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EAN : 9782021472660
208 pages
Seuil (05/01/2021)
  Existe en édition audio
4.03/5   2812 notes
Résumé :
« Souviens-toi, maman : nous étions tes enfants. »
C.K.


C’est l’histoire d’une grande famille qui aime débattre, rire et danser, qui aime le soleil et l’été.

C’est le récit incandescent d’une femme qui ose enfin raconter ce qui a longtemps fait taire la familia grande.

Camille Kouchner, 45 ans, est maîtresse de conférences en droit. La Familia grande est son premier livre.
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Critiques, Analyses et Avis (383) Voir plus Ajouter une critique
4,03

sur 2812 notes
Avec le déplacement de l'adjectif qui en débanalise le sens ( la familia grande et non la grande familia)  Camille Kouchner attire l'attention sur le titre, inattendu, de son retentissant bouquin,  elle donne le "la"  et livre  une des clés de sa lecture.

La Familia Grande n'est pas un livre sur la pédophilie ni sur l'inceste. Même si c'est ce qui fait son succès commercial, compte tenu de l'identité de ceux qu'elle dénonce.

 C'est un livre sur un de ces microcosmes autoproclamés de non conformisme et de relation "libérée" , un de ces "entre-soi" élitistes et privilégiés auxquels ses membres-sans jeu de mots douteux- sont fiers d'appartenir par choix et par cooptation - tellement plus chic que le lien congénital- :  cette familia grande, cette famille au sens large , comme les idées qu'elle professe.

Comme tout microcosme, fût- il "grande" , celui-ci tient de la secte.
Tu y viens, tu y es adoubé, tu y entres, tu  suis les codes et tu fermes ta gueule.

Cette familia grande c'est celle d'un microcosme germanopratin qui a ses quartiers libres- et aussi d'été - à Sanary. 
C'est celle d'intellectuels de haut vol - une féministe, ancienne maitresse de Castro, une actrice de talent, un politologue, prof de droit dans une pépinière de futurs dirigeants, chouchou des medias, des amis, "rich and famous" de préférence,  et puis des enfants, des enfants de toutes provenances, adoptés,  affiliés, rattachés par leurs parents à la sphère artistique, journalistique ou politique...On est nudiste, libéré, libéral au sens noble, on est ouvertement tendre, gaiement non conformiste.

Tellement plus intelligente que les familles nombreuses, tellement au-dessus des grandes familles , la familia grande!

 Mais comme une secte, elle manipule , elle  asservit, la familia grande, elle réduit au silence puis abandonne ceux qui se rebellent et sortent du cercle pour tenter d'en dénoncer les rituels toxiques.

Ceux-là sont des traîtres  qu'on abandonne à leur double culpabilité : avoir subi, avoir trahi. Dont on refuse de relayer la parole alors même qu'on la sait fondée.
Dont on s'écarte comme de pestiférés.

La familia grande est l'histoire d'une culpabilité qui étouffe, d'un silence que l'on brise alors qu'on n'est même pas la victime du viol, de l'inceste, de la prédation.
Juste un témoin, pire, une complice . Et que parler est donc doublement difficile.

Le courage de Camille est d'avoir osé voler la parole à son frère. 

D'avoir dit son terrible sentiment de culpabilité quand son beau-père,  Olivier Duhamel pour ne pas le nommer, sortait de la chambre de son frère jumeau de 13 ans " apres s'être fait sucer" pour passer dans la sienne, plein "d'odeurs inconnues et aussitôt détestées",   pour s'assurer,  avec une tendresse toute paternelle, de sa collaboration et de son silence.

Le courage de Camille a été de tenter de parler à sa mère. Sans succès,  si ce n'est une incompréhensible solidarité avec son pédophile de mari.

Le courage de Camille est celui d'avoir écrit ce livre.

Il n'a ni la force, ni la clarté,  ni les qualités litteraires du Consentement de Vanessa Springora, ni le  brio  ni l'argumentaire fouillé de la Fabrique des pervers de Sophie Chauveau.  Ni la violence des récits d'Angot, ou de Féroces  de Robert Goolrick

La Familia Grande est un cri, parfois diffus, entrecoupé, encore teinté d'un reste de joie enfantine et de puérile admiration. le cri d'une ancienne petite fille de 45 ans qui n'a pas pu avoir confiance en sa maman, et qui, par-delà la mort, lui écrit une dernière lettre d'amour trahi et d'abandon douloureux .

