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Citations sur Une déflagration d'amour (12)

Le premier petit déjeuner est épique. On a bien sûr préparé du riz : on n’allait pas accueillir Chandara avec des corn-flakes. Du coup, tout le monde en mange : surtout ne pas la marginaliser. C’est alors qu’elle se dresse sur son tabouret, pointe du doigt Matis et lui balance une avoinée de « Shoubigddoubidou… !!!! ». Matis a laissé tomber plein de grains autour de son assiette et Chandara est furieuse. On ne joue pas avec la nourriture. Eclat de rire général.
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Il devient de plus en plus urgent de définir la ligne pédagogique de Happy Chandara. […]. Nous dispenserons des cours de français, d’anglais, d’informatique et des cours d’ouverture sur le monde. Nous leur apprendrons à lire, écrire, compter mais aussi à débattre, réfléchir, critiquer, s’indigner, construire. Nous enseignerons la tolérance, le partage, la générosité, valeurs sans lesquelles ces futures femmes diplômées ne sauraient être vraiment utiles à leur pays. Nous les encouragerons sans jamais les brusquer, redoublant d’efforts avec les moins compétentes, n’en laissant aucune sur le bord du chemin.
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Je parle à Chandara (une petite cambodgienne de 3 ans), je ne cesse de m’adresser doucement à elle, et je sens qu’elle m’écoute, analyse mes intentions, se demandant sans doute quelle est cette voix aux sonorités étranges, et cette femme à la peau claire qui lui porte autant d’attention. J’ouvre alors un paquet de Dragibus et dépose deux billes de couleur devant elle. Aussitôt, sa petite main attrape avec une vivacité folle les bonbons et elle les avale, les yeux baissés. J’en dépose un nouveau, même manège. Je ne peux éviter la comparaison de sa main si menue et si rapide avec celle d’un petit singe qui volerait une cacahuète. Je recommence le jeu en feignant de lui donner le bonbon puis je le reprends. Et tout à coup c’est gagner, elle me regarde. Je le lui tends et elle me dévisage avec intensité et gravité. Cet échange de regards ― ses yeux noirs qui me disent sa curiosité, les miens qui lui disent ma bienveillance ― scelle la promesse que je ne pourrai plus ne pas tenir. Je vais la sortir de là car elle vient de me donner sa confiance. Je ne sais pas encore comment, mais je ne la trahirai pas.
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Vient l’heure de partir, le moment que j’attendais pour offrir la poupée. Echange maman potentielle contre petite sœur artificielle… Je la lui tends, elle regarde le tissu moiré, hésite, puis finalement l’attrape par l’une des jambes de chiffon. La poupée est si grande, ou plutôt Chandara est si petite, que la tête traine par terre. Je l’embrasse près de l’oreille, prétexte pour lui glisser : « Je te le jure, je ne vais pas te laisser ici. Une promesse que je me fais surtout à moi-même, et que je ne supporterais pas de trahir.
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Même s’il ne sera jamais question de payer le moindre dollar, notre situation sociale nous donne-t-elle le droit de nous approprier – malgré les plus belles intentions du monde – un être qui n’est pas le nôtre ?Pour moi, oui, si l’on entend par le terme « s’approprier », « avoir l’entière responsabilité de », et tant mieux. N’en déplaise aux anti-adoption qui vous expliquent que vous allez couper un enfant de sa culture pour lui imposer la vôtre, sale néocolonialiste que vous êtes. Et qu’importe pour eux si cet enfant grandit dans un bidonville où les proxénètes n’auront aucun état d’âme à le mettre sur le trottoir.
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Ma mère, encore pleine d’esprit et de cœur à bientôt quatre-vingts ans, a ce don fascinant d’inverser la hiérarchie des choses dès qu’on aborde un sujet grave. Je lui annoncerais pour demain matin l’extinction de l’humanité qu’elle me demanderait ce que j’ai préparé pour le dîner.
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Même si l’adoption est fermée avec la France, tout à coup pour moi rien n’est perdu. J’ai, depuis toujours, un caractère qui n’admet pas l’impossible. Une confiance extrême en moi ou en la vie, le sentiment d’être protégée par une force supérieure, je n’en sais rien, mais le fait est qu’il me suffit de vouloir puis d’imaginer quelque chose pour que cela se réalise. Généralement, le résultat n’est pas immédiat : mon subconscient enregistre la feuille de route et, quelques années plus tard, je me rends compte qu’il m’a guidée à destination.
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C’est l’histoire d’un peuple qui a disjoncté, puis feint de se réconcilier, les ex-bourreaux vivant aujourd’hui dans les mêmes villages que les survivants. Un pays qui broie le noir de son passé derrière un sourire de façade, un peuple complexe que j’apprendrai peu à peu à découvrir, sans jamais vraiment le connaître.
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On ne peut qu’être sur nos gardes, car on a lu trop d’articles sur le trafic de l’adoption. On sait aussi que le pire se drape parfois des meilleures intentions, et on est forcément tendu quand on visite un lieu où se joue le destin d’enfants que personne sur cette terre ne chérit, que personne ne borde le soir dans son lit.
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Comme partout dans le monde, les veuves l’emportent sur les veufs, femmes errantes que l’on reconnaît à leur crâne tondu, toujours gracieuses dans leur sarong, et qui souvent vous gratifient d’un sourire édenté.
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