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Critique de kedrik


kedrik
07 septembre 2011
Charlotte et Vinh travaillent pour le Groupe, un trust conglomératesque ou un cartel consortiumique, je ne sais pas trop. le Groupe est investi dans tout, horizontalement et verticalement. le siège social, qui donne la cadence à ce réseau de zaibatsu omniprésentes, dispose d'un département nommé Cohésion Interne et expédie à travers le monde des Clarificateurs pour résoudre les crises. La sortie d'un produit est menacée par un journaliste sur le point de dévoiler les conditions de travail de la chaîne d'assemblage en Thaïlande ? Charlotte et Vinh s'en chargent. Un employé a disparu avec des données sensibles ? Charlotte et Vinh vont trouver des réponses. Bref, ça merde dans une filiale ? Charlotte et Vinh agissent vite et bien.

Cohésion Interne, Clarificateurs, missions, sacralisation de la couleur blanche, divisions internes entre les services, slogans chocs, traîtrise : on ne fera pas croire que Laurent Kloetzer n'a jamais joué au jeu de rôles Paranoïa. Certes, les lasers ont été troqués contre des téléphones portables, mais les Partners du Groupe se font la guerre par employés interposés tout comme les Grands Programmeurs s'affrontent au coeur du Complexe Alpha. le hasard a voulu que je lise Cleer tout en replongeant dans Paranoïa, et les parallèles sont frappants. Même les dons psycho-PNLesques de Charlotte ressemblent comme deux gouttes d'eau à des pouvoirs mutants.

Reste un livre écrit en langage corporatiste. J'ai de la chance, je connais un peu de ce sabir, aussi je comprends quand l'auteur parle de certains concepts managériaux comme le 360. Mais ceux qui n'aiment pas le jargon anglo-entrepreneurial risquent de vite déchanter quand ils vont devoir plonger dans cet univers glacé où les slides sont sous-traitées en Inde. Les informaticiens risquent également de hurler tant les mots de passe ne servent à rien et les données sont aspirées et colligées en un claquement de doigt.

Et donc, deux personnages que j'ai détestés. Arrivistes. Dédiés à leur boulot. Manipulateurs. Des purs produits de leur milieu compétitif. À mesure que les missions s'enchaînaient, j'ai perdu le contact avec leur narration comme eux glissaient dans leur perception du monde. Car Cleer est un univers implicite où il ne faut pas attendre d'explication finale. C'est un univers anxiogène qui pousse des gens à s'immoler sur le lieu de production. À gober du Prozac pour supporter une énième restructuration. À sacrifier des fins de semaines pour pondre des tableaux de bord qui montrent que les résultats sont au rendez-vous. Tout ce merdier est rendu à la perfection par l'auteur, tant est si bien que j'ai été mal à l'aise tout du long de ma lecture, comme quand je regarde un film de Gaspard Noé. Ô la peur, ô le vide, ô la victoire des avides.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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