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Citations sur La familia grande (311)

Le jour où j'ai perdu ma grand mère , j'ai perdu ma mère à jamais.
La vie n'a plus jamais été la même.
Les parents ont décidé de louer une maison à une heure de Paris pour se retrouver ensemble chaque week-end ,et parfois pendant la semaine. Ma petite sœur Luz venait d'arriver. Les enfants, les amis, les amis et leurs enfants , se multipliaient. C'en était fini de l'intimité.
A la maison ma mère buvait le soir. Mon beau- père la servait et la servait encore. ça l' aidait à dormir, ça l'aidait à s'en sortir. Il ne fallait surtout pas lui en parler. Lèvres noires, dents noires. Haleine épaisse. Visage effacé . Et souvent une telle méchanceté. Des mots vulgaires , des mots perçants, des mots terrassants. Jusqu'à l'oubli, heureusement. L'oubli de tout, l'oubli de nous. Le soir ma mère me parlait, et le lendemain elle ne se souvenait de plus rien.
Evelyne s'est emmurée. Chaque jour , enfermée dans son bureau , elle relisait , relisait la lettre de Paula. Et elle pleurait, pleurait sans arrêt. Il n'a plus été question de se retrouver après le collège .On filait direct dans nos chambres . "Votre mère n'a pas le courage de parler."
Un jour j'ai insisté. Je suis rentée dans son bureau pour voir comment elle allait. Je me suis approchée d'elle et elle s'est effondrée. Sous ses yeux elle avait encore la lettre de Paula. J'ai pris ma mère dans mes bras et toujours je me souviendrai de ce moment là. Son front dans mon cou, ses épaules tremblotantes, ses bras autour de moi. Toujours je me souviendrai de sa petite voix qui répétait : "Ma maman, ma maman…."
Chacune ses larmes et ses ambiguïtés. Quand je pleurai ma mère m'engueulait. Il fallait savoir respecter ,tenir le choix pour un haut fait. Se désespérer, c'était renoncer à la liberté. Je n'en avais pas le droit . "Camille soit forte. Pour moi, pour elle, ne souffre pas".
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L'une des dernières fois que j'ai vu ma mère, c'était en 2011, à l'enterrement de Marie-France, à Sanary. (...)
Yeux bleus cachés. Lunettes de soleil-paravent, lunettes de soleil pare-feu. Interdiction de nos regards échangés. Baisers fâchés. Un "Bonjour" mou et deux bises sur la joue. Je suis glacée.
Un "Bonjour" mou mais une douceur de fou. Douceur de ses joues. Son odeur. Soleil et cigarettes. Pour quelques instants, je retrouvais ma mère.
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Soyons précis :

Article 222-24 du Code pénal
Le viol est puni de vingt ans de réclusion criminelle :
[...]
4° Lorsqu'il est commis par un ascendant ou par toute autre personne ayant sur la victime une autorité de droit ou de fait ;
(...)

Mais toi aussi t'es prof de droit. T'es avocat. Tu sais bien que, pour cause de prescription, tu t'en sortiras. Tout va bien pour toi.

Vingt ans. Sinon c'était vingt ans.
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Petit, mon frère m'avait prévenue : "Tu verras, ils me croiront mais ils s'en foutront complètement." Merde. Il avait raison.

Bon, ben s'ils ne comprennent pas, on va leur expliquer.

Je vais t'expliquer, à toi qui professes sur les ondes, toi qui fais don de tes analyses aux étudiants et pavanes sur les plateaux télé.
Je vais t'expliquer que tu aurais pu, au moins, t'excuser. Prendre conscience et t'inquiéter.
Je vais te rappeler que, au lieu de ça, tu m'as menacée. Message sur mon répondeur : "Je vais me suicider.*

Je vais t'expliquer, à toi qui dis que nous sommes tes enfants. Quand un adolescent dit oui à celui qui l'élève, c'est de l'inceste.
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Et parfois, sans crier gare, mon père rit. Il connaît mille fables, mille histoires. Cent fois la même, racontée. Et je ris de le voir pleurer. Avant, pendant et après la fable. Il n'a aucune mémoire. Il veut me raconter la dernière aventure de son copain Robert, lutte pour la retrouver, n'y arrive pas mais rit déjà du souvenir qu'elle lui a laissé. La dérision des choses, les contresens et quiproquos, la vanité de sa mémoire. Il lâche, respire, fume parfois, et devient si gentil.

Par mon silence, c'est aussi lui que je protège.
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Dans le regard de ma mère, pour moi, plus rien, plus jamais.
Le jour où ma grand-mère s'est suicidée, c'est moi que ma mère a voulu tuer. L'existence de ses enfants lui interdisait de disparaitre. Nous étions le rappel de sa vie obligée. J'étais sa contrainte, son impossibilité.
Le jour où j'ai perdu ma grand-mère, j'ai perdu ma mère. À jamais.
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Rue JB, mon beau-père organisait ma joie, m'apprenait à respirer. Il me faisait mes devoirs et m'enseignait le jeu. Poker, black jack, tarot, belote. Mon beau-père m'emmenait aux concerts de Johnny Hallyday. Il me faisait écouter des morceaux de piano, il m'inscrivait au tennis et me lisait des passages de ses polars préférés. Il me proposait de prendre part à leurs débats politiques. Consensus et dissensus. Peu importait l'âge, chaque point de vue était respecté tant qu'il était argumenté. Et il aimait tellement ma mère, ma tante et ma grand-mère. Il avait tout compris, tout conquis.

Rue JB, mon beau-père remplaçait mon père.
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Ses yeux bleu clair, ses cheveux blonds, l'odeur de sa peau, mélange de cigarettes et de soleil, ma respiration.
La Familia grande, Camille Kouchner
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Depuis mes 14 ans, le reptile ne cesse de me torturer. Ce monstre qui vit en moi et qui rejaillit dès que je crois respirer. Cette hydre qui distribue ses attaques au fil du temps, sans jamais que le poison premier ne se dissolve dans le dernier. Son venin s'accumule; les morsures ne se succèdent pas, elles se superposent.
Camille Kouchner, la Familia Grande
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Pour un enfant intelligent, rien ne doit être surprenant. Colin est un jeune adolescent quand ma mère lui envoie une de ses copines, une Sanaryenne dévouée, pour le déniaiser. Vingt ans de plus que lui, on va s'gêner ! Mon frère est flatté mais largement effrayé.
Moi, encouragée par les parents, depuis petite je masse les plus grands. Pendant des heures, des après-midi entières, à la piscine, dans le dortoir, dans les champs, je caresse, gratte, soulage les tensions.
Plus tard, l'une des enfants me racontera : "A Sanary, j 'avais 12 ans quand ton beau-père est venu me rouler une pelle derrière le dos de mes parents. Et je n'ai rien dit."

Croire qu'on a de la chance d'être ainsi entourés.

P114.
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