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Robert d'Humières (Traducteur)Louis Fabulet (Traducteur)
EAN : 9782330178499
Actes Sud (16/08/2023)
3.81/5   1486 notes
Résumé :
Mowgli, un bébé orphelin abandonné dans la jungle, est recueilli et élevé par une meute de loups. Passant son enfance parmi les animaux, il apprend la loi de la jungle au côté de ses amis, l'ours Baloo, la panthère Bagheera et la louve Rashka. Dans ce milieu hostile, la vie est une lutte de chaque instant, et il doit sans cesse affronter ses ennemis, le peuple des singes et le tigre Sher Khan, pour survivre. Il finit par rencontrer des hommes et doit choisir entre s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (152) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 1486 notes
Je lus ce livre naguère. Avec quelque enthousiasme, j'entamai ces sept nouvelles et...
... et l'enthousiasme décrut graduellement à mesure que j'avançais dans ma lecture.
Certes c'est bien écrit, certes ce ne fut pas désagréable car Rudyard Kipling est à ranger définitivement dans la catégorie des grands conteurs. Mais au final, il ne me reste pas grande ressouvenance, pas grande impression de profondeur, pas grande émotion de cet assemblage hétéroclite de nouvelles, ayant, me semble-t-il, pour dénominateur commun non pas la jungle en tant que forêt dense primaire (puisque l'une se situe dans le grand nord et parle de phoques) mais le règne animal, et ce que l'on nomme communément « la loi de la jungle », notion finalement beaucoup plus complexe qu'il y paraît et que Jack London a lui appelé "wild" dans son livre intitulé The Call Of The Wild, et lui aussi fort mal traduit sous sa forme connue en français de L'Appel de la Forêt. le "wild" étant une notion beaucoup plus vaste sémantiquement que le terme "sauvage", tout comme le Jungle Book de Kipling veut dire infiniment plus que les traductions littérales des termes "jungle" et "book". Il y a aussi une sorte de référence aux tables de la loi, laquelle loi s'appliquant aux animaux sauvages, avec son code d'honneur propre, etc. Bref, titre difficile à traduire, mais je reste convaincue qu'une traduction sous forme "La Loi de la Jungle" serait plus proche de l'esprit du livre que celui sous lequel il est connu.
Aussi me permettrai-je, en catimini, dans mon coin, de questionner la pertinence du titre choisi pour la traduction française qui évoque surtout l'idée de forêt et guère le véritable fond de l'ouvrage.
Les trois premières nouvelles (Les Frères de Mowgli, La Chasse de Kaa et " Au Tigre, Au Tigre ! ") ont servi de trame de fond à l'adaptation, tout compte fait, très réussie de Disney dans son film éponyme.
Le Phoque Blanc nous emmène en Alaska et nous raconte le difficile travail de persuasion préalable à l'établissement d'une nursery de phoques à un nouvel endroit que celui traditionnellement fréquenté par le groupe.
Kipling glisse dans ses nouvelles, subrepticement, discrètement, des allusions qu'on qualifierait aujourd'hui « d'écologistes » quant à l'impact de l'homme sur les populations animales.
La nouvelle suivante au titre impossible "Rikki-tikki-tavi" évoque elle aussi un autre impact anthropique possible sur les populations animales, celui du prélèvement dans la nature d'animaux sauvages pour en faire des animaux de compagnie (ici une mangouste).
Dans les deux dernières nouvelles, Kipling puise abondamment dans ses souvenirs coloniaux, notamment en Inde.
Bref, un recueil peut-être pas si indispensable que cela, que je trouve loin du meilleur niveau de l'auteur, mais cette considération n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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La plupart d'entre nous avons dans notre mémoire, si ce n'est dans notre coeur, des lectures qui ont marqué notre enfance. Et, je viens de me faire la remarque que, sans sexisme aucun, selon que ce soit le père ou la mère qui a tenu le rôle de conteur, le choix des livres n'est pas tout à fait le même.

Féru de lecture, de musique classique et jazz, c'est donc mon père qui a tenu ce rôle auprès de l'enfant que j'étais. Et, si ce n'est qu'à Walt Disney que je dois de connaître Blanche-Neige, Cendrillon ou La Belle au Bois Dormant, c'est bien à mon père que je dois l'émerveillement, le frisson, des Contes des Mille et une Nuits, de La Petite Fille aux Allumettes, de Pierre et le Loup et du Livre de la Jungle.

