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Critique de Henri-l-oiseleur


Certains auteurs commerciaux pour grand public écrivent des produits de consommation sur lesquels il n'y a pas à revenir : on ne les relit pas. Ce n'est pas le cas de Stephen King, au moins en ce qui me concerne, car j'aime le relire, bien qu'il appartienne à la catégorie des écrivains sans style, sans réflexion et sans recherche. J'ai beaucoup relu certains de ses romans, comme "le Fléau", "ça", ou des tomes de "la Tour Sombre", et pour la première ou la seconde fois, "Désolation".

Des critiques ont déploré (ce n'est pas étonnant), la présence de "la religion", comme ils disent, dans ce roman, en expliquant cette présence par l'identité américaine de l'auteur. "Vous savez, ces Américains indécrottables etc ..." On adore détester, en certains parages, la culture judéo-chrétienne. Ce jugement laïcard de gauche est non seulement conformiste, mais témoigne d'une grande ignorance du fantastique et du surnaturel. Comment le surnaturel pourrait-il se passer des dieux, de Dieu ? Sans remonter aux débats du XVII°s sur le "merveilleux chrétien", on sait quand même que les premiers, les meilleurs personnages de récits fantastiques, avec les héros, sont les dieux. Cela ne fait pas de "Désolation" un livre édifiant, enfin pas au sens de Babelio, ni une oeuvre mystique, mais un roman où des humains luttent avec des dieux et des forces qui dépassent l'homme. Cela va de la simple tempête de sable aux statuettes fascinantes et maléfiques, du Langage des Morts au démon Tak avec ses légions d'insectes et de coyotes, que combat le Dieu chrétien que nous connaissons, à l'aide d'un faible enfant. Ce Dieu fait sa volonté par des êtres fragiles, imparfaits, indécis, comme John Marinville, écrivain vaniteux et raté, et mais aussi par cet enfant prodigieux et accablé par le chagrin ou par son père incapable d'assumer ses fonctions. Contre ces pauvres gens, le démon Tak a toute la nature à ses ordres. Bien sûr, les grands mythes de la Chute et de la Rédemption sont recyclés dans ce roman, ce qui le rend éminemment ... re-lisible. C'est la grandeur des romans fantastiques de Stephen King, leur beauté et leur intérêt dramatique : leur enracinement dans des mythes que nous connaissons tous et dont nous ne nous lassons pas, car ils vivent en nous. "Désolation" est à relire, malgré les défauts de langue, les vulgarités de conception et le caractère post-littéraire de l'ensemble : après tout, c'est du King, melange candide de bêtise et de talent.
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