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Citations sur L'Heure du roi (83)

"Extrait de la postface d'Elena Balzamo :
""Roman court, compact et bien agencé, d'une grande économie de moyens narratifs, il tranchait aussi bien sur les gigantesques fresques romanesques que sur la prose aquarelliste auxquelles nous avait habitués la littérature russe. On avait affaire à autre chose... un dessin ?... une gravure ? Ah, voilà : une miniature. Oui, une miniature médiévale : le même caractère clos, la même netteté de dessin, la même élégance de style. Mais également le même caractère anachronique et bigarré, la même confusion entre les époques et les pays — là-bas, des chausses et des pourpoints pour les personnages bibliques, ici, des références à des ouvrages historiographiques récents dans un récit allégorique atemporel, un mélange d'accessoires géographiques et historiques de provenances variées. Cette stylisation extrême, frôlant le maniérisme, se trouvait mise au service d'une problématique on ne peut plus actuelle et brûlante : le roman de Khazanov soulevait plusieurs thèmes qui non seulement ne pouvaient être traités dans la littérature soviétique de l'époque — ils ne pouvaient même pas être nommés.Le thème juif, d'abord. C'était un tabou absolu, pour plusieurs raisons : à cause de l'antisémitisme d'Etat, virulent quoique jamais officiellement proclamé, soutenu par l'antisémitisme populaire qui, lui, ne se gênait pas pour s'exprimer, que ce soit dans les transports publics ou dans les queues pour acheter des produits alimentaires : les « sale youpin ! »fusaient... 7A cause de l'émigration des Juifs soviétiques en Israël qui, malgré la réticence des autorités, se poursuivait pendant toutes ces années, avec les tensions qui en découlaient. À cause de la situation internationale, la guerre froide (suivie d'une détente guère plus chaude), fomentée, selon le dogme officiel, par l'alliance du sionisme et de l'impérialisme mondial, et ainsi de suite. Certes, on reconnaissait aux Juifs le « droit » à l'Holocauste, mais c'était une reconnaissance accordée du bout des lèvres, et, l'ayant évoqué, on s'empressait de changer de sujet. Bref, il était déconseillé de prononcer le mot « Juif = en U.R.S.S. et impensable de mettre une thématique juive au centre d'une œuvre littéraire. Rien que pour cette raison le roman de Khazanov n'avait aucune chance d'être publié dans son pays.Ensuite, il y avait ce thème non moins suspect de dictature, de pays occupé, de régime totalitaire, le tout traité sur un mode satirique, avec des allusions parfaitement transparentes. Certes, il y était question de la dictature allemande, de l'occupation par le Reich d'un petit pays d'Europe du Nord (un mixte du Danemark et des Pays-Bas), mais on pouvait facilement trouver des exemples d'une telle occupation bien plus près dans le temps et dans l'espace. Comment ne pas penser aux « petits pays d'Europe du Nord qu'étaient les pays Baltes, eux aussi occupés par le voisin aux dents longues — et qui le restaient toujours. Certes, le passage où la garde royale se fait massacrer par les troupes d'invasion était avant tout une évocation du fameux épisode de 1939, celui de la cavalerie polonaise chargeant les chars allemands, sabre au clair , tout comme la sortie du monarque muni d'une étoile de David reprenait une autre anecdote célèbre de la Seconde Guerre mondiale. Mais point n'était besoin d'aller chercher si loin : dans les années 1970, le souvenir de l'écrasement du Printemps de Prague était encore tout frais..."
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"L'Heure du roi", ou l'invasion nazie dans un petit pays qui vit encore à l'époque des chevaliers et des conséquences inattendues
Une barrière qui se lève, une simple formalité, et l'improbable royauté perdue à l'Est du IIIe Reich est annexée. Avec l’invasion nazie, c’est l’Histoire qui pénètre par effraction dans ce petit royaume d’Europe, « pays confit dans son histoire fantomatique de conte de fées », où Boris Khazanov, écrivain russe qui a connu les camps soviétiques, situe l’action de son Heure du roi. Pays qui vit encore à une époque chevaleresque où la garde meurt mais ne se rend pas et qu’illustre, par exemple, le sacrifice inutile des jeunes membres de la cavalerie d’élite. Résistance pathétique inspirée par un sens de l’honneur anachronique, actes irréfléchis de « gamins » qui se croient personnages de fiction.

