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Critique de Cigale17


Demon Copperhead (de son vrai nom Damon Field) nous raconte sa propre histoire : sa naissance sur le sol d'un mobil-home, l'accouchement difficile de sa mère aidée par une voisine, mais surtout par lui-même, l'endroit où il habite, sorte de village de caravanes déglinguées… Nous savons dès les premières pages que, à cette époque, sa mère a 18 ans, et que son père est mort accidentellement peu avant sa naissance. En grandissant, Damon devient roux et ressemble de plus en plus à son père dont la famille est issue d'une communauté métisse, les Melungeons. le meilleur copain de Damon est Maggot (Matt Peggot), ils deviendront inséparables malgré leurs différences. La famille Peggot s'occupe beaucoup de Damon qui est plus souvent chez eux que dans la caravane de sa mère. La vie suit son cours, tant bien que mal, avec plus de bas que de hauts, mais bon... c'est la vie dans ce coin reculé des Appalaches. Damon est un petit garçon curieux qui commence par bien réussir à l'école. Mais sa mère épouse Stoner, une véritable brute, qui prend en grippe ce gamin intelligent et rebelle, et qui décide de le dresser comme il dresse Satan, son chien. Et les choses iront de mal en pis à partir de là…
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J'ai beaucoup aimé tout ce que j'ai déjà lu de Barbara Kingsolver, et ce dernier roman m'enthousiasme ! Grâce au récit de Demon qui décide de « tout raconter dans l'ordre où s'est arrivé », on le suivra dans les familles d'accueil inadéquates et profiteuses, dans les boulots merdiques, dans les premières expériences de drogue (il a 10 ans quand il commence à prendre divers comprimés dans des « soirées festives » organisées par un plus grand), bref, dans les différentes épreuves qu'il traversera… Demon fait souvent preuve d'une grande lucidité, conscient de ses forces parfois, mais ayant tendance à se déprécier et à parier pour le pire, ce en quoi la suite ne lui donne pas vraiment tort. Foncièrement bon, comme certains des autres protagonistes, parfois naïf, il est habité par une colère qu'il domine la plupart du temps. Si le héros de Dickens se passionne pour l'écriture, c'est le dessin qui aidera Demon à tenir le coup et à se sortir de la dépendance. On retrouve dans On m'appelle Demon Copperhead les grands thèmes que Barbara Kingsolver traite habituellement à commencer par celui de la famille, dysfonctionnelle ou non, avec ses joies, ses peines, ses affrontements, ses élans d'amour. Son héros est sensible aux beautés de la nature, mais sans oublier qu'elle peut être dangereuse. L'autrice dénonce les racismes de toutes sortes, la condescendance et le mépris envers les gens abandonnés par les autres communautés comme par l'État. Elle nous permet de suivre Demon dans son douloureux apprentissage de la vie en faisant ressortir sa capacité de résilience et en le dotant d'humour et d'une solide dose d'autodérision. Elle s'attaque ici à ce qu'on appelle la crise des opioïdes dont l'ampleur et la violence dans certaines régions des États-Unis laissent pantois. Un magnifique roman que j'ai lu trop vite tant l'histoire m'a passionnée, mais que je relirai assurément.
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