La piste fauve

Je ne savais pas où j'allais en commençant ce livre. Kessel, c'était le Lion, un livre qui avait planté en moi cette graine du "il faudra revenir vers cet auteur". Mais cela fait 10 ans, ou même plus, et je n'étais toujours pas revenu vers Kessel. Un autre trou béant de mon ignorance. Cette piste fauve m'a ramené dans la savane, mais aussi dans une Afrique verte et giboyeuse. Un voyage dans l'espace et dans le temps. Un vrai livre de voyage(s). de Nairobi, aux bords du lac Victoria, passant par l'Urundi, le Congo belge, retraversant le Kenya et terminant à Zanzibar. C'est l'Afrique de l'Est qui s'offre à nous dans les mots de Kessel. La faune, la flore bien sûr, mais aussi les différents peuples de ces régions. Mais voilà, c'est bien sûr ici aussi l'Afrique au travers des yeux du blanc, qui décrit les Masai, les Kikuyus et tant d'autres mais qui ne les rencontre pas vraiment. Des rencontres il y en a pourtant de nombreuses, de très nombreuses mais toutes avec des blancs, colonisateurs, "civilisateurs". Difficile qu'il en soit autrement, et c'est bien entendu très très instructif, plutôt nuancé. Que de figures d'aventuriers, d'explorateurs, d'exploitants. Des femmes très souvent dans un second rôle. Des clichés instructifs, par tous ces témoignages peut-être un peu romancés, de la colonisation du début du 20eme siècle jusqu'au milieu des années 50. Une exploitation qui n'a pas été que les fait des Européens blancs d'ailleurs. Des personnages hauts en couleurs. Pas de doute, un vrai livre de voyages et de rencontres. Livre qui a ravivé mes envies d'un jour mettre le pied sur cette terre, même si celle que Kessel a foulé est loin, très loin, de celle d'aujourd'hui. C'est aussi un témoignage d'un autre temps, où se dessine en filigrane des conflits à venir. Une très riche lecture mais qui m'a laissé par endroit un peu mal à l'aise de par ce regard porté sur l'Afrique orientale. A lire avec recul.