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Arrêté à son retour en Syrie, après avoir passé 6 ans en France, le narrateur est accusé d'être Frère Musulman, mouvement religieux et politique interdit pendant le règne de Hafez al-Assad (père de...). Sauf que le narrateur est grec-chrétien... suivront 13 ans d'emprisonnement et de torture. Puis une libération presque aussi arbitraire que son emprisonnement.
Pourquoi la Coquille ? Parce que tant pendant sa détention (il est le seul chrétien et en plus athée de sa cellule) personne ne lui adresse la parole ; il est néanmoins protégé par un groupe de détenus soufis, qui sont très respectés. Puis après la détention : à qui en parler ?
En lisant ce récit, j'ai beaucoup pensé aux camps de concentration hitlériens. Torture, mort, humiliations... mais aussi une certaine solidarité (pas toujours évidente à voir), petits actes de résistance pour rester en vie, pour essayer de rester humain. Mais surtout à la sortie: il ne peut pas parler, partager son expérience et avec qui ? Qui est capable de l'écouter et de se représenter son expérience, si ce ne sont d'autres anciens détenus ? Qui eux aussi se referment dans une bulle, ou émigrent ou se suicident ?
J'ai aussi pensé à Etre sans destin de Imre Kertesz : malgré les descriptions vraiment atroces, il est presque impossible pour le lecteur de passer cette sensation d'étrangeté face à l'horreur subie de passer de l'autre côté du miroir. D'autant que le récit est sans affect, avec tout juste une légère ironie. Assez peu de colère ou d'accusation. Ce qui ressort, c'est l'absurdité.
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(23/12/2015)

Moustafa Khalifé est un militant syrien des droits de l'homme. D'origine chrétienne, athée, il fut cueilli à l'aéroport à son retour de France, où il était partir faire ses études, et fut incarcéré dans la tristement célèbre prison de Palmyre, pour un "motif" absurde qu'il ne connut que 12 ans plus tard, à sa libération.

C'est le témoignage de ces 12 années infernales qu'il nous livre dans "la coquille". Entassement de plusieurs dizaines de personne dans une même cellule. Coups de fouet en allant chercher la soupe. Coups de fouets en allant à la douche, coups de fouets en en sortant. Une centaine de coups de fouets au hasard, lorsqu'un gardien décide de "pointer" un prisonnier de la cellule. Une centaine de coups de fouets lorsque le directeur de la prison décide d'appliquer une punition collective aux prisonniers. Famine organisée. Coups de fouets et sévices lors de la "promenade", prisonnier obligé d'en abuser d'un autre. Hommes paralysés, ou aveuglés par les coups de fouets. Humiliations diverses, crachats dans la nourriture, insultes. Exécutions.

Les prisonniers. Pour l'essentiel, des militants islamistes, très éduqués (beaucoup de médecins spécialisés, des ingénieurs, des avocats) et issus de milieux aisés pour la plupart. Une frange de jeunes radicaux. Parce qu'il a dit être athée, Moustafa Khalifé fut longtemps considéré comme un espion du régime, et méprisé pour cela. Il s'enferma alors dans une "coquille", où il observait le monde en ne parlant à personne. Heureusement, il put compter sur l'humanité des leaders de ces groupes, qui décidèrent de le soutenir et de le protéger contre ceux qui voulaient s'en prendre à lui, et allèrent, eux ainsi que leurs militants, jusqu'à s'opposer par la force à un leader radical récemment arrêté et qui avait décidé de s'en prendre à lui.

