Il s'était affranchi de tout même de sa curiosité.
Ne rien faire semblait occuper Pedro Caillet à plein temps.
Il m'aurais plus de lui demander ce qu'il faisait désormais de ses journées, mais l'aspect de son intérieur aussi soigné que sa personne, rendait la réponse évidente: il ne faisait rien. Il avait l'air de celui qui attend stoïquement un rendez vous.
Elle devine que le médecin lui a recommandé de ne pas la contrarier; il n'y a rien de plus précaire que l'équilibre d'une femme.
Tu n'as qu'à lui dire "Madame, vous avez le cœur brisé. permettez moi de le réparer."
- je vois que tu sais y faire papa.
Demande à Platon. Tu sais comment on reconnaît la femme de sa vie? Elle finit tes pensées et tu finis les siennes.
Pour moi même j'ai appris à rêver petit, d'une feuille, d'un nouveau pinceau, la chair d'une orange, et les détails de la beauté de ma femme, une étincelle au coin de ses yeux et le duvet de ses bras à la lueur de la lampe du salon le soir quand elle lit.
Sans doute était-ce sa femme, ai-je pensé, posant en costume d’époque......On avait l'impression qu'elle allait vous sourire. Ce portrait avait quelque chose d’inquiétant.
...ses chaussures en tout cas c'etait sa fierté. Il mettait de l'argent de coté pour ses chaussures, il en prenait grand soin, il les entretenait à l'huile de vison....
La femme marche d'un pas rapide. Ses bottines claquent sur le sol gelé. Son haleine s'échappe par bouffées claires dans le crépuscule s'épaississant. Est-elle pressée de quitter le village ou se rend-elle dans l'une de ses dernières maisons ? Mais elle ne se retourne pas et il en est heureux. Elle lui plaît telle qu'elle est, s'éloignant de lui dans le tunnel neigeux de sa toile, son paquet serré au creux de ses bras. Une femme réelle, une femme pressée, fixée sur la toile pour l'éternité. Figée dans sa hâte. Une apparition réelle ; à présent le personnage d'une peinture.