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Critique de Tomabooks


Bon, vous connaissez Stephen King. Vous savez que celui-ci aime prendre son temps pour mettre en place son décor et ses pions. Les Tommyknockers ne déroge pas à la règle, puisque avec ses 900 pages, l'auteur va vraiment y aller tranquillement pour nous dévoiler le coeur de son histoire. le roman se divise en trois parties distinctes qui pourront vous paraître assez inégales, mais le King est fort. Il vous fera tourner les pages avec une obsession qui entre en corrélation avec ce que les personnages vivent dans cette histoire.
La première partie nous plonge dans la découverte que fera Bobbi, alias Roberta Anderson, dans le bois juste derrière sa maison. Celle-ci se prend les pieds dans une drôle de forme en acier qui sort de terre et c'est le début du cauchemar pour les habitants de Haven. Sans le savoir, Bobbi est attrapé par les tommyknockers et nous aussi… On se doute assez rapidement de ce que pourrait bien être cette drôle de forme qui sort de terre, mais ne vous y trompez pas, le King ne va pas nous parler d'une vieille invasion d'extraterrestres que l'on aurait déjà vu, enfin presque…

« Tard, la nuit dernière et celle d'avant
Toc! Toc! à la porte – les Tommyknockers
Les Tommyknockers, les esprits frappeurs…
Je voudrais sortir, mais je n'ose pas
Parce que j'ai trop peur
du Tommyknocker »

Comme je le disais, le King prend son temps et va nous plonger, comme à son habitude, dans le village de Haven et dans la vie de ses habitants qui commencent à être chamboulés par la découverte de Bobbi. Les tommyknockers passent à l'action et semblent prendre possession de l'esprit et des corps des villageois. Stephen King donne de la voix à chacun d'entre eux et c'est à ce moment que le roman pourra en perdre certains. On ne va pas se mentir, mais l'auteur en fait peut-être un peu trop et nous parle d'habitants qui n'apportent pas forcément grand chose à son histoire. Mais, le King joue avec les mots et chacun d'entre eux sera une porte ouverte pour la réflexion et je peux vous garantir que Les Tommyknockers est assez riche en thématique. Qui dit invasion extraterrestre, dit peur de l'inconnu et de l'ennemi. L'auteur va évoquer cette crainte qui sévit parmi la population américaine depuis le début de la Guerre Froide et de la menace communiste. Il y a cette crainte du conflit et encore plus du nucléaire qui aura une part importante dans ce récit. Si l'impact est un peu moindre aujourd'hui, il faut tout de même avouer que le roman de Stephen King a dû faire de l'effet à l'époque. La force de ce récit vient aussi du fait que le maître de l'horreur donne la parole aux classes ouvrières et moyennes des USA et non à sa force armée.
Les Tommyknockers, c'est aussi un travail sur l'obsession qui ronge la nature humaine. Dès la découverte de cet objet sortant de terre, Stephen King s'applique à nous parler de cette caractéristique humaine qui peut nous amener au pire. Bobbi ne semble plus rien contrôler dès lors qu'elle est en contact avec ce vaisseau et ce sera le cas aussi pour les autres. Entre état de conscience et de laisser aller, les habitants de Haven vont donner libre cours à leurs penchants. J'ai aussi l'impression que le King parle de lui, de ses problèmes d'alcool, de drogue, de sa descente en enfer, mais surtout de sa rédemption. L'intérêt pour ce vaisseau devient une obsession pour tous, comme une allégorie de l'addiction qui prive les individus de leur personnalité, les change en monstres.

Ce qui m'a vraiment plu dans cette lecture des Tommyknockers, ce sont les différents passages où Stephen King évoque la transformation, la mutation et les évolutions physiques et psychologiques des habitants de Haven. On sent, à travers ces nombreuses scènes, un amour sincère de la part de l'auteur pour le cinéma Bis, la matière organique, pour les effets pratiques et la violence graphique. C'est simple, avec son écriture parfois cinématographique, King réussit à nous faire sentir les odeurs des corps et à ressentir la moindre texture qui change devant nos yeux ébahis. Entre les maux de têtes, la transpiration, les dents qui se déchaussent avec le sang qui va avec, le maître de l'horreur n'est pas avare en détails et je crois que cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu un King aussi cradingue et aussi dérangeant. Stephen King m'a vendu du rêve dans ce roman en réussissant à mélanger l'horreur graphique avec ses petites notes d'humour, qui font que l'on en redemande sans cesse. Vous l'aurez compris, si vous êtes amateur de ce genre de transformation au cinéma, Les Tommyknockers saura allégrement vous satisfaire. On ne peut qu'imaginer ce que deviendrait cette histoire entre les mains d'un Cronenberg ou d'un Carpenter…
Lien : https://tomabooks.wordpress...
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