AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sachenka


Comme je l'ai écrit dans une critique précédente, je ne crois pas que Philip Kerr puisse jamais me décevoir, ses romans (en particulier la série Bernie Gunther) m'ont tous laissé une forte impression. Toutefois, le dernier en liste, L'offrande grecque, s'il est un bon roman, n'a pas réussi à se classer au niveau des précédents, selon mon humble avis. C'est que cet opus commence lentement, très lentement. Gunther travaille dans une morgue, une ancienne connaissance le force à participer à une tentative d'extorsion, il se fait offrir un poste d'enquêteur pour une compagnie d'assurance où il règle quelques indemnisations frauduleuses à Munich… Plusieurs petites affaires qui n'ont rien en commun (en apparence) et qui ne semblent mener nulle part. Bien sûr, on se doute que tous ces éléments finiront par s'imbriquer les uns dans les autres mais, en attendant… Ainsi, après une centaine de pages, l'intrigue principale prend son envol, tout comme Gunther qui prend la direction de la Grèce où il doit enquêter sur l'incendie qui aurait fait sombrer un navire allemand et sur son propriétaire, qui réclame l'indemnisation à sa compagnie d'assurance. Il va sans dire qu'il y a anguille sous roche et que cette mission en cache une autre, plus importante. D'ailleurs, rapidement, il y a mort d'homme.

À partir du moment où Bernie Gunther arrive à Athènes, mon intérêt s'est émoussé. D'abord, il y a la découverte de la capitale, ses rues étroites, la circulation, les églises partout, les cousins nombreux qui viennent en aide les uns aux autres, la corruption (mais à certaines conditions, par exemple, jamais le dimanche!), les contradictions ou ce qui pourrait paraitre étrange dans mes contrées nordiques, par exemple, un prêtre fumant cigarette sur cigarette et roulant dangereusement à moto. Ah… la Grèce… Ensuite, les personnages sont toujours une grande force de Kerr. D'abord, il y a Gunther (que l'on retrouve sous un nouveau nom d'emprunt, Christof Ganz), foncièrement et impitoyablement honnête, toujours à la recherche de la vérité, qui n'a pas la langue dans sa poche, même si cela lui attire inévitablement des ennuis. Ensuite, la brochette de personnages secondaires est toute aussi impressionnante : Achilles Garlopis, qui assure la liaison en Grèce, lâche et trop bavard ; Siegfried Witzel, un spécialiste de la plongée, homme irascible ; le lieutenant grec Leventis, mesquin ; une espionne du Mossad intimidante qui recherche des anciens nazis ; la jolie Elli, l'acolyte de rêve…

L'offrance grecque est autant un roman policier qu'un bouquin d'espionnage historique, il était impossible de ne pas faire référence à tout cela : la deuxième guerre mondiale, l'occupation allemande de la Grèce, les exactions des nazis là-bas (déportation et vol des juifs de Thessaloniques, demandes de réparation de la Grèce, etc.) dont on a moins entendu parler, des fouilles archéologiques, dont certains artefacts sont acheminés en secret à l'étranger, la reconstruction du pays, etc. L'auteur Philip Kerr trouve le moyen d'amener chacun de ces sujets (et d'autres) de manière naturelle et graduelle, facilitant la compréhension. Jamais je ne me suis senti noyé dans une mer d'information malgré la quantité de données. Il faut dire que le tout est balancé par une bonne dose d'action. Malgré son âge (la soixantaine?), Gunther est encore en forme, il sait donner ert recevoir des coups de poings et maitriser des individus dangereux. Puisque l'auteur est aussi cynique que son protagoniste, il n'oublie pas d'écorcher quelques personnages historiques au passage, à commencer par le premier chancelier d'Allemagne de l'Ouest, Konrad Adenauer, ou bien son homologue grec Konstantin Karamanlis.

J'ai trouvé ce roman un peu plus complexe que les précédents. J'avais l'impression que l'intrigue s'en allait dans trop de directions différentes et j'ai mis du temps à coller les morceaux. du moins, tous les morceaux. Même si mon opinion de L'offrande grecque n'est pas aussi élevée que celle des autres tomes, j'ai tout de même apprécié l'expérience. Il faut en profiter puisqu'il ne reste qu'un dernier bouquin à la série…
Commenter  J’apprécie          471



Ont apprécié cette critique (44)voir plus




{* *}