Ainsi, en décrivant ses codétenus, Moustafa Khalifé esquisse un début de description intéressant et nuancé des mouvements d'opposition en Syrie : des "communistes", militants de gauche, laïcs, d'une part, et d'autres part, des islamistes, parmi lesquels des cadres et des militants très éduqués et aussi humains, mais aussi des radicaux ultra-violents. Comme il l'explique, il y'a les radicaux, qui prônent l'usage d'une violence extrême et indiscriminée, mais aussi les politiques, les pacifiques, les membres de cercles soufis (le soufisme est la tradition spirituelle de l'Islam appartenant à l'Islam sunnite classique, "orthodoxe").
Les radicaux semblent surtout être des jeunes issus, contrairement aux autres islamistes, de milieux moins favorisés, et qui, en l'absence de leader manipulant leurs sentiments d'injustice et en profitant pour prôner la violence, sont capables d'avoir un comportement "normal", humain : "la plupart des radicaux sont jeunes et au fond plutôt bons et candides, tant que ne surgit pas un Abou al Qa'qa ou un Abou Qatada !" (p.204).
Des observations à prendre en compte si l'on s'intéresse à la dramatique question de l'émergence et de la gestion de groupes radicaux dans ces pays soumis à un régime tyrannique et oppresseur, coupables de traitements aussi cruels que ceux décrits dans ce témoignage. S'il y'a bien une situation où il ne fait pas de doute que l'extrémisme est lié à un vécu réel de violence et d'injustice, c'est bien celle de ces pays soumis à des régimes despotiques. Tout en sachant que la plupart de ceux qui rentrent dans l'opposition ne tombent pas dans le radicalisme.

Une description intéressante est également donnée de ces terribles gardiens, coupables de si cruels sévices : ils sont recrutés parmi les prisonniers de droit commun. Sans aucune perspective autre que celle de la torture qu'on les force, au début, à perpétrer, ils s'enlisent peu à peu dans une impasse de cruauté dont ils ne voient plus comment sortir, et c'est ainsi qu'ils se transforment en ces bourreaux commettant avec "joie" les mêmes sévices qui les faisaient vomir au début. C'est le même processus pour ceux des bourreaux qui ont été recrutés parmi les jeunes faisant leur service militaire.

La solidarité et le courage. Un groupe de jeunes se porte systématiquement volontaire pour recevoir les coups de fouets à la place des autres. La nourriture est partagée équitablement. Lorsqu'un prisonnier reçoit des vivres de sa famille, tout est réparti équitablement entre l'ensemble des prisonniers (y compris le narrateur). de l'argent est réunir pour corrompre les gardiens, le directeur, et acheter des médicaments, soigner les maladies. Les noms des prisonniers exécutes sont retenus et mémorisés par coeur.

Pourquoi ces gens sont-ils en prison . Beaucoup, bien sûr, parce qu'ils s'opposent au régime, y compris lorsque leur engagement était pacifique. D'autres, parce qu'il fallait bien arrêter des gens, et qu'ils ont un jour été ramassés arbitrairement alors qu'ils vaquaient à leur occupation. D'autres parce qu'ils priaient et faisaient le Ramadan. D'autres parce qu'ils avaient un lien de parenté avec un syrien décrit comme radical. D'autres parce qu'ils se sont moqués du président.

Voici ce qu'est la dictature. Peut-on continuer à soutenir ce genre de régimes, et à faire nôtres les prétextes invoqués par les despotes pour justifier les répressions, juste parce qu'ils s'accordent tristement avec nos préjugés ? Combien faudra-t-il de récits, de témoignages, de chiffres, pour ouvrir les yeux ? Ces régimes sont à l'origine du chaos actuel. On prédisait leur "adoucissement", on en vantait les "bienfaits", on justifiait la répression qu'ils menaient : ils n'ont produit que violences, haines, radicalisme, et loin de s'infléchir, se sont mis à user d'une violence encore plus grande qu'auparavant pour se maintenir. le cas syrien est un cas d'école. Espérons qu'il serve aux générations futures.
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Moustafa Khalifé, après des études cinématographiques en France, retourne dans son pays la Syrie. A peine arrivée sur le sol syrien, il est arrêté, torturé et emprisonné pendant treize ans alors qu'il est de confession chrétienne mais athée. Ce livre retrace cette période de sa vie.

Si en lisant des thrillers ou en regardant des films d'horreur, il est simple de prendre du recul en se disant que ce n'est pas que de la fiction, ici ce n'est pas possible. C'est impressionnant de voir ce que l'homme est capable de faire à ses semblables par plaisir, par idéologie. C'est aussi un témoignage de ce que peut endurer le corps, la psyché, la vie de groupe dans des cellules surpeuplées. Déshumanisation et solitude sont les maîtres mots de ce témoigne. le retour à la vie quotidienne de son pays après sa libération n'est pas comme il l'avait rêvé car il ne peut parler, expliquer à sa famille ce qu'il a vécu.

