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Critique de bdelhausse


Bernard-Marie Koltès a abondamment mis en garde le lecteur/spectateur sur sa pièce. Elle n'est pas bâtie sur les thèmes du néo-colonialisme, du racisme, ou de l'impérialisme... Et pourtant, placer "nègre" dans le titre en l'accolant à chiens... c'est très parlant, déjà. le nègre, c'est Alboury, il vient chercher le corps d'un homme de sa tribu. On apprend vite que celui-ci est mort, abattu par Cal. Cal travaille sur un chantier, mené par une multinationale (qu'on devine française). Il a peur des noirs. Il les déteste, mais par peur. Par défiance. Il a abattu l'homme parce qu'il ne respectait pas les règles et qu'il en avait peur. Ensuite, il a cherché à cacher le corps, à s'en débarrasser par tous les moyens.

Horn, le patron de Cal, est plus pragmatique dans son rapport aux noirs. Il utilise l'alcool, les dollars, les paroles enjôleuses, les contrats tacites. Il parlemente, mais au final le résultat est assez semblable à celui obtenu par Cal.

Arrive Léone, une française qui envisage de se marier avec Horn. Elle ne sait pas trop pourquoi. Mais elle est là, à baragouiner l'allemand à Alboury qui lui répond en Ouolof. Léone a une attitude encore différente vis-à-vis des noirs. Elle s'émerveille de tout. Elle est dans un rapport de séduction, à la limite du raisonnable.

Par ces 3 attitudes "blanches", Koltès joue clairement, même s'il s'en défend, sur le plan du néo-colonialisme et du racisme. Mais on peut percevoir que c'est secondaire dans le propos de Koltès. Cal déteste Horn dès l'instant où il pense que celui-ci va le lâcher. Cal veut posséder Léone. Elle n'accorde à Horn qu'une attention assez faible. Et dès l'instant où il ne peut lui faire entendre raison, Horn remballe Léone en France.

L'essentiel, dès lors, ce sont les rapports humains. L'incompréhension mutuelle. Et la lutte des classes. Koltès ne renie pas un instant son passé de militant communiste et il vient greffer sur les antagonismes des 4 protagonistes une bonne couche de lutte sociale.

Par certains côtés, la pièce m'a fait penser à Coup de Torchon (et au livre de Thompson dont le film est tiré). On retrouve aussi la lenteur pesante, dont le rôle équivaut à celui d'un acteur, d'En Attendant Godot. Les dialogues qui sonnent comme un combat sont très bien réglés. Par contre, j'ai moins accroché aux longs monologues qui ralentissent souvent l'action et font retomber la tension. Un texte qui m'a fortement donné envie de voir la pièce. Savoir que Chéreau a souvent oeuvré pour Koltès fait également partie de cette envie.
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