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Critique de Baldrico


Ce petit livre est un grand livre.
Je l'avais lu il y a plus de quinze ans, je viens de relire, et je le relirai encore.
Autant que je puisse en juger c'est un des livres majeurs du 20e siècle. Un livre qui creuse la nature humaine, la possibilité même de l'existence de l'humain, et il le fait sans artifice.
Pourtant la phrase est longue, elle avance par approximations, elle tourne autour de l'indicible, et le dit tout de même.
C'est une méditation sur un "non!" Un "non!" qui se répète, comme une scansion du texte, avec des variations qui cherchent le sens et l'absence de sens.
Imre Kertész, comme on sait, fut déporté à Auschwitz à 14 ans, il en a réchappé miraculeusement (comme tous les rescapés) et a poursuivi son existence dans la Hongrie communiste, en développant patiemment une oeuvre qu'il était presque impossible de publier.
Quel sens dès lors donner à l'existence? S'agit-il seulement de prendre acte de l'absurde? le texte oscille entre ces deux bornes, dans une sorte de dépouillement.
Ce qui est singulier chez Kertész, c'est qu'il ne voit pas Auschwitz comme un événement effroyable qui s'empare d'êtres, qui auparavant vivaient une existence ordinaire, humaine. Son expérience d'Auschwitz s'inscrit dans son rapport au monde depuis l'enfance. Et Auschwitz lui-même est un développement de tendances à l'oeuvre dans la société humaine depuis longtemps. C'est extrêmement troublant pour le lecteur, et cela mène à des affirmations parfois très dérangeantes, mais cela nous met face à nous-mêmes sans échappatoire possible. Kertész nous amène à des profondeurs que nous ne soupçonnions pas et c'est pourquoi ce petit livre est pour moi incontournable.
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