Il y a des décennies que je n'avais rouvert ce livre. Son livre. Un bon vieux livre, édité en 1923, que mon père avait dû chiner dans les années cinquante sur les Quais des bords de Seine. Un livre relié, aux pages jaunies, à l'encre passée, et qui sent la poussière. Un livre que l'on ouvre avec déférence comme un vieux grimoire lesté de pouvoirs et de magie.

On a souvent tendance à surévaluer la sensibilité des enfants. Il me semble pourtant que cette "sensibilité" n'existe essentiellement que lorsqu'ils peuvent transférer l'imaginaire d'une histoire à leur propre univers, à ce qu'ils "connaissent"... tels un méchant loup ou une sorcière, personnages fictifs mais menace "réelle" pour leur vulnérabilité d'enfant face à l'adulte tout puissant.

C'est ainsi que, en relisant Le Livre de la Jungle, j'y ai trouvé une cruauté qui m'avait totalement échappée à l'époque. Là où je n'avais retenu que le courageux jeune Mowgli ou le volontaire et brave Kotick, j'ai lu et relevé l'impitoyable loi de la jungle, le massacre de milliers de phoques, l'asservissement des animaux par l'homme.
Force est de reconnaître que, comme nombre d'entre nous, ma sensibilité s'est non seulement décentrée mais, de plus, sérieusement accrue avec l'âge.

Par contre, tout comme dans mon enfance, je garde une petite préférence pour Rikki-Tikki-Tavi, la mangouste. A égalité aujourd'hui avec Akela, le loup banni par son clan car devenu trop vieux pour en être le chef. Hé oui, à chaque âge de la vie, ses "transferts", hein !

Merveilleux Livre de la Jungle ! Relu avec toute la charge affective qu'il revêt pour moi et rangé à nouveau, sans doute pour toujours, dans ma bibliothèque, avec toute la gratitude et l'émotion qui siéent à un bonheur d'enfance.
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À travers ces petites histoires d'animaux, Rudyard Kipling nous raconte les hommes. La loi de la jungle c'est aussi bien souvent la loi des hommes, la loi des colonisateurs, la loi des chasseurs d'animaux.

S'il avait vraiment laissé parler les animaux, l'histoire aurait été différente. Nul doute que l'éléphant préfèrerait être libre et que le cheval, le bœuf et le mulet n'auraient nulle envie d'obéir à leur conducteur qui les mène droit vers la boucherie qu'est la guerre.

C'est vrai qu'un animal dompté n'est plus que l'ombre de lui-même.

Un roman d'aventures qui nous parle aussi de courage, de valeurs et de solidarité.
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L'histoire personnelle de Kipling, anglo-indien dès sa naissance, à une époque où l'un des mondes affirmait son impérialisme sur l'autre, explique sans doute l'ambivalence profonde des nouvelles de Kipling, tantôt ventant la poésie et la force brute d'une nature sauvage, et tantôt dévoilant un matérialisme et un attachement à l'ordre, so british et so « fin de règne de Victoria : 1894 »...
Le Livre de la Jungle (et le second) peuvent donc être lus comme de simples contes animaliers moralistes, mettant à la portée des enfants ce goût pour l'exotisme allant de pair avec le colonialisme conquérant et –trop- sûr de lui de cette fin de XIXème siècle. C'est ce qui fut transposé à l'écran par Walt Disney à partir de certaines des nouvelles, autour du personnage de Mowgli.
Mais s'en tenir là serait méconnaître la profonde connaissance du pays et de cette jungle, que Kipling met visiblement en scène avec amour. Ainsi, la nature sauvage, dans l'imaginaire kiplingien, donne vie à Shere khan et aux bandar log, aussi brutes que stupides, mais aussi à Kaa, plus sage et subtil –et surtout amical !- que dans le film d'animation, aux peuples des éléphants et des loups, qui, eux, respectent une loi aussi stricte et précise que celle des hommes, la Loi de la Jungle.
Aussi, avent d'être une confrontation entre deux mondes, et une synthèse ambivalente s'incarnant dans son narrateur, le Livre de la Jungle est aussi une réflexion morale sur la Loi.

Je poursuis cette critique en commentaire du Second Livre de la Jungle... les deux allant de pair à mon avis...

