AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de le_Bison


Alors que le « Docteur Sleep » sortait en librairie, il était donc plus que temps que je découvre ce qui s'était passé 36 auparavant dans les montagnes Rocheuses, un coin perdu du Colorado. Jack Torrance que j'associe forcément à Jack Nicholson. le film fort et phare de Stanley Kubrick, ce générique qui nous présente comme dans un long travelling aérien et sinueux de la pente vers cet hôtel qui me terrifie déjà avant d'ouvrir même la première page du bouquin.

"La femme qui gisait dans la baignoire était morte depuis longtemps. Elle était toute gonflée et violacée et son ventre, ballonné par les gaz et ourlé de glace, émergeait de l'eau gelée comme une île de chairs livides. Elle fixait sur Danny des yeux vitreux, exorbités comme des billes. Un sourire grimaçant étirait ses lèvres pourpres. Ses seins pendillaient, les poils de son pubis flottaient à la surface et ses mains congelées se recroquevillaient comme des pinces de crabe sur les bords godronnés de la baignoire en porcelaine."

Il est quatre heures du matin, lorsque je finis les dernières pages de ce roman. Insomnie, besoin de frissons, pas envie d'attendre le lendemain pour en terminer avec le dénouement. Un King, c'est certes de grosses ficelles pour faire peur, cela reste pour moi une littérature adolescente, mais c'est aussi le plaisir de se retrouver seul avec une lumière tamisée, d'entendre la neige tomber lourdement et de sentir ces animaux en buis effrayant, prêts à me sauter à la gorge. Mais j'en ai vu d'autres. Je ne vais pas me faire avoir comme un vieux puceau, ne vais pas uriner dans mon pyjama (pour la simple raison que je n'en porte pas la nuit, mesdames !)

"Danny hurla sans qu'aucun son ne sortît de sa gorge ; le cri refoulé plongea au fond de son être comme une pierre qui tombe au fond d'un puits. Il recula de nouveau, faisant tinter le carrelage sous ses pas, et subitement il sentit que dans son affolement il s'était inondé d'urine."

Tu as entendu ce cri ? C'était quoi ? Maman ! ! Ouf, j'ai bien cru que cette vieille moisie allait me sauter dessus pour me faire des trucs que je n'avais pas envie, vieille perverse. Allons, allons, il y a des enfants qui nous regardent. Pense au petit Danny. Il doit se sentir bien seul là-haut, avec un père alcoolique (serait-ce mon image ?) qui tente d'écrire le chef d'oeuvre de sa vie (serait-ce le reflet de ma vie ?)

Il me faut un verre. Double whisky pour moi. Gin pour l'écrivain Jack. Laissez-lui la bouteille, il se servira. Il lui faut sa dose. Hallucinations. Et si tout cela n'était que le fruit de mon imagination, la neige, la vieille, la tâche de sang. Pourquoi est-ce que j'ai caressé le radio-émetteur à coups de battes de base-ball ?

"Toujours grimaçante, elle rivait sur Danny ses énormes yeux exorbités. Ses paumes mortes crissaient sur la porcelaine, ses seins se balançaient comme de vieux punching-balls craquelés. Quand elle se leva, on entendit un bruit à peine perceptible de bris d'échardes de glace, mais elle ne respirait pas : ce n'était qu'un cadavre, mort depuis des années."

Un huis-clos terrifiant qui malgré son âge n'a pas pris tant de rides que cela. Une longue montée en progression de l'horreur, les cauchemars se font de plus en plus réels. L'abîme est là, juste derrière la prochaine page qui reste à tourner. Au prochain chapitre, promis, c'est la suite de l'horreur.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
Commenter  J’apprécie          9115



Ont apprécié cette critique (76)voir plus




{* *}