En prison, il y a deux sortes de temps, qui suscitent des sentiments contraires : le temps présent, lent et pesant ; le temps passé, les jours, les mois, les années en prison... un temps rapide, impalpable. Soudain tu te rends compte, tu te dis : Quoi ? Ça fait cinq ans que je suis là, sept ans, dix ans ! Je n'ai pas senti passer tout ce temps. Dieu, comment toutes ces années ont-elles pu filer comme un éclair ?
Tu réfléchis, tu comprends que c'est parce que, pris dans cette foule de détails quotidiens, tu as rarement le temps de compter les jours et les ans. Et puis c'est comme les coups de fouet : si tu commences à compter, tu es sûr de flancher. Si tu te mets à graver des séries de bâtons dans le mur pour noter les jours, tu flanches ou tu perds la raison. (p.165)
Je suis retourné à ma place et me suis remis dans ma coquille. J'ai essuyé mes larmes à la surface, en les laissant couler à l'intérieur.