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Je dois faire partie des très rares personnes nées après 1970 à avoir découvert le dessin animé du ‘Livre de la jungle' après le livre. Dans ce sens-là, le contraste est sans doute un peu moins violent. On sait où on va. Dans l'autre, on part d'une forêt de Fontainebleau avec des éléphants qui patrouillent et Baloo qui danse, et on arrive dans une nature hostile et terrifiante où Mowgli n'est délivré des Bandar Logs qu'à l'issue d'une bataille sanglante !

En général on ne connait d'ailleurs que la première histoire, c'est-à-dire l'arrivée de Mowgli dans la jungle, son adoption par les loups et son éducation. Mais il y en a plusieurs autres, racontant notamment la guerre entre les loups et les dholes, ou comment Mowgli découvrit une caverne remplie d'or et le terrible effet de cette matière sur les hommes. Parfois les écrits rejoignent les images, notamment quand les éléphants sont placés en ‘'autorités'' de la jungle – mais cette fois ils arbitrent la répartition de l'eau entre animaux lors des grandes sécheresses, et il n'est nullement question de patrouilles rigolotes. Curieusement, les fins se rejoignent : Mowgli trouve l'amour et rejoint les hommes…

Je ne reviendrais pas sur la superbe analyse de l'oeuvre faite par mon ami Candlemass. Mais je veux insister sur l'impressionnante construction du monde de la jungle faite par Kipling. C'est une véritable société victorienne, avec son corpus de lois, ses différents groupes dotés chacun d'une organisation sociale précise, ses légendes… Et même sa pègre, les Bandar Logs. Mowgli, de par son statut d'éternel étranger, est le seul à pouvoir circuler librement et parler à tous. le prix à payer est lourd : s'il peut aller partout, il n'est parfaitement à sa place nulle part. Pour les animaux il est un homme, pour les hommes il est un loup.

Un peu comme l'officier colonial, qui ne sera jamais totalement chez lui en Inde, mais y a passé tant de temps que les rues humides et les lourds nuages de l'Angleterre lui pèseront éternellement. Toute une communauté de métis, d'indiens plus ou moins assimilés britanniques et de britanniques plus ou moins assimilés indiens, prise entre le nationalisme naissant et l'impérialisme déclinant, se sachant condamnée sur le long terme, trouve sa voix au travers de celle de Mowgli.

Il m'a donc été un peu pénible de découvrir une oeuvre aussi riche et lourdes de multiples sens ainsi vidée de toute sa substance ‘sérieuse'.
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Citations et extraits (137) Voir plus Ajouter une citation
Il était sept heures, par un soir très chaud, sur les collines de Seeonee. Père Loup s'éveilla de son somme journalier, se gratta, bâilla et détendit ses pattes l'une après l'autre pour dissiper la sensation de paresse qui en raidissait encore les extrémités. Mère Louve était étendue, son gros nez gris tombé parmi ses quatre petits qui se culbutaient en criant, et la lune luisait par l'ouverture de la caverne où ils vivaient tous.

— Augrh ! dit Père Loup, il est temps de se remettre en chasse.

Et il allait s'élancer vers le fond de la vallée, quand une petite ombre à queue touffue barra l'ouverture et jappa :

— Bonne chance, ô chef des loups ! Bonne chance et fortes dents blanches aux nobles enfants. Puissent-ils n'oublier jamais en ce monde ceux qui ont faim !

C'était le chacal — Tabaqui le Lèche-Plat — et les loups de l'Inde méprisent Tabaqui parce qu'il rôde partout faisant du grabuge, colportant des histoires et mangeant des chiffons et des morceaux de cuir dans les tas d'ordures aux portes des villages. Mais ils ont peur de lui aussi, parce que Tabaqui, plus que tout autre dans la jungle, est sujet à la rage ; alors, il oublie qu'il ait jamais eu peur et il court à travers la forêt, mordant tout ce qu'il trouve sur sa route. Le tigre même se sauve et se cache lorsque le petit Tabaqui devient enragé, car la rage est la chose la plus honteuse qui puisse surprendre un animal sauvage. Nous l'appelons hydrophobie, mais eux l'appellent dewanee — la folie — et ils courent.

— Entre alors, et cherche, dit Père Loup avec raideur ; mais il n'y a rien à manger ici.

