- Nul ne peut prévoir comment finissent les choses, Khalil, autrement nous ferions très attention à ne pas offenser les êtres qui nous sont chers.
J'aimerai te réconforter, mais tous les mots sont dérisoires devant une tombe.
-- C'est peut-être pour cette raison que le silence est de rigueur dans les cimetières. (p136)
Ce jour-là, j’aurais aimé être une goutte d’eau pour me diluer dans le remous d’un ressac, une infinitésimale éclaboussure dans le blanc de l’écume, une microscopique particule d’embrun sur le bec d’une mouette. J’aurais aimé disparaître sur-le-champ comme ça, d’un claquement de doigts. Je n’avais pas peur de ne plus voir de couchers de soleil, puisque j’en cueillerais par paniers entiers dans les vergers du Seigneur. Je n’avais pas à craindre de peiner des êtres qui m’étaient chers puisqu’ils finiraient tous par ma rejoindre dans les prairies éternelles. Quand le moment de vérité arrive, le bien et le mal s’annulent. Ne reste que ce qu’il faudra accomplir les yeux fermés. On ne se pose plus de questions. La seule et unique réponse qui s’impose est : « je suis prêt ! » P 193
Je n’en voulais à personne. L’existence est ainsi faite; il y a des gens aisés et des gens lésés, des gens à qui tout réussit et des canards boiteux.
(Julliard, p. 226)
Les terroristes et les racistes sont des frères siamois . Si les premiers sont entrés en action, les seconds n'attendent que l'heure pour passer à l'acte.
-Ça fait quoi quand on redouble ? avais-je demandé à Driss.
-Ça fait mal aux parents.
J'étais déjà ailleurs, inexpugnable dans ma tour flottante ; j'étais là où pas une illusion d'optique ne pouvait flouter mes repères de musulman. J'avais développé un rapport cosmique aux êtres et aux choses. Était-ce l'apprivoisement de la mort qui nuançait mes sens et refaçonnait mes facultés ,
Paris ,Ville lumière
Qu 'un seul ses lampadaires s ' éteigne , et le monde entier
se retrouve dans le noir .
Le doute est essentiel, attestait l'iman Sadek. C'est le combat titanesque que se livrent l'ange et le démon qui sont en nous, l'épreuve de force par excellence, celle qui nous met au pied du mur. Sauf que c'est à nous d'opter pour l'ange ou le démon. La foi est l'accomplissement de nos plus intimes convictions. C'est à son issue que nous débouchons sur notre véritable vocation : appartenir à Dieu ou bien lui tourner le dos pour faire face à la damnation.
− Comment ces pseudo-imams arrivent-ils à convaincre de jeunes hommes à renoncer à leurs rêves, à leurs joies, à leurs femmes et enfants ? Je ne crois pas que les prêches suffisent. Les types que l'on voit sur les vidéos de surveillance quelques instants avant les attentats n'ont pas l'air drogués ou inquiets. Au contraire, ils semblent déterminés. D'où détiennent-ils une aussi inébranlable assurance ? Ont-ils vu quelque chose ? Leurs gourous leur ont-ils fait entrevoir une révélation, l'apparition d'un ange ou les portes du Ciel ? Sinon, comment expliquer cette béatitude qu'ils manifestent avant de se faire sauter ?