AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Presence


Ce tome fait suite à La guerre des Ombres (épisode 6 à 9) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il contient les épisodes 10 à 13, initialement parus en 2015/2016, écrits par Matt Kindt, dessinés et encrés par Doug Braithwaite, avec une mise en couleurs de Brian Reber. Chaque épisode comprend un fichier perdu de 8 pages, également écrit par Kindt, dessiné et encré par Juan José Ryp, avec une mise en couleurs d'Ulises Arreola.

-
- Operation: Deadside - Neville Alcott (le responsable administratif de Ninjak) débriefe le Directeur sur la dernière mission de son agent. Tout a commencé par une explosion au musée de Leighton House à Holland Park. Sous le musée, se trouvait un laboratoire secret du MI-6, servant également de lieu de détention pour Fakir, l'un des Shadow Seven capturé par Ninjak, individu capable de manipuler la magie. Fakir a réussi à regagner un plan d'existence surnaturel cosmique, c'est-à-dire une dimension magique parallèle à la nôtre. Alcott doit aller trouver Colin King pour le convaincre d'aller récupérer Fakir sur cette Terre parallèle. King accepte le virement de 10 millions de livres et se rend à Londres pour entrer en contact avec Punk Mambo, l'opératrice capable d'ouvrir une porte vers cet autre plan d'existence.

Punk Mambo est également l'agent qui a effectué la dernière mission vers Deadside, avec une équipe de 20 agents, et qui est la seule à en être revenue. Avant de partir, Colin King revêt une armure technologique protectrice, et Punk Mambo se lie avec Ayezan, un Loa femelle. Dès leur arrivée au Londres de Deadside, ils se font éjecter par Fakir, à des kilomètres de là sur une île isolée.

On ne peut pas dire que la perspective d'une mission dans une dimension parallèle enchante le lecteur. Ninjak est un super espion dont le concept fonctionne mieux dans un monde réaliste que dans un monde de magie. D'un autre côté, il est vrai que le personnage version années 2010 a effectué sa première apparition dans ma série X-O Manowar, puis dans la série Shadowman. D'ailleurs un lecteur familier de cette dernière série comprend tout de suite que cette mission s'inscrit dans le contexte de Shadowman, que ce soit la dimension Deadside, ou la présence de Punk Mambo et des Loa. Il se doute que la raison d'être de cette histoire est fortement liée à Jack Boniface, plus qu'à l'histoire personnelle de Ninjak. Malgré tout, il se laisse convaincre de tenter cette aventure car Matt Kindt reste le scénariste de la série.

De fait le récit est assez simple et linéaire : Punk Mambo et Ninjak se retrouvent sur cette île. Ils doivent survivre à cet environnement peu accueillant, trouver le moyen de repartir et combattre Fakir et son maitre à Londres, version Deadside. Kindt s'accommode assez bien de l'existence des Loa, tout en se tenant à distance du vaudou, pour éviter tout effet pacotille. Il reste donc quelques moments relevant de l'Heroic Fantasy, des combats impressionnants, et quelques séquences de dialogue, au cours desquelles Ninjak essaye tant bien que mal de négocier. La personnalité des personnages reste très superficielle, ainsi que leurs motivations. Celle de l'ennemi principal est développée dans les fichiers perdus (Lost files).

Doug Braithwaite est un dessinateur travaillant régulièrement pour Valiant, avec une identité graphique marquée. Ses dessins sont fort bien complétés et habillés par la mise en couleurs qui prend en particulier en charge les effets spéciaux liés à la magie, avec ce qu'il faut de pyrotechnie pour impressionner le lecteur. L'artiste doit commencer par représenter 2 quartiers de Londres (celui de notre réalité) et leur donner de la consistance. le dessinateur détoure les formes avec des petits traits secs, pas forcément jointifs, pour des cases descriptives, avec une bonne densité d'information visuelle. Pour les costumes de Ninjak et Punk Mambo, il n'a d'autre choix que de s'en tenir au préexistant, avec une punkette en blouson de cuir et bas, et une armure avec un étrange pagne. le Loa luminescent rose est assez décalé, mais pourquoi pas.