C'est le cri de colère d'une petite fille qui avait peur de son vrai père (terrible portrait de Bernard Kouchner,  éruptif et cassant) et qui s' en etait choisi un autre, gentil, séduisant, attentionné.  Lequel a massacré son enfance et celle de son frère.

La Familia Grande devrait aider tous ceux et celles que musèlent la pression de l'amour  et le poids de leur culpabilité/complicité,   réelle ou figurée. 

Elle devrait les pousser  à  prendre la parole et à dénoncer  tous ces prédateurs au loup de velours  qui avancent masqués dans toutes sortes de familles, les  normales, les petites, les recomposées. 

Et les grandes aussi.

Et pour ce courage ,  nous pouvons la  remercier tous. .

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Ce livre est le témoignage émouvant, le cri de douleur d'un être blessé.

Le thème est connu : les abus sexuels établis et non contestés commis par Olivier Duhamel sur son beau-fils « Victor » Kouchner ; (on s'interroge sur l'utilité de ce changement de prénom,alors qu'il suffit de consulter la notice Wikipédia de son père pour connaître son vrai prénom)

Il convient de bien resituer les faits dans leur contexte :
Tout part de Paula Pisier, épouse de Robert Pisier, fonctionnaire colonial, en poste en Indochine pendant la guerre, puis en Nouvelle-Calédonie (voir sur cette période « Le Bal du Gouverneur » de Marie-France Pisier). Robert Pisier est très maltraité dans le livre. Aprés l'avoir quitté, son épouse a en effet appris à ses filles à le détester en raison de son passé ; elle lui reprochait d'avoir été collaborateur et maurrassien ; en fait, s'il est exact qu'il est resté à son poste sous le régime de Vichy, il n'a été accusé d'aucun fait de collaboration à la Libération. Quant à son maurrassisme, il était partagé par François Mitterand... En tout cas, il est interdit de rapports avec ses filles ; il semble qu'il soit resté amoureux de son ex-femme jusqu'à son suicide.
Cette haine sera transmise aux petits-enfants du couple.
Paula Pisier a une personnalité hors norme et mène une vie très libre ; elle fait l'objet d'une véritable vénération de la part de ses enfants et petits-enfants .Cependant le livre donne à voir des aspects déplaisants de sa personnalité ; ainsi lors du divorce entre Bernard Kouchner et Evelyne Pisier, Camille et son frère, âgés de six ans, vont chercher du réconfort auprès d'elle, après leur avoir expliqué que leur chagrin est anormal, elle les plante là, sur le trottoir (à six ans...) en leur enjoignant de rentrer seuls chez eux.

