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Critique de Dombrow01


Que faire quand on a vécu 30 ans en Angleterre chez Papa-Maman et qu'on se retrouve orpheline ? Changer complètement de vie, et pour ça quoi de mieux que de partir explorer l'Afrique profonde, crapahuter dans la jungle pour en rapporter des poissons, car Mary Kingsley s'intéresse à l'ichtyologie.
On s'apercevra vite que lesdits poissons sont plus un prétexte qu'autre chose, car elle part d'abord pour se faire plaisir et assouvir sa curiosité sans bornes. Elle aime le risque, et une phrase résume bien sa philosophie "Dans la vie, il est plus amusant d'être chanceux que de rester sage". Heureusement d'ailleurs qu'elle a de la chance, car elle a eu maintes fois l'occasion de se noyer au cours de son périple.
Le livre est composé de descriptions de paysages, du récit de ses pérégrinations et de ses rencontres, racontées avec un flegme tout britannique, et enfin d'une étude sur le fétichisme absolument remarquable. On s'aperçoit qu'elle s'est livrée à un véritable travail d'anthropologie avec un recul très professionnel. Elle relate certaines coutumes qui semblent horribles aux yeux d'un Européen, telle la mise à mort des jumeaux à la naissance, ou l'exécution des veuves suite à la mort d'un chef. Elle cherche à comprendre l'origine de ces règles sans les juger, et c'est tout à son honneur.
Mary Kingsley nous parle des guérisseurs d'une manière qui ne donne pas envie d'être malade sous les tropiques. Puis elle explique l'immense pouvoir des sorciers dans la vie de tous les jours, tout en dénonçant parfois les supercheries dont ils abusent pour garder leur influence. La chose la plus impressionnante est que, pour les locaux, la mort naturelle n'existe pas. Si quelqu'un décède sans que ce soit un accident, c'est parce qu'on lui a jeté un sort. La justice rejoint la sorcellerie pour retrouver le coupable, car il y a toujours un coupable. Et c'est là que notre esprit cartésien se révolte au vu des méthodes utilisées; les femmes d'un chef peuvent être soumises à l'ordalie, forcées de mettre la main dans un liquide bouillant par exemple, car il est bien connu que seules la ou les coupables en garderont une trace le lendemain. Et ceci n'est qu'un hors d'oeuvre par rapport à la condamnation à suivre. Là aussi Mary Kingsley relate les faits, les analyse, mais ne les juge pas.
La dernière partie relate l'ascension du mont Cameroun, où l'on constate deux choses. D'abord elle n'est pas motivée uniquement par l'amour des poissons, et surtout elle fait preuve d'un entêtement absolu en mettant en danger sa vie et celles de ses porteurs. Vous l'avez compris, ce n'est pas ma partie préférée.

L'Odyssée africaine reste un superbe ouvrage qui nous fait découvrir le personnage de Mary Kingsley et nous apprend beaucoup sur le monde qu'elle a découvert sur les côtes de l'Afrique et qui l'a tant passionnée : "Mieux je connais les indigènes de la côte africaine, plus je les aime"
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