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Critique de fuji


Ce nom Kiruna, je ne l'avais jamais entendu. C'est une ville se trouvant en Laponie Suédoise.
Créée au début du XXème siècle pour pallier le développement de sa mine de gisement de fer.
L'auteur qui dans le cadre d'un programme devant mettre en lumière les « Mineurs d'un autre monde » a choisi Kiruna.
« J'ai voulu descendre dans la mine, passer la tête sous la peau de la planète comme on passe la tête sous la surface de la mer afin d'entrer dans une autre réalité aussi déterminante et invisible que l'est l'intérieur du corps humain. J'ai voulu vivre cette expérience, j'ai voulu l'écrire : je suis partie à Kiruna. »
Ce choix s'explique aussi parce que « la mine est active 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an. Elle ne connait aucun jour de pause, ni les machines qui refroidissent, ni les moteurs qui se rechargent : ici, ça ne s'arrête jamais. C'est un corps vivant. »
La vie on la sent vibrer dans les mots de l'auteur.
La mine fondement de l'économie de la cité se fit souterraine en 1965. Une seule crise grave surgit en 1969 « …mais le conflit, violent, dure 57 jours : les mineurs se déchirent tandis que LKAB refuse de négocier sous la pression. Cette grève historique a brisé l'image lisse, consensuelle de l'organisation du travail en Suède et déclenché un mouvement de solidarité qui aura un impact sur le climat social du pays. »
Maylis de Kerangal compare la mine et la ville à deux soeurs siamoises et c'est ce que l'on ressent, cette fusion de tous les instants et de tous les dangers.
Depuis 2009 la décision de déplacer la ville est prise et ceci se fera sur de nombreuses années. L'église, puis certaines maisons historiques et enfin la construction d'une nouvelle ville, les habitants auront le choix entre troquer leur maison contre une nouvelle dans le centre ou empocher le prix de leur maison au cours du marché plus un bonus de 25%. Cependant il semblerait que vivre à Kiruna soit attractif, emploi bien rémunéré et finalement une qualité de vie offerte par LKAB.
Savoir que chaque jour est extrait de cette mine l'équivalent de la Tour Eiffel, donne le vertige.
Le lecteur retrouve le style charnel de Maylis de Kerangal, cette obsession du mot juste pour que l'image soit la plus parfaite possible, ce qui chez d'autres pourrait donner quelque chose de plat dénué d'émotion. Ici au contraire tout vibre, de la lumière froide qui envahit la piste d'atterrissage aux lueurs de la ville et de la mine la nuit, tout fait sens, corps.
Nous sommes engagés dans cette descente.
De beaux portraits d'hommes et de femmes sont là pour nous servir de passeurs.
Un très beau reportage littéraire que l'auteur fait vivre passionnément lors des rencontres organisées autour de cet ouvrage, si elle vient près de chez vous n'hésitez pas. de plus c'est une très belle édition.
Tout le talent de Maylis de Kerangal est là pour vous faire vivre cette aventure comme si, vous aussi, étiez à Kiruna. Un voyage aussi inouï qu'inoubliable car ici les mots sont des instruments maniés avec virtuosité.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 28 janvier 2019.
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