Incontestablement, quand on lit un livre de
Kessel , on sait qu'on est dans la cour des « grands » écrivains. Il n'y a pas de qualificatif à rajouter . Catégoriser ce livre en roman d'aventures ou de jeunesse serait trop réducteur .
C'est un grand livre . Tout est maitrisé : le fond , la forme : Trois histoires avec trois personnages dans trois décors différents :
Les montagnes et la côte yéménite .
Parce que marin, j'ai été encore plus sensible à la deuxième partie pendant la tempête en mer rouge. Cette partie-là peut moins passionner si on n'a pas la mer dans ses tripes.
Enfin la vallée cachée en Abyssinie, sorte d'Eden et la course folle de la caravane jusqu'à la côte.
Une critique fait mention des similitudes entre les principaux personnages du roman : Philippe serait une déclinaison de
Joseph Kessel lui-même .
Daniel Mordhom serait l'aventurier
Henri de Monfreid.
Qui serait donc le bandit kirghize Igrichefff ? Si quelqu'un a une idée, je suis preneur. Pour l'instant ma seule piste c'est que ce serait le côté Mr Hyde de
Kessel lui-même . L'indice c'est qu'Igricheff est opiomane et un peu « s'en fout la mort » comme
Kessel l'était mais c'est tiré par les « chevaux"
Bref , je pourrais continuer à disserter longtemps sur ce formidable livre mais je veux terminer par l'essentiel : Il vous prend dès la première ligne et ne vous lâche pas jusqu'à la dernière. Quand vous n'êtes pas dans le Djebel attendant l'attaque des yéménites, vous êtes agrippé au cordage pendant la tempête et, en arrivant sur l'île noire, vous touchez du doigt le bonheur d'être encore en vie .
Les magnifiques descriptions de paysage viennent en contrepoint des relations complexes entre les trois personnages, et notamment entre Philippe et Lionel ; le troisième larron, si j'ose dire, le bandit Kirghize reste une énigme.