- Il n’est pas coupable. Son sens de l’honneur ne lui…
- L’honneur ? C’est la première excuse des menteurs et des fripouilles. Tu as encore beaucoup à apprendre, mon garçon.
- Pourquoi est-elle si importante ? demanda son père.
- Lily ?
Ronce ne put s’empêcher de sourire.
- C’est une pimbêche prétentieuse et très, très égoïste. La plupart du temps, je ne peux pas la supporter.
- On dirait que tu l’aimes beaucoup, commenta Vygne, amusé.
C'est assez drôle, commenta Ronce. Un marchand d'esclaves parlant d'honneur... Comme si vous saviez ce que c'était.
- Mon cœur est si douloureux, père.
- Parce qu'il est plein, ce n'est pas une mauvaise chose, Lily.
- Tu sais qu'il n'y a pas beaucoup de chansons qui parlent d'un paysan et d'une princesse.
- K'leef, je...
- En revanche, il y en a des tas sur les princesses et les héros. Va la sauver.
- Merci.
- Ton père est un criminel. Il doit payer pour ce qu'il a fait. C'est la loi !
- La loi !
Le garçon la repoussa sans ménagement.
- La loi est une excuse fabriquée par et pour les nobles ! Vous êtes tous les mêmes, vous prenez ce que vous voulez et ne donnez jamais rien en échange !
- C'est faux ! Je prends soin de mon peuple. Tu n'as qu'une famille à charge. J'en ai des centaines !
- Et quand on essaie de s'occuper de nous-mêmes, il se passe quoi ? S'énerva Ronce. Mon père est un braconnier, d'accord, mais il essayait juste de faire en sorte que sa femme et ses enfants ne meurent pas de faim.
- Le braconnage est illégal.
- Et mourir de faim est autorisé, n'est-ce-pas ?
- Tu sais qui je suis ?
Ronce était seul, ils étaient cinq. Et puis, ils étaient grands et forts. Et armés. Pourtant, il ne put s'empêcher de rétorquer :
- Habillé comme ça ? Un bouffon, non ?
Elle pensait que son cœur avait commencé à cicatriser de la douleur d'avoir perdu les siens, mais elle se rendait compte que la plaie était toujours grande ouverte.
- Je n'irai pas travailler dans les mines et je ne deviendrai pas un esclave. Mon père disait toujours qu'il vaut mieux être libre et maigre que gros et soumis.
- La magie est un art, expliqua K'leef. Elle doit venir de ton coeur, pas de ton esprit. Elle est la passion, le désir ou la rage.
- On ne devrait pas commencer par étudier le livre des sorts? s'inquiéta Lilith.
- Non, ça prendrait trop de temps. Tu ne dois pas copier le travail ou la méthode d'un autre sorcier, mais trouver ta façon à toi de créer ta magie.
K'leef se tenait derrière elle et murmurait à son oreille.
- Tu es la représentante de la famille Ombreuse. Ton élément est l'obscurité. Tu dois t'adresser aux ombres, mais aussi aux esprits des morts, aux rêves, aux cauchemars, aux créatures de la nuit, à la Lune, aussi...