Une lecture à ne pas mettre entre les mains de tout le monde.
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Difficile de se prêter à l'exercice de la critique lorsqu'il s'agit d'un titre comme La Coquille.

Comment critiquer quoi que ce soit dans ce texte, et surtout quoi critiquer ? Parce que quand on critique, on est censé juger les éléments qui composent le livre : le style de l'auteur, sa façon de présenter son histoire, l'angle sous lequel il a choisi d'aborder le sujet, la psychologie des personnages, l'inventivité du récit, les registres utilisés… j'ai beau essayer de chercher et de lister tous les éléments sur lesquels je pourrais émettre un avis, rien ne me semble approprié.

Après avoir passé quelques années en France à étudier le cinéma, l'auteur retourne en Syrie, son pays natal. Il ne passera jamais les portes de l'aéroport de Damas car, il y a quelques années, lors d'un dîner entre amis, il a osé faire un blague sur le régime syrien. Interrogé et torturé, Moustafa Khalifé raconte dans ce livre l'horreur qu'il a vécu pendant ses 12 ans d'emprisonnement. de la description des violences physiques qu'il subit au récit de ses relations avec les autres détenus en passant par les maladies, les conditions misérables d'hygiène et inexistantes de confort, l'auteur témoigne de son quotidien pendant ces douze ans.

À partir de là, difficile d'écrire une critique parce qu'il n'y a rien à juger. Si vous avez envie de lire un livre bien trop actuel sur la réalité politique en Syrie et que votre coeur est bien accroché, si vous êtes intéressé par cette partie du monde et n'avez pas envie de lire un livre édulcoré : lisez-le. Si vous êtes sensibles et n'aimez pas assister à des scènes insoutenables, ne le lisez pas.

On pourrait user de nombreux adjectifs pour décrire ce texte : poignant, terrible, touchant -mais aucun ne serait à la hauteur et tous seraient vains car, même si ce témoignage regorge de détails sur les méthodes de torture, je crois que le pire reste encore que j'ai terminé ce livre en ayant la sensation que tout n'a pas été dit, comme si l'auteur avait épargné son lecteur ou n'avait pas su trouver tous les mots pour s'exprimer.

Ce que l'on trouve finalement entre les pages de ce livre, c'est un processus de déshumanisation et une solitude comme celles que l'on trouvait dans Si c'est un homme. C'est sans aucun doute une lecture dont on a du mal à se défaire et qu'il est impossible d'oublier.
Lien : http://ulostcontrol.com/coqu..
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Lu en arabe.

Ce livre est bouleversant, brutal mais indispensable. Peut-être trouve-t-on des difficultés à croire que cela existe ; que ça s'est vraiment passé. Mais je connais les lieux, le pays, et peut-être certains personnages. Mais ce qui prouve la vérité de ce récit pour moi, c'est que la fiction ne pourrait jamais inventer l'enfer sur terre qui se nourrit des corps, des âmes et des dignités dans mon pays d'origine.

