En apparence, une poésie simple et sympa qui chante l'ivresse et le Carpe diem, une irrévérence mélancolique qui invite à se réjouir et qui clame la sagesse de ne pas être sage.
Irrévérencieux au point que, d'après ce qu'
Amin Maalouf écrit dans son livre-hommage à
Omar Khayyam, après sa mort en 1131, en Perse « chaque fois qu'un poète composait un quatrain pouvant lui attirer des ennuis, il l'attribuait à Omar; des centaines de faux vinrent ainsi se mêler aux robaïyat de
Khayyam, si bien qu'il devint impossible, en l'absence du manuscrit, de discerner le vrai. »
Les Robaïat sont donc peut-être l'oeuvre de toute une bande de poètes indociles, ce qui, contrairement au narrateur du livre d'
Amin Maalouf, me réjouirait plutôt.
Les quatrains de
Khayyam (& co?) sont sans doute moins simples qu'ils n'y paraissent: ils font l'objet d'un travail considérable d'interprétation et de traduction - au moins une cinquantaine en Français -, certains soulignant par exemple l'utilisation d'un vocabulaire soufi qui donnerait aux poèmes une dimension plus spirituelle que pochtronne. Bon, l'un n'empêche pas forcément l'autre, comme
Omar Khayyam l'a dit bien avant avant
Boris Vian:
« Amoureux et buveurs, dit-on, sont voués à l'enfer.
À cette absurdité l'esprit ne peut se faire.
Si vont en enfer qui aime et qui boit,
Le paradis demain
comme la paume de la main
sera désert. »