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Critique de Passagealest


Kama entretient un rapport particulier avec les sanatoriums. Malade depuis l'enfance, elle y a passé de longues périodes évoquées dans quelques chapitres insérés dans le corps principal du roman. A 33 ans, elle y retourne pour « toute la saison », envoyée par une commission de la sécurité sociale polonaise.
Le choix du cadre est presqu'aussi soigné que s'il s'agissait d'un roman détective mené entièrement dans un espace en huis-clos : nous arrivons dans ce sanatorium de Ciechocinek avec Kama à la première page et, à la dernière, 120e page de ce mince roman, nous nous apprêtons à le quitter avec elle ; par ailleurs, faire de Kama une curiste sous contrainte administrative permet à l'auteure d'évacuer la question de qui est Kama, lorsqu'elle n'est pas en cure. Ainsi, hormis quelques références à un frère, à un ex-mari, et à un appartement exigu, Kama nous apparait comme sortie de l'ouate, dénuée de tout bagage hormis la valise trop lourde qu'elle traîne à son arrivée, et son expérience de la vie en sanatorium qui façonne sa personnalité.

C'est sur cette personnalité, sur ce regard mêlant ironie malicieuse, gaucherie et défiance, que repose Sanatorium. En surface, il ne s'y passe pas grand-chose : repas en commun, traitements selon le programme établi, promenades occasionnelles en ville. Ce que Kama commente – ce qui intéresse l'auteure – c'est l'étrangeté de cet univers clos, et les normes, rituels et hiérarchies qui s'y sont générées et que « personnel soignant » et curistes s'imposent. C'est peut-être là aussi que les chapitres sur l'expérience d'enfance de Kama au sanatorium apportent leur sens au roman : qu'il s'agisse d'enfants dirigés par des adultes, ou d'adultes dirigés par des adultes, on y vit cette même perte de contrôle sur son rythme quotidien et sur les personnes qu'il faut côtoyer, cette même instauration de règles régies par une logique entièrement institutionnelle (ou parfois simplement arbitraire), cette même vulnérabilité du corps et de l'esprit.
Heureusement, Kama ne se laisse pas désarçonner par tout ça – nous le savons parce que tout le roman est à la première personne, au fil de ses pensées et de ses commentaires sur ses stratégies pour faire face à telle ou telle situation potentiellement désagréable. Surtout, elle, et à travers elle sa créatrice Barbara Klicka, sont des fines observatrices des conversations – saugrenues, égoïstes, mesquines, solitaires – , ce qui apporte une dimension tout à fait savoureuse à ce personnage et à notre séjour, avec elle, dans ce Sanatorium. L'épisode du petit-déjeuner autour des oeufs durs, et du duel silencieux entre Kama et ses deux congénères beaucoup plus âgées, m'a paru particulièrement drôle et bien mené.
Lien : https://passagealest.wordpre..
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