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Critique de BillDOE


Ludlow Washington nait aveugle dans un monde qui ne pardonne aucune faiblesse, celui des « nègres » du Sud des Etats unis. Aussi son père le place dans une institution dès l'âge de cinq ans afin qu'il ne soit pas une charge supplémentaire à l'économie familiale défaillante et précaire du foyer. Aucun état d'âme quand il est question de survie. Mal grès l'hostilité du milieu pénitentiaire dans lequel il grandit (brimades, punitions, sévices), l'établissement va lui offrir la chance de révéler son immense talent de musicien de jazz et de pouvoir échapper à la misère, avec la force d'un caractère brut, éprouvé par le milieu hostile dans lequel il a grandi.
Toute son existence Ludlow va garder cet abandon, cet état orphelin sciemment provoqué, comme une marque écrite au fer rouge sur son âme. C'est ce qui va lui imposer d'avoir toujours une distance avec les autres, afin de ne plus jamais être la victime du rejet de l'autre. Il n'a pas le choix, il doit avancer dans la vie mal grès tous les handicapes dont sa destinée l'a accablé. Il y a là l'explication à sa faible empathie envers les autres. Il garde tout au long de sa vie un rempart élevé pour faire face à toute entreprise belliqueuse envers sa personne. Et comme la musique est la seule amie qui lui offrira de l'espoir, il y sacrifiera tout, y compris l'ébauche d'une famille qu'il a songé un temps construire, cette démarche tenant plus de l'expérience que de l'aboutissement.
Il connaitra l'amour mais aussi ses écueils, parce qu'il est ce qu'il est…
William Melvin Kelley s'est projeté dans cet orphelin, jazzman de génie. Son épouse Aiki écrit : « Il a sondé les profondeurs de son âme pour donner vie à Ludlow Washington. » le roman nait en 1965, en même temps que sa fille, écrit entre Rome, l'Espagne et Paris parce qu'il fuit la ségrégation qui fait rage aux États-Unis. Il dépasse l'éternel procès du clivage entre blancs et noirs. Il est un message adressé aux générations montantes, qui acclame le travail et la persévérance comme remède à la pauvreté et aux accidents de la vie. Il montre que partie de rien et même moins que ça, puisque le peu qu'avait Ludlow, une famille, on le lui retire, qu'il y a toujours la possibilité de s'en sortir.
« Jazz à l'âme » est une fabuleuse histoire qui ne fait pas de concessions et qui ouvre sur des horizons chantant, pour autant que la vie y consente. Il aurait pu s'agir d'une histoire où la haine y aurait trouvé place, il n'en est rien. L'auteur a su adroitement éviter l'écueil des clichés raciaux pour ne promouvoir que l'histoire d'un homme et de sa réussite dans un milieu hostile.
Merci aux éditions Delcourt et à masse critique de Babelio pour m'avoir permis de découvrir cet auteur et cette histoire pleine d'espoir et d'humanité.
Traduction d'Éric Moreau.
Editions Delcourt, 247 pages.
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