow nomma quelques musiciens célèbres - tous à l'exception d'un seul jouaient du même instrument que lui. Norman Spencer était l'exception, un pianiste au jeu rugueux, ancienne école.
"Norman ? Il se croit encore dans une fanfare."
Inez Cunningham désapprouvait.
"Il me fait rire, parfois, expliqua Ludlow. Il joue, il joue, et d'un coup il balance une blague du bout des doigts, et ça me fait rire. Vous pigez ce que je veux dire ?" Il en doutait. Il n'avait jamais rencontré personne qui appréciait Norman Spencer.
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Payot - Marque Page - William Melvin Kelley - Un autre tambour
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