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Critique de Iboo


Iboo
20 décembre 2015
La plupart d'entre nous avons dans notre mémoire, si ce n'est dans notre coeur, des lectures qui ont marqué notre enfance. Et, je viens de me faire la remarque que, sans sexisme aucun, selon que ce soit le père ou la mère qui a tenu le rôle de conteur, le choix des livres n'est pas tout à fait le même.

Féru de lecture, de musique classique et jazz, c'est donc mon père qui a tenu ce rôle auprès de l'enfant que j'étais. Et, si ce n'est qu'à Walt Disney que je dois de connaître Blanche-Neige, Cendrillon ou La Belle au Bois Dormant, c'est bien à mon père que je dois l'émerveillement, le frisson, des Contes des Mille et une Nuits, de La Petite Fille aux Allumettes, de Pierre et le Loup et du Livre de la Jungle.

Il y a des décennies que je n'avais rouvert ce livre. Son livre. Un bon vieux livre, édité en 1923, que mon père avait dû chiner dans les années cinquante sur les Quais des bords de Seine. Un livre relié, aux pages jaunies, à l'encre passée, et qui sent la poussière. Un livre que l'on ouvre avec déférence comme un vieux grimoire lesté de pouvoirs et de magie.

On a souvent tendance à surévaluer la sensibilité des enfants. Il me semble pourtant que cette "sensibilité" n'existe essentiellement que lorsqu'ils peuvent transférer l'imaginaire d'une histoire à leur propre univers, à ce qu'ils "connaissent"... tels un méchant loup ou une sorcière, personnages fictifs mais menace "réelle" pour leur vulnérabilité d'enfant face à l'adulte tout puissant.

C'est ainsi que, en relisant Le Livre de la Jungle, j'y ai trouvé une cruauté qui m'avait totalement échappée à l'époque. Là où je n'avais retenu que le courageux jeune Mowgli ou le volontaire et brave Kotick, j'ai lu et relevé l'impitoyable loi de la jungle, le massacre de milliers de phoques, l'asservissement des animaux par l'homme.
Force est de reconnaître que, comme nombre d'entre nous, ma sensibilité s'est non seulement décentrée mais, de plus, sérieusement accrue avec l'âge.

Par contre, tout comme dans mon enfance, je garde une petite préférence pour Rikki-Tikki-Tavi, la mangouste. A égalité aujourd'hui avec Akela, le loup banni par son clan car devenu trop vieux pour en être le chef. Hé oui, à chaque âge de la vie, ses "transferts", hein !

Merveilleux Livre de la Jungle ! Relu avec toute la charge affective qu'il revêt pour moi et rangé à nouveau, sans doute pour toujours, dans ma bibliothèque, avec toute la gratitude et l'émotion qui siéent à un bonheur d'enfance.
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