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Critique de gerardmuller


Spartacus / Arthur Koestler

Je viens de relire pour la troisième fois l'oeuvre magistrale d'Arthur Koestler éditée pour la première fois en 1939 et rééditée plusieurs fois. La dernière réédition date de 2006. Très belle et scrupuleuse reconstitution historique mais pas seulement, ce roman raconte l'histoire épique d'un impossible rêve de liberté, celle de la révolte servile de Spartacus le Thrace et des siens, gladiateurs, esclaves et tous les laissés pour compte. En 73 avant J.C., soixante-dix gladiateurs décident de s'enfuir de l'école de Lentulus afin de ne plus combattre contre les fauves lorsqu'ils sont vainqueurs. Et la horde de belluaires va grossir au cours de pérégrinations à travers la Campanie et la Lucanie jusqu'à compter plus de 6000 esclaves. Les faits ont été relatés avec soins par les historiens antiques tels que Florus, Appien et Eutrope. Pendant trois ans, les légions romaines vont être taillées en pièces par cette armée de va-nu-pieds, redoutable, courageuse mais souvent indisciplinée et rétive, emmenée par Spartacus.
Mais en 71, dans la région du Brutium, les troupes de Crassus vont avoir raison des procrastinations de Spartacus. Six mille esclaves seront crucifiés tout au long de la Voie Appia entre Rome et Capoue.
Aujourd'hui, le nom de Spartacus est symbole de révolte, de révolution et de liberté. Né libre en Thrace vers 100 av J.C., il fut fait prisonnier et enrôlé de force dans la légion romaine, puis vendu à Lentulus qui en fit un gladiateur. La personnalité de Spartacus est complexe et composite. Révolté mais avec des faiblesses, une certaine indécision liée aux doutes qui l'assaillent quant à l'attitude à adopter avec ses hommes : toutes ces données expliquent l'échec de cet homme courageux qui en vérité pécha par idéalisme excessif en voulant créer la cité utopique de ses rêves. Il eut fallu qu'il devînt un dictateur pour venir à bout de ses troupes désobéissantes. Il refusa de se laisser aller à une tyrannie implacable et impitoyable : en hésitant, il condamna la révolution.
Au fil des chapitres, Koestler tisse une trame idéologique qui fait de ce roman très bien écrit une oeuvre de référence, un chef d'oeuvre aux accents philosophiques. C'est un récit d'aventures autant qu'une tragédie politique, presque classique, une histoire saisissante de cruauté et de brutalité.
Quelques extraits : « Ce sont les circonstances qui font les héros et l'inverse n'est pas vrai. Seulement, les circonstances choisissent aussi l'homme qui convient. »
« L'héroïsme est le produit de l'inaptitude de l'homme à soutenir son idéal contre des forces étrangères. »
« Maint ami du peuple s'est mué en tyran, mais l'histoire ne saurait citer un tyran qui ait fini dans la peau d'un ami du peuple. »
« Un tyran plein de bonnes intentions est infiniment plus dangereux qu'un fauve carnassier… »
Grandiose.
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