— Pour un loup, non, certes, dit Tabaqui ; mais pour moi, mince personnage, un os sec est un festin. Que sommes-nous, nous autres Gidur-log (le peuple chacal), pour faire la petite bouche ?
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- Les loups sont un peuple libre, dit père Loup. Ils ne prennent d'ordres que du Conseil supérieur du clan, et non point d'aucun tueur de bœufs plus ou moins rayé. Le petit d'homme est à nous... pour le tuer s'il nous plait.
- S'il vous plait !... Quel langage est-ce là ? Par le taureau que j'ai tué, dois-je attendre, le nez dans votre repaire de chiens, lorsqu'il s'agit de mon dû le plus strict ? C'est moi, Shere Khan, qui parle.

Le rugissement du tigre emplit la caverne de son tonnerre. Mère Louve secoua les petits de son flanc et s'élança, ses yeux comme deux lunes vertes dans les ténèbres, fixés sur les yeux flambants de Shere Khan.

- Et c'est moi, Raksha (le démon), qui vais te répondre. Le petit d'homme est mien, Lungri, le mien, à moi ! Il ne sera point tué. Il vivra pour courir avec le clan, et pour chasser avec le clan ; et, prends-y garde, chasseur de petits tous nus, mangeur de grenouilles, tueur de poissons ! Il te fera la chasse, à toi !... Maintenant, sors d'ici, ou, par le sambhur que j'ai tué - car moi je ne me nourris pas de bétail mort de faim - tu retourneras à ta mère, bête brûlée de jungle, plus boiteux que jamais tu ne vins au monde. Va-t-en !

Père Loup leva les yeux, stupéfait. Il ne se souvenait plus assez des jours où il avait conquis mère Louve, en loyal combat contre cinq autres loups, au temps où, dans les expéditions du clan, ce n'était pas par pure politesse qu'on la nommait le Démon.
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Il y avait là des mâles sauvages aux défenses blanches, avec des feuilles mortes, des noix et des branchettes restées aux plis de leurs cous et de leurs oreilles, de grasses femelles nonchalantes avec leurs éléphanteaux d'un noir rosé, hauts de trois ou quatre pieds à peine, qui ne pouvaient rester en place et couraient sous leurs mamelles; de jeunes éléphants dont les défenses commençaient juste à pointer, et qui s'en montraient tout fiers; de flasques et maigres femelles, restées vieilles filles, avec leurs inquiètes faces creuses et des trompes d'écorce rude; de vieux solitaires sillonnés, de l'épaule au flanc, des cicatrices et des balafres de naguère, les gâteaux de boue de leurs baignades à l'écart pendant encore à leurs épaules; et il y avait un éléphant avec une défense brisée et les marques du plein assaut, le terrible sillon des griffes d'un tigre à son flanc. Ils se faisaient vis-à-vis, ou se promenaient de long en large, deux à deux, ou restaient à se balancer et à se dandiner tout seuls. Il y en avait des douzaines et des douzaines.

"Toomai des éléphants"
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- La famille de mon père ne vous regarde pas, s'écria Billy avec colère ; car tous les mulets détestent s'entendre rappeler que leur père est un âne. Mon père était un gentleman du Sud, qui n'aurait pas été gêné de mettre en charpie n'importe quel cheval. Mets-toi ça dans la tête, gros Brumby !
Brumby veut dire rossard sans origine. Imaginez les sentiments d'Ormonde si un cheval d'omnibus traitait de carcan et vous pouvez vous figurer ce que ressentit le cheval australien. Je vis le blanc de ses yeux étinceler dans l'obscurité.
- Dites donc, fils de baudet d'importation malagais, fit-il en serrant les dents, je vous apprendrai que je suis apparenté,du côté de ma mère, à Carbine, le vainqueur de la Coupe de Melbourne, et nous ne sommes pas habitués, dans mon pays, à nous laisser passer sur le ventre par un mulet à langue de perroquet et à tête de cochon dans une batterie de pétardières et de chassepots. Etes-vous prêt ?
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Oui, moi aussi, je naquis parmi les hommes. Je n'avais jamais vu la Jungle. On me nourrissait derrière des barreaux dans une marmite de fer; mais une nuit je sentis que j'étais Bagheera — la Panthère — et non pas un jouet pour les hommes; je brisai la misérable serrure d'un coup de patte, et m'en allai. Puis, comme j'avais appris les manières des hommes, je devins plus terrible dans la Jungle que Shere Khan, n'est-il pas vrai?
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Quel roman d'apprentissage, devenu un classique, mêle à la fois la critique du colonialisme et l'éloge de l'éducation ? Par l'auteur du « Livre de la jungle » ?...
« Kim », De Rudyard Kipling, c'est à lire en poche chez Folio.
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