Les nazis n’ont pas envahi un pays, ils ont soumis à leur réalité, à leur mythe, une légende ou « règne » un monarque de folklore, plus chirurgien (qui consulte en son cabinet son bon peuple malade) que roi, vieux, malade et craintif dont la seule activité « politique » est ce rituel de promenade qu’il effectue tous les dimanches à midi sonnante. Les sujets de Cédrix X viennent assister au tour de ville du roi, comme ces foules de touristes s’agglutinent à heure fixe sur le parvis des beffrois et des cathédrales d’Europe centrale pour assister au spectacle des carillons et des statuettes qui font leur petit tour, ponctuels depuis des siècles.

Le seul fait remarquable pendant les six premiers mois de l’occupation sera l’arrêt de cette promenade dominicale.

Avec beaucoup de délicatesse, dans un style où affleure parfois une très fine ironie, Khazanov va alors à travers ce royaume minuscule et son roi, dresser un portrait condensé de la « vieille Europe » et de ses souverains — et de leurs attitudes — pendant la Seconde guerre mondiale. Une Europe qu’il décrit comme un monde qui se rêve, qui face à la réalité nazie ne trouve aucune réponse dans ses vieilles légendes, ni dans ses traditions. Un roi qui plonge « non pas dans le désespoir, mais dans un état connu des malades mentaux : le sentiment d’irréalité. […] Or, incontestablement, le spectacle absurde dont le souffle naissait précisément de son invraisemblance totale, n’était pas une mystification, ni du délire, ni une fiction littéraire, mais la vraie réalité. » Voilà où a résidé le drame de la vieille Europe nous dit Khazanov, ce fut dans son incapacité à prendre conscience de la réalité du nazisme, de ne pas avoir voulu y croire. Tout y est : les petits actes de résistance, la soumission contrainte et forcée du pouvoir, le rappel à l’ordre jusqu’à la franche collaboration : en fait, l’impossibilité de se fixer une ligne claire et assumée face à un pouvoir dont la seule vérité est… le mensonge.

Il n’accable pas franchement cette vieille Europe. C’est le conte de fées confronté au mythe. Et le conte de fées n’y résiste pas : « le mystère suprême du Reich consistait en ce que tout entier, de la base jusqu’au sommet, l’ordre était imprégné de mythe. Plus exactement, il n’était lui-même qu’un mythe concrétisé, ésotérique et universel, au point d’embrasser tous les domaines de l’existence ; il offrait des réponses définitives à toutes les questions ». Que peut, en effet, le folklore face à cette force « délirante » ? Rien pourrait-on dire. Ne fallut-il pas que d’autres mythes naissants, le soviétique et l’américain, se dressent face à lui pour que le nazisme succombe. Seul le mythe peut vaincre le mythe.

Pourtant, Khazanov croit, citant Spinoza, qu’il est une autre force qui peut s’élever : « La ténacité dont l’homme fait preuve pour défendre son existence est limitée et largement inférieure à la violence des circonstances extérieures. Pourtant, le choix du pavillon qu’arbore le navire qui sombre nous revient. » Contre le mythe dévastateur, qui domine la masse, le roi va présenter sa seule conscience individuelle, sa condition de simple mortel. Un cauchemar dans lequel il verra sa mort et son arrivée au paradis, duquel on lui refuse l’entrée, est peut-être la cause de l’acte qu’il commettra à la fin du livre. Décisive peut-être aussi cette convocation de Hitler en personne qui désire soumettre à l’autorité médicale que représente le roi, son problème d’impuissance sexuelle. Il rencontrera là, non pas le Führer mais un être sans envergure, une fois dépouillé du mythe et de ses vêtements. Un simple mortel comme lui.

