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Critique de Wazlib


« Anatomie de l'horreur », c'est une seule oeuvre divisée en deux tomes en français, richement documentée. Je pense que pour commencer, je peux féliciter tout le travail éditorial français derrière King qui a fait un boulot remarquable, où rien n'est laissé en plan. Tout est traité avec passion, cela se sent, et il vous sera toujours possible de trouver les références françaises des oeuvres citées par King grâce aux nombreuses notes de fin de volume.
Je me suis largement surestimé pour la lecture de cet essai. Énormément. On m'a dit (et tout s'est révélé vrai) que c'était Stephen King qui discutait avec le lecture des oeuvres majeures qui l'ont influencé, de ce qu'était pour lui l'horreur, ce qu'elle implique, comment marche-t-elle, et toujours avec Stephen King, des petites histoires autobiographiques qui feront grand plaisir. Mais j'ai eu énormément de mal à finir tout ça.

Quand Stephen King parle de pure théorie, ça se passe globalement bien. Ses idées sont évidemment très bonnes, et le bonhomme s'y connait, personne ne dira jamais le contraire après avoir lu ces pages. C'est avec un silence respectueux que l'on décortique l'horreur avec le maitre, qui a toujours une avance sur nous (et c'est tant mieux). Quelques soucis à relever sur ces passages théoriques néanmoins. On promet dans l'avant-propos que Stephen King ne sera pas enclavé par un souci didactique, par une volonté de rigueur formelle. Ok, c'est enthousiasmant, mais des fois malheureusement cela manque. On a quand même très souvent l'impression que cela part dans tous les sens, à cause d'innombrables digressions et de liens illogiques entre les différentes voies d'exploration du domaine de l'horreur. Que Stephen King décide de faire une ambiance « coin du feu », où il discute simplement avec nous, se laissant porter par le fil de la conversation est un gros point positif, et je n'essaie pas de l'entacher. Mais je le répète, quand il touche la théorie dure, la trame globale de son explication est invisible et le lecteur est très vite confus. C'est cependant assez mineur. le deuxième point est bien ridicule, et je ne vais que vous le souffler : parler de l'horreur sur autant de pages rend fou. J'ai été lassé et parfois dérangé de disséquer ce sentiment paradoxal un peu sacré, que l'on aime de temps en temps, et qu'on aimerait bien maitriser. Là, ça faisait beaucoup. Vraiment.
Certains passages sont très bons, excellemment bons. Je retiendrai particulièrement dans le premier tome, le chapitre autobiographique tout bonnement fantastique, et celui où King parle des trois romans majeurs fondateurs de l'horreur.

Venons-en aux obstacles qui m'ont vraiment posé problème et ont rendu ma lecture bien laborieuse. Stephen King décide d'aborder l'horreur sous toutes ses manifestations, et ne reste pas coincé dans le domaine de la littérature. Il développe donc particulièrement le cinéma, mais aussi la radio, par exemple. Et quand les références sont des bouquins, globalement j'arrive à suivre. Ayant une culture de la littérature d'horreur basique mais suffisante, je savais de quoi il parlait et suivait avec plaisir les avis de King là-dessus, le tout servant bien souvent un propos plus global (je dis bien souvent, car comme je l'ai noté plus haut, on se sent parfois si perdu qu'on ne sait plus bien pourquoi King nous parle de ceci ou de cela). En revanche, quand en vingt pages, King me parle de dix films d'horreur des années 50, qui me sont complètement inconnus, eh bien je relâche, moi. J'ai apprécié il y a quelques années les films d'horreur « modernes » (et les apprécie encore de temps à autre) et les grands classiques, disons, mais là, King parle peu de ceux-là, s'entêtant à nous montrer la validité d'une théorie avec par exemple « The Brain from Planet Arous »... le deuxième tome est bien plus tourné vers la littérature et aura donc peut-être plus d'attaches sur le lecteur, le captivera plus facilement. Mais on est très vite noyé sous les avalanches de références à chaque page, et vous avouerez que les oeuvres pleines de références c'est cool quand on en partage un certain nombre. Ce n'était pas mon cas.

Je n'ai pas mis une note méchante pour cet essai puisqu'il serait ridicule d'infliger au bouquin de King mes propres erreurs (je me suis surestimé). Mais ce que je me dis, c'est que le lectorat visé ici est plus âgé que moi, et peut-être bien plus porté sur l'horreur, ce qui fait, je crois, de ce lectorat un groupe réduit d'individus. J'ai donc mis une note neutre, le 7, car l'essai est clairement un must pour quiconque veut tenter d'approfondir le domaine, et se lancer dans la « danse macabre », comme dit King. Cela donne également un nouvel angle de vue sur le travail de King. Mais c'était un peu trop, là!
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