Les bons mots pour décrire ce livre m'échappent. Je ne peux que dire : lisez-le.
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C'est du Primo Lévi en Syrie.
Le témoignage d'un ancien détenu des conditions effroyables d'emprionnement en Syrie. La déshumanisation totale des prisonniers, les exécutions, la violence. Quand on sait que c'est un SS qui a formé les services secrets syriens aux méthodes de torture , pas étonnant qu'on retrouve les horreurs de la Gestapo dans le traitement de ces prisonniers en Syrie.
Le récit est cru. ça m'est arrivé de faire de pauses tant étaient horribles les descriptions. Un témoignage historique bouleversant qui j'espère un jour aura une justice
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Après avoir lu récemment le très touchant livre témoignage écrit par Cécile Hennion sur la guerre en Syrie intitulé - le fil de nos vies brisées -, j'ai voulu mieux connaître ce pays dirigé d'une main criminelle depuis plus de 50 ans par le gang Assad.
J'ai donc fait une plongée dans les "sous-sols" syriens, là où on soustrait au monde des "vivants" tout ce qui peut ou pourrait de près ou de loin déplaire, déranger, s'opposer à cette clique sanguinaire.
C'est ainsi que j'ai fait la connaissance de Moustafa Khalifé, Syrien chrétien athée, qui a passé 13 années de sa vie dans la "prison du désert", enfer au coeur de l'enfer, après de supposés propos hostiles au Régime et en particulier au Président, propos prononcés sur le ton de la plaisanterie lors d'une soirée d'étudiants à Paris et rapportés par un espion à la solde dudit régime.
L'erreur tragique de Moustafa Khalifé, ce sera, après six ans passés en France et l'obtention d'un diplôme d'études cinématographiques, de retourner sans appréhension et le coeur serein dans son cher pays.
Dès son arrivée à l'aéroport de Damas, il est cueilli par les Services de renseignements, accusé d'appartenir aus Frères Musulmans, lui le chrétien athée et apolitique, et emmené en enfer.
Si vous avez lu des bouquins sur le bagne, le goulag, un témoignage glaçant comme celui du Marocain Ahmed Marzouki dans - Tzmamart cellule 10 -... eh bien la prison du désert, c'est tout ça et un plus dans l'horreur que vous découvrirez en lisant le récit d'un homme qui a survécu... à ce stade, les mots se révèlent si peu efficaces... à cet enfer sans "égal"... emprisonné dans "sa coquille" à l'intérieur même de la prison.
Car une des singularités de cette terrible expérience, c'est que ce chrétien athée avait autant à craindre de ses "compagnons" musulmans d'infortune , que des nervis psychopathes, sadiques et corrompus ( à l'image du Régime qui avait fait d'eux ce qu'ils étaient) qui gardaient cette prison et ces prisonniers.
Moustafa Khalifé, pour tenter de préserver sa vie s'est obligé à rester muet... pendant plus de dix ans.
Et même libéré après 13 années dont lui seul peut vous faire approcher l'impensable réalité, il ne va pas pouvoir se défaire de cette coquile.
A-t-il réussi à vivre aujourd'hui sans elle ? En tout cas, il s'est raconté et c'est déjà beaucoup...
En conclusion, ce livre écrit avant celui de Cécile Hennion, lui fait cependant écho et m'a conforté dans la certitude absolue qu'Assad et sa bande relèvent sans aucun doute et sans circonstances atténuantes du TPI et devraient avoir à répondre de crimes contre l'humanité.
A lire absolument !
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Au bout de quelques lignes on plonge dans l'enfer en entrant directement dans la vif du sujet. L'emprisonnement dans une prison qui ressemble plus à un goulag ou à un couloir de la mort perpétuel.
On a la sensation d'être en apnée constante avec des mots simples, une description brute, et un ressenti profond de ce que vit le narrateur au quotidien au côté de ses compagnons de cellule.
Les descriptions sont détaillées et font froid dans le dos. En sachant en plus qu'il a tout mémorisé dans sa tête au cours de ces 12 années afin d'écrire ce livre.

Les sentiments se bousculent : haine, pitié, tristesse, incompréhension,révolte à l'encontre de ce régime bourré de haine et d'inhumanité.
Comment peut on en arriver à traiter un être humain ainsi ? Autant prisonnier soit-il ? Comment peut on s'amuser avec l'existence de qqun au bout d'un câble ou d'un gourdin ? Comment peut on le réduire à.. rien. Car les geôliers ne ressentent rien à l'égard de ces pauvre gens. Pas une once de pitié.

Malgré tout, l'auteur arrive à une introspection parallèle et on suit avec lui une lente et douloureuse éclosion de la coquille. Qui finit, malgré lui, a se refermer définitivement sur elle même.
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Avant même d'entamer la lecture de ce récit qui relève de l'autobiographie, on croit savoir à quoi s'attendre puisqu'il décrit les conditions de détention des prisonniers dans la Syrie de Hafez El Hassad. Pourtant, la terrible description nous pétrifie. L'auteur privilégie une certaine sobriété dans la manière dont il rapporte cette terrifiante "banalité du mal" qui n'est pas sans rappeler la démarche de Primo Lévi.
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