Notre école avait institué une règle absurde: nous devions nous arrêter à ses pieds et fermer les yeux un bref instant pour méditer sur notre avenir. Tous les matins, un professeur se tenait là, un bâton à la main, pour nous surveiller tandis que, pendant trois secondes nous baissions les paupières comme de vieux éléphants à l’agonie pour méditer sur les ambitions que nous étions supposés cultiver dans nos cœurs. Peu importait qu’elles fussent réalisables ou pas. A y repenser, le défilé de deux mille garçons méditant tous les matins sur leurs ambitions sous la surveillance d’un prof armé d’un bâton, ça devait faire un spectacle peu banal.