Cédric X va décider de monter sur scène pour prendre un rôle dans la pièce lugubre et tragique qui se jouait sans lui jusque-là. Il va commettre un acte fou – qu’il faut opposer au délire en ce sens que l’acte fou est maîtrisé est n’est fou que dans l’oubli des conséquences – du monarque (qu’on laisse le lecteur découvrir lui-même). Un acte digne d’un Don Quichotte nourrit de lectures chevaleresques comme le roi et son royaume sont nourris de traditions mortes, un acte d’espoir inspiré par la désespérance la plus profonde. Mais, que reste-t-il à un monde soudainement plongé dans le mythe dévorant et despote qui tient lieu et place de réalité ? Sinon, ce plongeon dans la fiction, dans la littérature que fait le roi se fondant ainsi avec les « caricatures qui le représentaient, grand comme Gulliver et maigre comme Don Quichotte », « un cavalier monté sur un cheval blanc dont la lignée remontait à la glorieuse Rossinante. ». Pour sortir du mythe, pour vaincre « les lois du monde concentrationnaire [et celles] […] de la soumission générale », un seul recours pour l’homme désarmé : s’emparer du pouvoir immense et ridicule de la littérature pour retarder, ne serait-ce qu’une seconde, le train de la réalité.


Philippe Menestret

http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/roman/review/1797717-l-heure-du-roi-ou-l-invasion-nazie-dans-un-petit-pays-qui-vit-encore-a-l-epoque-des-chevaliers-et-de
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Depuis l'époque de Numa Pompilius, la coutume de prévenir l'ennemi avant de l'attaquer paraissait tellement aller de soi que nul n'a jamais songé combien il serait plus simple et plus commode de s'approcher par-derrière, à pas de loup, et, sans interpeller la victime, de se jeter sur elle et de la saisir par la gorge. Une telle stratégie ne pouvait naître que dans un pays sortant de la tempête purificatrice de la révolution national-socialiste. Cependant, à l'époque où le chancelier et Führer de la nation allemande signa l'ordre d'investir le minuscule pays dont il sera question dans ce récit, ledit pays n'était plus que la huitième ou la neuvième acquisition du Reich, et la stratégie du silencieux Blitzkrieg avait déjà perdu de sa nouveauté.
Comme lors des campagnes précédentes, l'invasion se déroula sans surprise pour le commandement, en stricte conformité avec le plan. Il serait inutile de décrire l'opération tout entière ; contentons-nous de résumer les étapes de l'offensive principale. Vers cinq heures du matin, une colonne de motards apparut sur la voie menant au poste frontière. Ils roulaient en première, quatre par quatre, les mains collées au guidon, suivis d'énormes véhicules blindés tonitruants, qui avançaient en creusant des trous dans la chaussée ; derrière eux, une limousine transportait le guerrier en chef, alors que les officiers de l'état-major fermaient la marche, doucement brinquebalés dans leurs voitures. Cela surgissait du brouillard comme engendré par le néant. Le poste frontière : deux poteaux reliés par une barre transversale. A côté de la route se dressait une maisonnette en brique à un étage. Lorsque le premier quatuor, dont les casques gris-vert évoquaient des pots de chambre renversés, eut atteint le passage à niveau, le garde-frontière en costume d'opérette, debout à côté de la manivelle, n'eut aucune réaction : majestueux, une hallebarde à la main, svelte et immobile comme sur une carte postale, il fixait l'horizon d'un regard exalté et limpide. Un sous-officier dut descendre pour actionner lui-même la manivelle. La barrière colorée remonta avec un grincement mais, à mi-chemin, se coinça, et le sous-officier, éructant, jurant, secoua la poignée de la machine rouillée dans tous les sens. Un retard menaçait de compromettre le déroulement impeccable de l'opération minutée avec précision.
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Dans cet article […] les lecteurs reconnurent sans peine le style flamboyant du célèbre penseur du Reich, Ulrich Lohe — qu'on appelait la " conscience du siècle " —, à l'époque général SS et directeur adjoint du Département des Recherches Théoriques au Service Principal de Sécurité.
« Cet effondrement, continuait Ulrich Lohe, était rendu inéluctable par les dix siècles de son histoire. Les fameuses Écritures — à la fois histoire de cette nation et credo par lequel (par e biais du Tout-Puissant) elle se proclame le peuple élu —, la peignent telle qu'elle est : un peuple élu de criminels, car il s'agit là d'une suite interminable de meurtres, de fraudes et d'incestes.