Cette mère toxique élève donc ses enfants dans une totale absence de contrainte, sauf celle, paradoxale, d'être « libres » ; elles sont tout à fait prêtes pour la « libération » de 1968 dans laquelle elles se donnent à fond.
Il est intéressant de rappeler que ladite « libération » implique le rejet de tous les tabous.
Notamment celui de la pédophilie.
On se souvient du livre où Cohn-Bendit (par ailleurs amant de Marie-France Pisier) affirme avoir pratiqué des attouchements sur les enfants d'une crèche allemande où il était employé ; il voudra s'en dédouaner par la suite sous le prétexte qu'il s'agissait d'affabulations destines à « choquer le bourgeois ». Admettons.
De même on vit à l'époque Bertrand Boulin (le fils du ministre), rédiger une « Charte des Droits de l'Enfant » (dont celui à des relations sexuelles avec des adultes) que certaine presse prit au sérieux.
Et jusque dans les années 90, Matzneff, qui bénéficia une génération durant d'une bienveillance unanime, tant de la droite en raison de ses opinions réactionnaires que de la gauche pour ses moeurs « libérées ». On se souvient du tollé soulevé par Denise Bombardier qui s'était permis de l'attaquer sur ce point dans les années 90 sur le plateau d'Apostrophes, et fut pour cela l'objet d'une condamnation presque unanime dans les milieux branchés.
Mais l'inceste aussi, et on s'en souvient moins, a bénéficié d'une certaine complaisance
Ainsi le film de Louis Malle « le souffle au coeur » qui décrit, entre autres choses, la relation incestueuse d'un garçon de 14 ans, avec sa mère, et cela de manière très positive.
Ainsi encore un débat de la même époque ; il portait sur le tabac, opposant un cancérologue qui aurait souhaité voir la cigarette bannie des écrans à divers intervenants partisans de la « liberté » ; l'un d'entre eux, Pierre Dumayet, eut alors cet argument que je cite de mémoire «mais, professeur, imaginez un film montrant un inceste père-fille ; la scène est très belle, la morale n'y trouve rien à redire ; et, après l'amour, le papa allume une cigarette ; vous censurez ? ».
Ce propos semble extravagant, il ne l'était pas à l'époque.
Et tout ceci nous permet d'arriver au phalanstère de la « Familla Grande », sur lequel règne le Patriarche Olivier Duhamel. La liberté règne, dans tous les domaines ; on mange, on boit , on fume un peu de tout, on refait le monde, on se permet toutes les libertés, on réalise tous les fantasmes, « il est interdit d'interdire », il faut « vivre sans temps mort et jouir sans entraves » y compris avec les enfants, qu'on laisse par ailleurs entièrement livrés à eux-même dans un bâtiment séparé.
Bref l'ordre du désordre organisé. Et l'utopie finit en dystopie, comme toutes les utopies.
Bien sûr Duhamel bénéficie dans ce milieu,artificiel et privilégié des mêmes louches complaisances que les autres
Mais attention ! le contexte n'excuse rien,, comme certains ont tenté de le faire valoir. Même, il aggrave, car le contexte n'a existé que par la décision collective et le consentement de ceux qui en ont profité.
Et le péché de ces gens-là est d'avoir manqué à ce qu'Orwell appelait la « Common decency », la décence des gens ordinaires, de ce peuple qu'ils prétendaient défendre et qu'en réalité ils méprisaient, de ce peuple que la pédophilie et l'inceste ont toujours révulsé, cette décence qu'Orwelle définissait ainsi en 1939 :« Tout le message de Dickens tient dans une constatation d'une colossale banalité : si les gens se comportaient comme il faut, le monde serait ce qu'il doit être »
Pauvre « Victor » ! Pauvre Camille ! Qui dénonce les bourreaux, mais qui, victime de quelque syndrome de Stockholm, pleure aussi sur eux et avec eux, qui garde un certain amour pour son monstrueux beau-père.
Pauvre Evelyne!Victime de l'éducation insensée que lui a donnée sa mère, éducation qu'elle a donnée elle-même à ses propres enfants. Pauvre Evelyne, pas toujours sympathique, n'en déplaise à l'auteur, Evelyne qui néglige ses enfants jusqu'à la maltraitance, qui refuse à sa fille le piano qu'elle a largement les moyens de lui offrir parce que c'est « bourgeois », qui est tellement sectaire qu'elle refuse d'aller voir sa soeur jouer Claudel, ce « réactionnaire », Guitry, ce « misogyne ».
Un seul personnage, quoiqu'il ne soit pas si bien traité dans  le livre, apparaît de manière vraiment positive:Bernard Kouchner, qui est le seul à tendre la main à son beau-père, dont tout le sépare pourtant, qui a une réaction vraie et humaine en voulant casser la gueule à Duhamel.
On rappellera quand même que Kouchner était cosignataire de l'odieuse pétition en défense de la pédophilie parue dans le Monde en 1977. On y trouve du beau monde..il est d'ailleurs curieux que la quasi-totalité desdits signataires disent aujourd'hui avoir signé la pétition sans la lire (ce qui en ferait, au mieux, des imbéciles). Rappelons encore que Sainte Dolto, qui apprit aux autres à élever leurs enfants en négligeant totalement son propre fils, tint elle aussi des propos très ambigus sur la pédophilie.
En conclusion, le livre de Camille Kouchner est utile, par ce qu'il nous dit explicitement , en apportant sa pierre à la condamnation de l'inceste et de la pédophilie, que notre époque a désormais actée ; et aussi par ce qu'il nous dit implicitement sur la génération 68, à qui ses enfants viennent maintenant demander des comptes.
Pour la"génération 68", on s'en souviendra sans doute comme d'une génération super-privilegiee qui détruisit d'abord l'ordre social qui lui avait permis d'être ce qu'elle était, fut incapable de lui trouver une solution alternative, se recycla faute de mieux dans le socialisme mitterandien et se convertit avec lui au libéralisme économique le plus éhonté, donnant ainsi naissance à une société, la nôtre, beaucoup plus éloignée de toute forme de socialisme que celle des années 60. Qui se souvient que De Gaulle voulut instaurer sous le nom de participation la co-gestion dans les entreprises ?
Par ailleurs réjouissons nous que la justice ait apparemment trouvé un moyen de poursuivre Duhamel.



