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Critique de madamelafee


Le seul vestige de la grande maison existant est le cimetière de Berachah situé sur la propriété de l'université d'Arlington au Texas. Au début du XXème siècle le pasteur James T Upchurch et sa femme Margaret Mae ont ouvert ce foyer pour redonner aux filles déchues ce que lui et d'autres réformateurs considéraient à l'époque comme des vies honorables. Lors d'une promenade dans le parc, Cate Sutton fraîchement engagée comme bibliothécaire de l'université découvre un petit cimetière avec des pierres commémoratives dissimulées ici et là. Sur un panneau il est écrit « site du domaine de Berachah ». Intriguée par tous les noms inscrits sur les plaques Cate veut en savoir un peu plus sur l'histoire de cet endroit. Laurel Medina se présente à elle comme étant une étudiante de 1ère année. Très vite elles vont se lier d'amitié. Cate l'engage pour l'assister dans ses recherches. Elles tombent sur de vieilles paperasses et fouillent dans des cartons oubliés où sont enfouis de vieux trésors, des photos jaunies avec des visages d'adolescentes mélancoliques. Des tas de questions concernant ces vies brisées et enterrées les tiennent éveillées. Progressivement Cate va retracer la vie de Mattie et celle de Lizzie de manière à nous faire revivre leur histoire. L'époque où elles vécurent n'était pas rose, c'était une dangereuse arène où elles devaient affronter la dureté de leur condition. Elles ont été abusées, blessées et profondément meurtries, abandonnées par leur propre famille. Elles se sont réfugiées dans ce foyer où tout était fait pour les préserver des tentations, des addictions et des périls effrayants de l'extérieur qu'elles avaient connus jusque- là. Asservies, dirigées tout au long de leur enfance, elles ont trouvé auprès d'autres filles comme elles de douces et grandes consolations. Ce qu'elles ont enduré, aucun homme ne l'aurait supporté. Ces jeunes femmes forcent l'admiration par leur ténacité. Rien n'est mièvre dans ce roman douloureux rempli de tendresse, de courage et de sororité où quatre vies se révèlent peu à peu. Les pages les plus belles par leur densité âpre sont celles où Julie Kibler montre la détresse sentimentale et sensuelle de ses héroïnes. Nées de la conjonction de l'église, de l'état et du sexe, elles ont remporté de petites/grandes victoires par leur détermination. Cate y reconnaîtra même en des temps plus égalitaires de lointaines connivences qui vont faire écho à sa propre vie. Merci aux éditions Belfond et à Carine Verschaeve pour l'envoi de ce très bon roman qui ne se lâche pas facilement.
Parution aux Editions Belfond le 18 février 2021
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