AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bookworm84


De Joseph Kessel, je n'avais lu jusque là que le Lion. J'avais également vu l'adaptation cinématographique des Cavaliers (le livre est depuis en wishlist). Pour démarrer l'été, je me suis plongée dans Fortune carrée – une épopée pleine d'aventures qui nous emmène au Yémen, en Mer Rouge et en Éthiopie-Somalie.

Fortune carrée est un roman d'aventures typique : les personnages principaux sont des hommes aguerris à la vie dans des contrées sauvages et l'intrigue suit les différentes péripéties – plutôt violentes – qui émaillent leur parcours. Ces personnages sont durcis par leur vie pleine de dangers et sans attaches. Si Mordhom laisse transparaître parfois quelques mouvements de coeur, Igricheff tient davantage de la brute (mais il est profondément attaché à son cheval, Chaïtane). Heureusement, nous croiserons la route de Philippe au cours du roman, un jeune Français émerveillé par ces contrées, par ces vies faites d'aventures pures et dures. La naïveté et l'enthousiasme de Philippe apportent une certaine fraîcheur face à Mordhom et Igricheff, les deux aventuriers qui ont déjà bien roulé leurs bosses.

Il est d'ailleurs intéressant de noter que Mordhom est inspiré de Henri de Monfreid, un aventurier lui aussi auteur de romans d'aventure (c'est justement Kessel qui l'a poussé à écrire) et Igricheff d'un authentique aventurier moscovite, Hakimoff. Kessel, journaliste, a également rédigé son roman après un séjour dans les contrées que les personnages traversent. Cela renforce l'immersion dans l'histoire.

Fortune carrée a été écrit dans les années 30 et cela se ressent : les descriptions des pays traversés comme des autochtones rencontrés possède parfois cette condescendance toute occidentale de l'époque pour ce qui n'était pas considéré comme « civilisé ». Aux yeux d'un lecteur du XXIe siècle, cela peut surprendre, voire même perturber. Heureusement, Joseph Kessel fait aussi montre d'un intérêt passionné pour ces mêmes pays et peuples.

De façon surprenante pour un roman d'un tel genre, le style est très lyrique. Paysages comme personnages, même secondaires, sont dépeints avec une telle emphase et un vocabulaire si riche, si évocateurs, que l'on est sans peine dépaysé. Ces mêmes descriptions sont aussi très vivaces : la traversée du désert de Philippe m'a réellement donné des sensations de soif et de chaleur, comme si je marchais à ses côtés sous ce soleil brûlant.

Entre montagnes et mer, paradis végétal et désert, lire Fortune carrée c'est marcher dans les pas d'Igricheff et de sa monture au sang vif, naviguer aux côtés de Mordhom, cheminer dans la caravane de Philippe. C'est côtoyer des hommes violents mais rompus à une vie rude et libre. Lire Fortune carrée, c'est voyager tout en goûtant un style littéraire certes un peu suranné mais tellement agréable !

Un vrai classique du roman d'aventures, parfait pour les vacances :) [Lire la critique sur le blog]
Lien : https://lullastories.wordpre..
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}