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Lecture débutée avec réticence. Par manque de goût pur les déballages familiaux de ceux que leur lignée met au devant de la scène médiatique et la sensation d'être pris en otage par le biais de la littérature. Et impression d'être prise en flagrant délit de voyeurisme .


Parlons sans détour, je n'ai pas aimé l'écriture. Trop d'ellipses, de non-dits, de phrases que seuls les initiés peuvent comprendre. J'ai dû lire et relire certains paragraphes pour tenter, souvent en vain d'en découvrir le sens caché. Je comprends la difficulté de ces confidences, mais pour la lectrice que je suis, ce fut une épreuve.

Ce qui m'a aussi profondément troublée, c'est la chute d'une idole. le portrait qu'avait dressé Caroline Laurent d'Évelyne Pisier dans Et soudain la liberté, était celui d'une femme libre, allant jusqu'au bout de ses convictions, ce qui l'avait amenée à côtoyer des célébrités planétaires. La découvrir ici, décrite comme une mère déplorable, incapable de protéger ses enfants, les exposant même au pire sous prétexte de l'absence de contrainte, est une sacrée claque ; entre les deux se situe sans doute la vérité et une plaidoirie en faveur de l'accusée réussirait sans doute à la réhabiliter .

On ne découvre pas avec ce récit que les maltraitances de tous genre ne sont pas l'apanage des milieux sociaux précaires et que les détraqués sexuels se cachant aussi bien derrière les persiennes d'une barre de banlieue que derrière les portails ouvragés des villas bourgeoises. On sait aussi que ces derniers sont plus difficile à atteindre pour que justice soit faite. C'est dans doute la seule justification que l'on puisse concéder à l'auteure pour soumettre à un public large le fruit de ses réflexions et souhaitons lui que cela la soulage, ce qui n'est pas assuré, compte tenu de ce qui risque de lui revenir en boomerang.

Une issue positive, la plainte déposée pour la première fois par la victime contre son beau-père, ce qui n'aurait peut-être pas eu lieu sans la publication du livre de sa soeur.



Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Je ne suis que peu férue de récits autobiographiques où le lecteur est pris en otage dans l'oeil du voyeurisme se retrouvant souvent piégé entre empathie et critique acerbe.

Après Orange amère, on m'a conseillé ce livre qui trainait chez moi. Une émission de la grande librairie où Camille Kouchner s'exprimait avec tendresse et sensibilité, je me suis vite procuré ce livre. La-bas, je l'ai vue sourire lorsqu'elle parlait de son enfance, nostalgique quand il était question de parler de sa mère. Finalement, ce livre, j'ai traîné des pieds à l'ouvrir.
Une amie me dit que j'y retrouverai certainement ce microcosme apprécié dans Orange amère d'une enfance débridée. Voyons donc.

La familia grande c'est un mic mac de beaucoup de choses.
La genèse familiale servie sur un plateau d'argent où se côtoient les plus grands intellectuels. Dans ce milieu, on prône la liberté. Ne pas porter de culotte (laissons l'intimité respirer voyons), se promener nu, ne pas allaiter (indépendance a tout prix), prôner le depucelage a 12 ans, mimer à 10 des jeux sexuels, mesurer le sexe d'un enfant puis l'inceste. Pas étonnant dans cette famille qui accueille à bras ouverts la sexualité et la liberté des moeurs.

