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Critique de gege1968


Boris Khazanov nous offre avec L'Heure du roi un court roman philosophique, parfaitement construit, où affleure une ironie souvent légère, mais qui se fait parfois plus grave. Son style est d'une grande limpidité et son écriture est élégante et désuète à l'image du royaume imaginaire qu'il décrit, aux moeurs anachroniques. Ce pays improbable est brusquement arraché à ses traditions surannées et à son mode de vie paisible par la faute de l'invasion nazie, aussi brutale que prévisible. Les nouveaux maîtres imposent leurs lois d'airain, pillant sans vergogne les principales ressources du pays vaincu. Une fois la stupeur passée, et après quelques actes de bravoure sans résultat mais férocement réprimés, les habitants du petit royaume et leur souverain se résignent à leur sort, pliant sous le joug sans jamais céder. Mais sous ses airs débonnaires, le vieux roi Cédric, aimé et respecté par ses sujets, autant qu'il les aime lui-même, va alors commettre un acte insensé, en flagrante contradiction avec son habituelle prudence…
La force de ce livre réside d'abord dans la description de l'incompatibilité absolue entre vainqueurs et vaincus. On en trouve un exemple savoureux dans le dialogue entre le conservateur de la bibliothèque royale et un officier nazi. Dans le magnifique chapitre 8, l'auteur déconstruit l'essence mythique du régime nazi qui ne peut prospérer que sur la peur et le mensonge. Mais son propos ne se limite évidemment pas à cela, comme l'illustrent les citations en exergue, celle de Camus notamment. La responsabilité collective est un leurre, seule existe la responsabilité individuelle. « le cours des événements, pas plus que la trajectoire des astres, ne dépend de personne, bien sûr. Sommes-nous pour autant impuissants devant cet ultimatum perpétuel ? L'impuissance nous décharge de notre responsabilité, mais envers qui ? Envers les autres, mais nullement envers nous-mêmes. » Faut-il respecter les lois ? Oui, sauf lorsque notre conscience morale nous impose de résister à des lois inhumaines, et même si les actes accomplis à cette occasion semblent dérisoires ou ridicules.
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