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Critique de florencem


Une amie m'a offert ce roman il y a quelques mois déjà. Elle l'avait beaucoup aimé et j'étais assez curieuse de découvrir ce héros un peu hors du commun. Si vous n'êtes pas tellement fan de la science-fiction, ne vous arrêtez surtout pas à cette catégorisation. Bien que le sujet traité soit en effet classable dans ce genre, c'est plus une quête de soi-même, un apprentissage douloureux, un moment de réflexion.

Charlie, notre héros, est un jeune homme de trente-deux ans qui a une déficience mentale. Il a un QI très bas et a toujours le comportement d'un jeune enfant. Pourtant, dès les premiers comptes rendus qu'il nous livre, on a l'impression que le jeune homme est heureux. Il a un travail, des amis, il se sent aimé et poursuit son petit bonhomme de chemin. Mais Charlie voudrait un peu plus. Il voudrait devenir intelligent, et grâce à deux savants fous, son voeu va être exaucé. Un nouveau voyage commence alors.

Le roman est une sorte de carnet de route de ce voyage. On découvre Charlie juste avant son opération et on se rend compte très rapidement de ses difficultés. Il n'est pas intelligent comme il le dit, sait à peine lire et écrire, et pourtant le jeune homme a une vie. Il est attachant et naïf. Un petit garçon dans le corps d'un grand. Et puis, les changements commencent à opérer. Très lentement d'abord. Nous le voyons par rapport à sa façon d'écrire, puis à travers des sentiments qu'il découvre comme la colère, et enfin par la prise de conscience de son monde. C'est douloureux, triste et révoltant. L'enfant se rend compte qu'on se moquait de lui quotidiennement à ses dépends, que sa mère à moitié folle avait tout fait pour le changer sans jamais l'accepter, qu'il était une bête curieuse qu'on pouvait facilement utiliser. le choc est terrible puis avec l'intelligence, Charlie prend du recul et nous permet de voir tout cela sous un angle plus détaché, mais le mal est fait et le petit Charlie reste un fantôme, une ombre qui perdure durant tout le récit.

Lorsque notre héros parvient à un pallier où son QI dépasse celui de tous les autres, une autre épreuve se profile. On dit souvent que les hommes et les femmes intelligents sont dénués d'amour, de tendresse, de regard bienveillant sur leurs semblables. Et Charlie expérimente cela. Je n'ai pas trouvé que notre héros était arrogant pourtant. Il ne se rend pas compte de son changement d'attitude et il a toujours une soif de savoir qui le tenaille. Pour lui, il est inconcevable que les autres soient moins intelligents que lui, et je dirais que pire encore, les deux savants fous n'ont absolument pas pris la peine d'apprendre à Charlie d'être, tout simplement. L'intelligence ne fait pas tout. Nemur et Strauss, les deux scientifiques, en plus de jouer à Dieu, n'ont pas pensé une seule seconde le choc émotionnel, ni les besoins de Charlie. Imaginez-vous passer de l'âge de 6 ans à celui de 30 ans en une journée. de quoi détruire une personne.

L'éthique a ici une grande place, même si elle est très peu traitée en fin de compte. le progrès scientifique avant tout, le bien commun contre quelques sacrifices, ce besoin de jouer à Dieu sans réfléchir à ses actes ou ses conséquences. J'ai une formation scientifique, si bien que beaucoup de choses m'ont parlées, mais j'étais gênée par ce manque d'empathie, le fait de concevoir Charlie comme un objet, une chose, une expérience. L'arrogance de Nemur est celle que j'ai eu le plus de mal à digérer. Burt, au contraire, un étudiant en dernière année, a lui eu ce côté plus sympathique, plus ancré dans la réalité, dans les émotions.

Un petit mot aussi sur Algernon, notre mignonne petite souris. Elle n'est pas trop présente mais j'ai beaucoup aimé sa présence. Elle était un peu le rayon de soleil de ce voyage douloureux. le fil conducteur aussi. Elle est l'énonciatrice d'un événement inévitable pour moi.

La fin est à l'image du roman, difficile. J'ai refermé le livre avec une sensation d'oppression et un peu de révolte. Même s'il y a ce parfum doux amer et que l'auteur a trouvé la juste fin pour son héros, j'avais gardé espoir. Un très joli conte, dirai-je, même s'il n'en a pas réellement la forme.
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