Entre toutes cette fantaisie débridée où il faut débattre, réfléchir non stop et être érudit à 2 ans, il y a l'amour pour la mère, Evelyne. Parce que c'est la mère. Et qui n'aime pas sa mère ? Mais dépeinte comme le fait ici Camille Kouchner je n'ai eu aucune admiration pour cette mère effacée qui fume, boit, fait valdinguer les valeurs et le bon sens et ne sait pas parler en terme de sentiments ni protéger et encore moins défendre ses enfants. Qui n'a visiblement aucune notion de droit ni de discernement entre le bien et le mal.

Le père de Camille et son jumeau Victor n'est guère mieux. Ça ne rigole pas chez lui et au moindre chagrin c'est un somnifère en guise de réconfort.

Puis il y a ce fameux beau-père que Camille aime tant car il brille partout et en toute circonstance. Dans la villa à Sanary, c'est La familia grande. Des soirées de libertinage à profusion.

On retrouve enfin une panoplie de sentiments confus entre amour et haine, culpabilité et honte. Camille n'avait que 14 ans quand son jumeau la met dans la confidence lui adjoignant de se taire. Ce qu'elle fera. Et il faudra faire avec.

C'est difficile de cerner ce livre tant je l'ai trouvé confus dans cette balance constante entre haine et amour, admiration et regret, mutisme et voix.

Les descriptions de ce monde petit bourgeois bien pensant de gauche ami de Chirac et Mitterand ne m'ont que peu séduite. La politique, des débats interminables, des intellectuels débridés, la vie c'est pas ça pour moi. Mais ce fut celle de Camille et Victor Kouchner.
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À l'instar de Vanessa Springora dans le consentement, Camille Kouchner offre un témoignage essentiel parce qu'il ouvre la voie à la voix : d'autres victimes de pédophiles ou d'adultes incestueux vont aussi parler, sans attendre 30 ans peut-être, grâce à elles.

Elles deux dénoncent, tout en justesse et sans étalage aucun, les déviances perverses envers des enfants et de jeunes adolescents dans des milieux que l'on penserait au contraire honnêtes et droits, et, tout aussi abjecte, l'absence de protection de la part de tous ceux qui savaient.

Ces écrivains, ces intellectuels, ces politologues, ces personnalités connues et reconnues, qui se montrent tellement humains et aimables en public, et qui dans le soir commettent l'impensable…

Un témoignage essentiel
Tout en sincère pudeur
Un récit en absence de fiel
Pour son frère, sa douleur.

Son calvaire révélé un jour
Mais il a muselé sa jumelle
Éviter le scandale par amour
La mère a su, déni éternel.

Les années ont coulé si lourdes
Les souvenirs rongent lentement
Les victimes aux plaintes sourdes.
Éclate la vérité, dénonce qui ment.

Spécialiste du droit constitutionnel
Criminel s'est octroyé tous les droits
Abject beau-père incestueux. Irréel
Avili le frère, innocence tuée. Désarroi

La honte était du mauvais côté
Lors des procès Justice injuste
Partout existent des familia grande
Où le mal nuit après nuit s'incruste.

Urgence. Que cesse le crime.
La loi n'est pas assez étendue
Impératif de croire les victimes
Pour une première main tendue

