C'est peut-être ça grandir. Plus la vie nous cabosse à l'intérieur, plus au-dedans, on s'adoucit.
Je ne sais pas comment je me débrouille, mais je m’arrange toujours pour être la dernière arrivée en classe. J’aime bien quand le prof referme la porte juste derrière moi d’un geste excédé. Ça me donne l’impression d’être indispensable. Ou en tout cas plus ou moins utile.
– Aurore, vous avez quelque-chose d’intéressant à raconter pour excuser votre retard ?
– Il y avait un feuille morte sur la route, j’ai du faire un détour, je ne supporte pas la vue de la souffrance
Une rivière de douleur qui remontait de mes oreilles à mes tempes, de mes tempes à ma gorge, et allait se jeter violemment dans le puits trop étroit de mon coeur.
- Aurore, tu as la réponse ?
- Oui, oui, mais j'ai pas la question.
Mais, mais, mais... ma vie est faite de mais. Je vous jure que c'est fatiguant. Pour moi surtout. Pour les autres, j'en sais rien, mais je m'en fiche.
Moi je ne lis jamais les prologues, d'accord.
Mais là, c'est important, sinon vous n'allez rien comprendre.
Ampoulé, ça veut dire "compliqué, pas clair", contrairement à une ampoule qui, elle, éclaire, allez savoir pourquoi.
J'aimais vraiment beaucoup parler avec Sliman. Tout était nouveau et troublant dans ce qu'il apportait doucement à ma vie. Comme un vent du désert qui réchauffe et déroute en même temps.
Grand-papa parle bas et peu. Mais il écoute drôlement bien.
Plus la vie nous cabosse à l'extérieur, plus au-dedans, on s'adoucit. Parce qu'on comprend, au bout d'un moment, que ça ne sert à rien de lutter. Tout passe, et passe, et à force de nous repasser dessus, la vie nous apaise enfin.