N'importe quelle autre lecture alternative de la Bible l'accablerait tout autant, car même si ce peuple y avait inscrit les commandements du bien (comme l'affirment ses avocats), il a été le premier à les violer. La malédiction qui le frappe consiste, entre autres, en ce que tout parle contre lui : aussi bien les preuves d'accusation que leur réfutation. Qu'on prouve cela ou son contraire, ce peuple, ce peuple n'en reste pas moins coupable.
Coupable du crime contre l'humanité pour avoir tué son messie Jésus-Christ mais également pour avoir fondé et propagé la christianisme. Coupable aussi bien du point de vue des chrétiens que de celui des athées. Souillé par le sang de l'Homme Dieu, il porte la responsabilité de l'avoir engendré tout autant que celle de sa non-existence, si cette non-existence est un jour démontrée. En fin de compte, la malédiction qui pèse sur lui consiste précisément en ce qu'il est coupable du fait même qu'il peuple la terre.
Après sa déchéance, il s'est infiltré parmi les nations pour y semer des graines de déclin et de décomposition, entreprise qui aurait réussi si les peuples nordiques ne l'avaient déjouée à temps. Ils ont percé à jour ces étrangers, vifs, rusés, débrouillards, extraordinairement vivaces, prodigieusement prolifiques, bien que physiquement débiles, avec leur front fuyant et dégénéré, leurs yeux fureteurs, leur long nez crochu ; ces individus enclins à la schizophrénie, au diabète, aux maladies des pieds et à la syphilis. Les jeunes nations européennes ont pris des mesures : en moins de deux cents ans, entre le début du XIVe siècle et 1497, ce peuple a été chassé d'Allemagne, de France, d'Espagne et du Portugal.
Pour une seconde fois, il fut alors possible de s'en débarrasser pour toujours, mais les nations n'ont pas profité de l'occasion. Grâce à leur débrouillardise congénitale, les Juifs ont vite rattrapé le temps perdu. Avec une énergie formidable, ils se sont mis à nuire partout où ils le pouvaient, en militant pour le progrès bourgeois, pour la démocratie, tout en consolidant leur puissance financière. Ils ont mis la main sur le commerce et les crédits : avec une perfidie bien calculée, ils se sont infiltrés dans la médecine, ont instauré le monopole sur les métiers et gagné la confiance des grands par leurs conseils pernicieux. À qui, sinon aux ploutocrates juifs, faut-il demander les comptes des malheurs qui ont frappé l'Europe et les reste du monde durant ces derniers siècles ? Dans les ténèbres de leurs synagogues, ils célébraient leurs triomphes ; dans leur joie vengeresse, ils communiaient avec l'hostie préparée, comme cela a été démontré d'une façon irréfutable au XIIe siècle déjà, avec le sang des enfants innocents.
Parmi les conséquences les plus néfastes du progrès bourgeois libéral, il faut compter les droits civiques accordés aux Juifs d'abord en Amérique, ensuite en France lors de la Révolution bourgeoise que les Juifs eux-mêmes avaient inspirée. Ce qui eut pour conséquence l' "enjuivement" radical des nations en question. Progressivement, partout en Europe, les Juifs s'emparèrent des droits civiques, en sorte qu'au début de notre siècle, deux pays seulement conservaient le sain instinct de l'autodéfense : la Russie et la Roumanie, même si par ailleurs, cette dernière n'est pas irréprochable…
Le résultat de tout cela fut une "assimilation apparente " des Juifs. La capacité de se faire passer pour des gens ordinaires figure parmi les traits les plus dangereux du mimétisme judaïque. Cependant, la "substance" du peuple juif n'a pas changé. Ni dissoute ni modifiée, elle a conservé intacte sa force funeste, comme le montre l'exemple de la pseudo-révolution bolchevique dont les chefs principaux étaient, comme on le sait, tous des Juifs.
Aujourd'hui, les nations ont de nouveau une chance d'accomplir leur tâche historique et de secouer le joug juif. Les modalités de cette tâche ont pu être définies avec précision grâce aux découvertes de la génétique. La grande révolution national-socialiste de février a indiqué le chemin à suivre. La conscience révolutionnaire des nations, l'humanité progressiste tout entière ne peuvent plus supporter la domination du capital ploutocratique juif, ni le complot international sioniste. "Prolétaires de tous les pays, réunissez-vous pour la lutte contre la juiverie." Les peuples demandent d'en finir avec l'ennemi juré du genre humain, le sionisme mondial. Les peuples demandent d'en finir avec l'oppression. "Samuel, va-t-en !" disent-ils avec fermeté. "Rebecca, fais tes valises !" »