Le mouvement prend de l'ampleur partout, il est temps.
#metooinceste après #metoo
Trop longtemps la honte était du mauvais côté, ressentie par des enfants innocents.
Les adultes sont censés protéger les enfants, les leurs comme ceux des autres.
Les hautes écoles dont Sciences Po fabriquent les gouvernants de demain, mais qui violent leurs concitoyens ? Maintenant #sciencesporcs
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critiques presse (9)
MadmoizellePresse
08 janvier 2022
Dedans, il y a bien sûr l’ignoble, l’indéfendable, l’immonde. Mais il y a aussi l’histoire d’une femme, l’autrice elle-même, éduquée par la plus libre des mères, féministe avant l’heure, nourrie aux idées de Simone de Beauvoir. Le récit de femmes qui se battent pour rester libres et indépendantes, envers et contre leur père, envers et contre tous.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
LeFigaro
08 février 2021
La force d’un tel livre ne repose pas uniquement sur la révélation d’un viol pédophile au sein d’une famille. Il lui fallait aussi une sobriété implacable, une écriture blanche, une construction adroite.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Actualitte
26 janvier 2021
C’est un livre formidable sur les non-dits familiaux. Sur les secrets qui forgent la honte et le repli sur soi. Qui interrogent sur les deuils nombreux : ce sont des départs volontaires. Et le drame incestueux dont Victor est la victime ne semble être que la face immergée de l’iceberg.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LaLibreBelgique
21 janvier 2021
"La Familia grande", le livre de Camille Kouchner, a libéré la parole pour des milliers de victimes d’inceste. Mais il est aussi une véritable œuvre littéraire qui démontre la singularité et la force de la littérature.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LesInrocks
13 janvier 2021
Ce fut un choix urgent, presque cathartique, et éminemment politique.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LaPresse
12 janvier 2021
Une histoire incestueuse à plus d'un niveau.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Lexpress
12 janvier 2021
"La Familia grande", de Camille Kouchner, n'est pas qu'un récit tétanisant sur l'inceste, il est aussi un premier livre impressionnant de maîtrise et de profondeur, au style impeccable.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
08 janvier 2021
Dans son récit autobiographique, l'auteure brise un tabou familial gardé sous silence pendant trente ans. Au gré d'une écriture ciselée émaillée d'une admirable créativité littéraire, elle réveille les consciences et offre de solides points de repères à toutes les victimes perdues dans le mutisme et la culpabilité.
Lire la critique sur le site : Telerama
Culturebox
07 janvier 2021
Dans "La familia grande", Camille Kouchner accuse son beau-père, l'ancien député européen Olivier Duhamel, d'avoir violé son frère jumeau quand il était adolescent.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (311) Voir plus Ajouter une citation
Le jour où j'ai perdu ma grand mère , j'ai perdu ma mère à jamais.
La vie n'a plus jamais été la même.
Les parents ont décidé de louer une maison à une heure de Paris pour se retrouver ensemble chaque week-end ,et parfois pendant la semaine. Ma petite sœur Luz venait d'arriver. Les enfants, les amis, les amis et leurs enfants , se multipliaient. C'en était fini de l'intimité.
A la maison ma mère buvait le soir. Mon beau- père la servait et la servait encore. ça l' aidait à dormir, ça l'aidait à s'en sortir. Il ne fallait surtout pas lui en parler. Lèvres noires, dents noires. Haleine épaisse. Visage effacé . Et souvent une telle méchanceté. Des mots vulgaires , des mots perçants, des mots terrassants. Jusqu'à l'oubli, heureusement. L'oubli de tout, l'oubli de nous. Le soir ma mère me parlait, et le lendemain elle ne se souvenait de plus rien.
Evelyne s'est emmurée. Chaque jour , enfermée dans son bureau , elle relisait , relisait la lettre de Paula. Et elle pleurait, pleurait sans arrêt. Il n'a plus été question de se retrouver après le collège .On filait direct dans nos chambres . "Votre mère n'a pas le courage de parler."
Un jour j'ai insisté. Je suis rentée dans son bureau pour voir comment elle allait. Je me suis approchée d'elle et elle s'est effondrée. Sous ses yeux elle avait encore la lettre de Paula. J'ai pris ma mère dans mes bras et toujours je me souviendrai de ce moment là. Son front dans mon cou, ses épaules tremblotantes, ses bras autour de moi. Toujours je me souviendrai de sa petite voix qui répétait : "Ma maman, ma maman…."
Chacune ses larmes et ses ambiguïtés. Quand je pleurai ma mère m'engueulait. Il fallait savoir respecter ,tenir le choix pour un haut fait. Se désespérer, c'était renoncer à la liberté. Je n'en avais pas le droit . "Camille soit forte. Pour moi, pour elle, ne souffre pas".
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Dans son dossier médical, il est indiqué : "elle décède en présence de ses proches", mais aucun de ses enfants n'était là. Ma mère, toute petite dans son lit d'hôpital, est morte sans moi. Et je dois vivre avec.

