– En fait, la maladie a provoqué son suicide. Voilà ce qui s’est passé. Et sa mère, ma patiente, était, comme tu peux l’imaginer, très triste. Et, après cet événement, elle cherchait un moyen de trouver un peu de paix. Un jour, elle m’a dit : « Pour le restant de mes jours, je sais quelle est la première chose que l’on dira de moi quand je quitterai une pièce. » Et je me souviens d’avoir pensé : oui, c’est vrai, c’est ce qu’on dira. Mais on ne peut rien y faire. Nous ne pourrons jamais contrôler ce que disent les gens quand on quitte une pièce. Nous ne devrions même pas essayer. Notre boulot, c’est juste de… d’être dans la pièce et d’essayer de ne pas trop penser à ce qui s’y dit quand nous n’y sommes pas. Quelle que soit la pièce dans laquelle on se trouve, juste, être là, conclut-elle maladroitement.
Non. Si nous accordions à cette situation une fraction de l’importance que nous donnons à, disons, notre shopping, nous aurions bien moins de problèmes. Mais enfin, qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez nous ? Pour acheter une paire de chaussures, nous en essayons vingt. Nous lisons les commentaires d’inconnus sur Internet avant de choisir un poseur de moquette. Mais nous éteignons notre détecteur à conneries et envoyons paître notre instinct parce que nous sommes attirées par quelqu’un, ou qu’il semble intéressé par nous. Il pourrait porter une pancarte disant : « Je te piquerai ton argent, je ferai des avances à tes copines, je ne te donnerai aucun amour et aucun soutien », et nous trouverions tout de même un moyen d’oublier que nous le savions. Nous trouverions un moyen de le « dé-savoir ».
Ou du moins réalisa-t-elle j'aimais la personne que je pensais qu'il était.
Ce qui était incroyable était qu'il soit parvenu à se contrôler si longtemps. Cela avait dû être difficile. Épuisant. Mais il avait dû en retirer quelque chose. Elle ne voulait pas penser à ce qu'il en avait retiré.
Et alors, au plus profond d'elle-même, dans un endroit si enfoui qu'elle ignorait jusqu'à son existence, quelque chose de lourd et métallique choisit ce moment pour craquer, ouvrir une minuscule faille avec un grincement rouillé et libérer une pensée épouvantable : tous les éléments qui s'amoncelaient autour d'elle étaient sur le point de converger.
Je veux dire que puisque vous l'aimiez, puisque vous aviez confiance en lui et que vous vouliez les mêmes choses que ce qu'il disait désirer, votre capacité à voir clairement ce que vous auriez vu en d'autres circonstances a été compromise. Vous êtes un être humain. Vous êtes faillible, mais vous n'êtes pas une criminelle.
Mais il y axait toujours une raison, du genre de celles qui vous faisaient avoir honte de lui demander de se justifier....
Nous éprouvons tous des sentiments négatifs envers certaines personnes, mais c'est l'hostilité qui est problématique. et, chez les hommes, l'hostilité à l'égard des femmes est en général un vrai signal d'alarme.
C'est un mélange de ce qu'il nous a dit et de ce que nous nous sommes dit. Cette personne est devenue un personnage imaginaire dans une histoire inventée de toutes pièces.
Si vous choisissez la mauvaise personne, peu importera votre désir, ou celui se votre conjoint, de sauver votre couple. Cela ne fonctionnera pas.