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Critique de LoupAlunettes


Encore une belle surprise chromatique signée Stéphane Kiehl.
Nous restions à ce nom encore dans l'enchantement de "Blanc" et de "Noir", où sous couvert d'une belle rencontre entre un humain et d'un animal à suivre, les éléments se déchainaient tout autour.
Un foyer de tendresse à chaque fois, ceinturée par la rudesse du froid, le frisson du soir complet ou la violence des feux du ciel.
Les personnages sont systématiquement ce sentiment d'être envahi par la couleur en présence, embrumé ou aveuglé, au point de ne pas retrouver le chemin du retour.
Une couleur d'une beauté ensorcelante, on en conviendra, nous lecteurs, mais terriblement dangereuse comme la Nature peut l'être soudainement suivant ses lois.

Cette fois, le vert.
Le début est presque triste, d'un sentiment ambivalent.
Tandis que nous lecteurs seront charmés par l'image et le foisonnement du vert émeraude sur des double-pages - un vert frais protégeant du soleil, créant presque un refuge rassurant -, le texte nous racontera l'arrivée d'une famille qui devra vivre dans cette jungle faute de moyens.
Ils n'auront plus rien, fauchés par de moches circonstances, plus un kopek ni un radis.

La suite de l'histoire se montrera très paradoxal.
Avec le récit des échecs et l'abandon de tout ce qu'ils avaient dans la civilisation, nous aurons un arrière-goût en bouche (et pas forcément du cacao), une perspective très rude, nous nous mettrons à leur place.
Et pourtant, tandis que le petit narrateur racontera ce nouveau départ, l'angle se transformera, comme s'il suffisait de se prédisposer à un peu d'ouverture pour réaliser les nouvelles chances qui se présentent. 
La pauvreté et le malheur auront peu à peu un drôle de goût de chlorophylle, on trouvera à y respirer et à manger en abondance.

"... le sol, les arbres, des grands cailloux, tour était recouvert de cette épaisse mousse, du vert confortable et feutré.
La canopée couvrait nos têtes, nous protégeait des vents.
J'ai vu des centaines de mammifères et d'oiseaux.
J'ai vu des milliers d'espèces végétales. Et même -je les déteste- des millions d'insectes.
Le lieu était réservé à ces rois..."
Une douce humilité forcera la main de la famille qui devra recomposer, mais pas comme l'espèce dominante.
Au début.
L'exode forcera aussi le destin du lieu, attirant d'autres gens et d'autres gens perdus...
Comme quelque chose de naturel, les gens qui s'installeront feront leur place, abattront des arbres pour les maisons et ce qui nous rassurera forcément de son caractère familier, transformera pourtant le paysage en se donnant un peu de recul.

On en ressort clairement animer d'un double sentiment, plaignant les hommes obligés de migrer et plaignant les animaux déja présent qui devront trouver un autre endroit.
C'est intéressant et pourra questionner, faire réfléchir.
L'histoire n'en parle pas mais nous pourrions dire que c'est un peu l'histoire de l'Amérique qui vient de se dérouler sous la forme d'une parabole.

Et la rencontre, la vraie rencontre entre l'enfant et l'animal des albums de Stéphane Kiehl ?
Elle sera là, la première de couverture donnera d'ailleurs un bon indice (et la dernière page de garde, bien plus).
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