L'ambiance change avec l'arrivée dans le Londres de Deadside, puis l'éviction violente à plusieurs kilomètres de là sur une île verdoyante. Globalement, Braithwaite imagine un monstre très impressionnant évoquant Krakoa, dans un environnement à nouveau tangible, à défaut d'être très spectaculaire. Les combats sont bien orchestrés. Chaque décharge de magie resplendit grâce à la mise en couleurs. le lecteur découvre donc une histoire de mission impossible dans un monde magique, vaguement dix-neuvième siècle. le scénariste met en valeur les capacités de Ninjak, le caractère un peu tourmenté de Punk Mambo, les effets de la magie. Néanmoins, le lecteur se dit que certains résumés ne sont là que pour gagner une ou deux pages. Il a du mal à comprendre pourquoi les agents pathogènes contenus de l'atmosphère sont si présents dans le premier épisode, et absents par la suite, ou en tout cas sans incidence sur Ninjak. La mise en images est compétente et vivante, toutefois, l'artiste donne l'impression de pas savoir comment transformer un scénario basique en un spectacle inoubliable.

-
- Lost Files (4 * 8 pages) - Sur Deadside, à Shamballa, Magpie sert Master Darque, une entité supérieure. Pour son compte, il récupère les objets de pouvoir encore présents dans la ville, à commencer par la bibliothèque dévastée. Sa première recherche l'amène face à 2 parents et leur fils qui se terrent au fond d'un tunnel souterrain. Dans la deuxième de ces histoires apocryphes, il récupère un marteau (relique religieuse) en exterminant la garde présente. Dans les 2 dernières histoires apocryphes, Magpie se laisse guider par Ember vers un vieux sage (dans le village des moines Kevlin) qui lui indique qu'il doit récupérer 6 objets de pouvoir, dont un détenu par Sanguine.

Le lecteur comprend vite que Magpie est celui qui donne des ordres à Fakir, l'ennemi qu'affrontent Ninjak et Punk Mambo. Il est vraisemblable que le lecteur de la série Shadowman identifiera rapidement Magpie. Il retrouve avec plaisir les dessins obsessionnels de Juan José Ryp. Ce dernier n'a rien perdu de sa volonté d'être le plus précis possible. Il s'est amélioré pour rendre compte de la profondeur de champ, rendant ses dessins plus faciles à lire. La première histoire apocryphe le voit déambuler dans les ruines dans lycée monumental. Il ne manque pas une pierre dans les décombres, et chaque arrête est irrégulière, effritée, avec des petits cailloux sur les pourtours. Dans la séquence suivante, il ne manque pas une seule brique dans un long tunnel de maçonnerie.

Dans la deuxième histoire apocryphe, la nef de l'église est magnifique, avec de très belles colonnades, et des motifs en marbre auxquels il ne manque aucune arabesque. Arrivé dans la baraque du sage, le lecteur peut s'amuser à compter les cornues sur les étagères. Il peut détailler les costumes improbables des opposants de Magpie, même si Ryp doit aussi respecter les costumes déjà existants comme celui de Sanguine (pas une grande réussite esthétique). La quatrième histoire apocryphe offre à Ryp la possibilité de sa lâcher encore plus. Magpie se rend dans une librairie dont l'enseigne se lit : H.O. Ward's books (clin d'oeil à Robert Ervin Howard). Elle comporte de magnifiques livres anciens dont les couvertures sont faites à partir de peau d'animaux fantastiques. En plus il s'y manifeste une créature avec plein de tentacules évoquant un Grand Ancien (clin d'oeil à Howard Philips Lovecraft), et elle est en train de ne faire qu'une bouchée d'un individu avec des bottes, un pistolet à la ceinture et un chapeau à large rebord (il est facile d'y reconnaître Indiana Jones). le lecteur sourit franchement à ces références bon enfant, très concrètes.

Le lecteur se demande dès la première histoire apocryphe où veut en venir le scénariste. Il identifie ou non Magpie. Dans le premier cas, il comprend rapidement qu'elle sera l'issue de ces histoires et comment elles sont connectées avec l'histoire principale. Dans le deuxième cas, il comprend qu'il s'agit d'un personnage qui sera le véritable antagoniste de Ninjak à la fin de l'histoire principale. Il retrouve sans grand enthousiasme Sanguine, personnage peu mémorable de la série Ninjak. Il apprécie beaucoup plus les 2 premières histoires qui remettent directement en cause la nature de Magpie, avec une forme de morale à la fin. Il additionne 2 et 2 et comprend où s'acheminent les 2 autres histoires.

-
À la fin de ce troisième de la tome série, le lecteur a bien compris que l'enjeu du récit n'avait pas de rapport avec le personnage de Ninjak lui-même, mais avec le retour du personnage principal d'une autre série Valiant. Les histoires complémentaires sur Magpie s'avèrent plus divertissantes que l'histoire principale (4 étoiles). Cette dernière se lit avec plaisir, mais appartient à la catégorie des "aussi vite lue, aussi vite oubliée" (3 étoiles).
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}