Chapitre 15.
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Le chef d'entreprise se présenta devant lui en tricot de corps bleu ciel et chaussettes de soie ; sur un signe du médecin qui voulait procéder à un examen général, il souleva le tricot d'un geste pudique et soumis, pour découvrir une poitrine flasque embellie d'un dessin représentant un long poignard à manque recourbé et de l'inscription " Mort aux Juifs ", tatouée, bien entendu, dans la langue maternelle du propriétaire. Le tatouage confirmait l'hypothèse sur les origines démocratiques du chef d'entreprise. Sur l'avant-bras gauche on découvrait un cercueil et un cœur transpercé, surmontés d'une seconde devise : " Es gibt kein Glück im Leben. " (Il n'y a pas de bonheur dans la vie.)
Légèrement embarrassé, le malade murmura quelque chose sur les égarements de la jeunesse…

Chapitre 14.
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« Boum ! Boum ! Boum ! »
La cloche de la tour sonna douze fois ; le mécanisme de l'énorme horloge se mit en branle et, d'une voix nasillarde et enrouée, entama l'hymne national : " Seigneur, sauvez notre roi, nous-mêmes et nos champs ! "
Et nos maisons ! Et nos parterres de fleurs autour des petites fontaines ! Et nos comptes en banque ! Et la brume de nos mers ! Et nos ministres chauves ! Et nos…

Chapitre 9.
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Il apprit que le Commissariat impérial avait affiché en ville l'ordre enjoignent à une certaine catégorie de la population de se présenter à la Kommandantur locale afin de se faire enregistrer : par la suite, il leur incombait de porter un signe distinctif sur la poitrine.
Cette mesure ne devait étonner personne, de même que nul ne pouvait se méprendre sur ses suites : sur tous les territoires contrôlés par le Reich, le programme visant à définitivement protéger les nations européennes du contact avec un élément incompatible et dangereux avait été, depuis quelque temps, mis en application.

Chapitre 16.
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Le cercueil défila, en majesté ; des centaines de regards suivaient les dentelles du brocart glacé, la visière noire et vernie, au-dessus d'un gros nez en pied de marmite et de moustaches qui semblaient pousser dans les narines. Les moustaches étaient teintes. Cédric reconnut le personnage.

Chapitre 12.
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Le secret faisait partie de l'ordre. À l'instar de ceux qui n'ont qu'une notion extrêmement vague du fonctionnement d'un appareil téléphonique ou d'un fer à repasser, pour qui le fonctionnement de leur propre corps demeure à jamais un mystère, la majorité de la population du Reich n'avait pas la moindre idée de ce qui se passait dans le pays. Tout y était considéré comme secret d'État, enveloppé d'un mystère jalousement préservé, de la politique étrangère aux catastrophes naturelles en passant par le taux des divorces. Personne ne savait rien, personne n'avait le droit de savoir ; il convenait de se méfier de chacun, car nul n'échappait à la suspicion — et la population vivait dans la certitude d'être entourée d'une foule d'ennemis, extérieurs et intérieurs.

Chapitre 8.
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L'absurde possède une capacité à s'intégrer à la réalité, à y acquérir une sorte de légitimité, de la même façon que, dans la cervelle d'un fou, le délire et les fantasmagories cohabitent avec un reste de bon sens suffisant pour lui permettre de vivre parmi les gens sains d'esprit.

Chapitre 13.
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