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Critique de oran


Trois parties dans ce livre consacrées à trois procès d'envergure qui ont marqué l'Histoire :
Joseph Kessel est, chaque fois, présent dans les rangs de la presse, il est l'envoyé spécial de France-Soir, mandaté par Pierre Lazareff, le directeur général du quotidien .

- La première : Pétain comparait devant la Haute Cour de justice.( Recréée par ordonnance dans le cadre de l'épuration légale pour juger le chef de l'État Pétain, le chef du gouvernement Laval, les ministres, les commissaires généraux, les résidents, les gouverneurs généraux, et les hauts fonctionnaires) le procès se tint du 24 juillet au 16 août 1945 .
- La deuxième, c'est le Procès de Nuremberg qui se déroula du 27 novembre au 2-3 décembre 1945. Sont alignés sur le banc des accusés :
Hermann Göring, Karl Dönitz, Hans Frank, Wilhelm Frick, Hans Fritzsche, Walter Funk, Rudolf Hess, Alfred Jodl, Ernst Kaltenbrunner ,Wilhelm Keitel, Konstantin von Neurath, Franz von Papen, Erich Raeder, Joachim von Ribbentrop, Alfred Rosenberg, Fritz Sauckel, Hjalmar Schacht, Baldur von Schirach, Arthur Seyss-Inquart, Albert Speer, Julius Streicher,(21 hauts dignitaires nazis et non 20 comme le mentionne Kessel)
- La troisième concerne le procès Eichmann à Jérusalem en 1961 -12 avril- 16 août-.

Dans cet ouvrage, il ne s'agit pas d'une reconstitution exhaustive de ces trois évènements majeurs.
Pour les deux premiers procès, les comptes-rendus d'audiences, sont autant de chroniques quotidiennes, permettant au lecteur de saisir, comme s'il était présent, les moments forts de ces journées historiques, de ressentir le poids de chaque témoignage, de capter, par de menus détails tels que les attitudes, le regard, un geste de la main, un rictus, un faciès impassible , marmoréen , ou qui s'empourpre brusquement par la peur, la colère, l'émotion, la cassure d'une voix , une coulée de sueur… , l'état physique et mental de chaque protagoniste , de se plonger dans l'ambiance houleuse et dramatique du prétoire surchauffé...

Pour le troisième procès, le reportage change de ton, devient plus personnel, prend souvent la forme d'une longue narration plus intimiste, plus émouvante, plus d'affect, notamment, quand Kessel, le juif résistant est confronté à la narration de la rafle général des juifs à Monaco , il se souvient avoir sauvé une famille amie en la conduisant dans un asile sûr, il avait porté le bambin et avait senti contre sa poitrine « ce coeur minuscule qui battait, affolé comme un oiseau à l'agonie » . A l'évocation de cet épisode, tous ses souvenirs dramatiques ont afflué et il ressentit « toutes les terreurs, toutes les larmes, toutes les clameurs, tous les silences désespérés, tous les tourments dont Eichmann avait été l'ouvrier (…) »
La longue mais très intéressante préface de Francis Lacassin déroule fort judicieusement ce qui déclencha la seconde guerre mondiale et rappelle le contexte dans lequel se déroulèrent ces procès qui « ont pour même racine le funeste traité de Versailles de 1919 ».
Outre l'intérêt historique de ces reportages, on y retrouve la plume talentueuse et aventureuse de Kessel , la même qui rythma le Chant des Partisans, celle qui féconda ses romans , et cela rend cette lecture particulièrement prégnante.

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