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Critique de Egatrap


Khalil signifie « ami intime, confident, le préféré ou encore le bien-aimé ».

Tout de suite, on y est.
L'incipit nous place dans la tête du narrateur de ce récit, à bord d'un véhicule aux côtés de trois autres kamikazes belges, en route pour le stade de France.

En route pour l'horreur ! Les séquelles post-traumatiques du 13 novembre 2015 sont encore bien présentes dans tous les esprits.
Allah nous accompagne : « il avait suffi d'un soupçon d'éveil pour déloger le Malin qui squattait mon esprit ».
Yasmina Khadra nous invite donc dans le monde des addictions. Ici, la religion sera l'opium de cette jeunesse.
Tous les effets de la drogue sont là : action sur le psychisme des individus, amollissement sédatif et analgésique de leur raison. Mais …
Mektoub !
Oui le destin veille, nous rendant ainsi témoin de la narration pour comprendre qu'est-ce qui peut bien pousser des jeunes gens à choisir ce chemin de la lutte armée … jusqu'au son propre meurtre ?

Khalii va donc tout nous dire sur sa dépendance.
Il a poussé comme une herbe folle sans éducation (« la morale n'était pas le rayon de mon père) sans un amour maternel tel celui reçu par son ami d'enfance Rayan.
A l'adolescence, il se sent complètement à la marge, rejeté « j'étais la lie de l'humanité ».
Ainsi sont nées ses frustrations et l'envie de montrer à cette société que la marge fait aussi partie du cahier !

Tout comme le libéralisme fait de l'argent avec ses déchets, la mosquée l'a recyclé comme l'ordure qu'il va devenir. Intouchable rebut, l'islam lui donne une visibilité lui rendant le respect qu'on lui a confisqué jusqu'alors.
Peu à peu, les imams et autres émirs recruteurs ainsi que les frères (la Fraternité du rebut) vont s'appuyer sur cette insatisfaction existentielle pour y développer une dimension paranoïaque, lui permettant de trouver, par un harcèlement présentiel permanent, une spiritualité qui le rassure et donne du sens à sa vie. Une simple technique d'isolement du reste de la société pour se regrouper au sein d'une fraternité uniquement guidée par une foi prosélyte dans le changement radical de cette société libérale du rejet.

Mener des actions violentes devient alors le seul moyen pour instaurer un climat de peur, de panique qui doit permettre de rapidement modifier la conscience des populations. Ce qui n'est en fait qu'une altération en profondeur du système.
Khalil, convaincu (en deux mots, imbécile!) finit par adhérer à ce dogme. Conviction délirante, psychotique, mégalomaniaque.

Mais voilà. Nouveau rejet, la Mort n'a pas voulu de lui.
Jusqu'au bout, Yasmina Khadra nous suspend à la dimension d'une possible rédemption, nous rendant, de ce fait, son personnage un peu plus attachant.

Un livre dur qui terrifie, qui empêche la circulation du sang dans les veines.

Cinq étoiles.


Ancelle, le 25 avril 2024

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