J'écris "ma mère est morte", mais, à ce moment précis, je ne ressens pas son absence. Bien sûr, j'ai la gorge nouée, les larmes affleurent, mais l'arrachement est irréel.

À l'enterrement de ma mère, le souvenir des fleurs partout et de ces gens que j'ai longtemps aimés. À l'enterrement de ma mère, le souvenir des ces gens au loin, qui ne se sont pas approchés. Ceux de l'enfance, du Sud, de la famille recomposée. La familia grande.

Elle disait que l'important c'était de se parler, que tout s'expliquait, que la télévision était une fenêtre sur le monde, la liberté la valeur suprême. J'avais le droit de tout faire tant que j'étais responsable. Et je serais responsable si je tentais de comprendre. Comprendre tout, tous et tout le temps.

Petite, ma mère me désignait le Mal et, avec bonheur, je le combattais. La main dans celle de ma mère, je courais.

Depuis, j'ai peur. Qu'un événement survienne, qu'il arrive quelque chose aux gens que j'aime. J'anticipe, j'analyse, je préviens. J'ai peur. Un pressentiment irrémédiable. Et ma raison n'y fait rien. Des peurs irrationnelles. Le coeur qui bat au moindre bruit. À l'insupportable sonnerie du téléphone, tout le temps. La peur de la voiture. La peur de l'avion. L'impossibilité de respirer, vingt fois dans la journée. Plus tard, la peur pour mes enfants. La peur de tout, tout le temps.

Dans le regard de ma mère, pour moi, plus rien, plus jamais. Le jour où ma grand-mère s'est suicidé, c'est moi que ma mère a voulu tuer. L'existence de ses enfants lui interdisait de disparaître. Nous étions le rappel de sa vie obligée. J'étais sa contrainte, son impossibilité. Le jour où j'ai perdu ma grand-mère, j'ai perdu ma mère. À jamais.

À la maison, ma mère buvait le soir, mon beau-père la servait, et la servait encore. Ça l'aidait à dormir, ça l'aidait à s'en sortir. Il ne fallait surtout pas lui en parler. Lèvres noires. Dents noires. Haleine épaisse. Visage effacé. Et souvent une telle méchanceté. Des mots vulgaires, des mots perçants, des mots terrassants. Jusqu'à l'oubli, heureusement. L'oubli de tout, l'oubli de nous. Le soir, ma mère me parlait, et le lendemain elle ne se souvenait plus de rien.

Leur départ est pour eux une chance. Un soulagement, même. Je ne leur en veux pas. Mais je suis seule et je comprends, pour la première fois, que je le resterai.

Mes amis vont mal, et c'est en cela que je leur trouve un intérêt. De manière générale, je n'arrive à entretenir que faiblement les amitiés ; je suis très présente et puis je disparais, Charlotte me le reproche. D'autres après elle. Je le sais.

Les garçons que je choisis sont des étoiles filantes. C'est ma condition, aucun n'est autorisé à s'arrêter. Aucun n'est autorisé à creuser. Leur indifférence est, pour moi, la seule marque de respect.

Rien ne m'amarre. Je suis loin de moi, d'eux, comme droguée. Je ne m'attache à rien. Je suis dans mes pensées en permanence mais ma tête est vide. Avec le départ de mes frères, j'ai quitté la réalité. Je poursuis toujours le même rêve : me faire pardonner.

Le soir, ivre, ma mère m'appelait. Sa mère morte... Elle m'insultait. Et puis elle oubliait.

Toi qui as agressé mon frère pendant des mois, tu le vois, le problème ? Quasiment devant moi, en t'en foutant complètement, faisant de moi la complice de tes dérangements. Tu les vois, les angoisses qui nous hantent depuis ? Mais toi aussi t'es prof de droit. T'es avocat. Tu sais bien que, pour cause de prescription, tu t'en sortiras. Tout va bien pour toi. Vingt ans. Sinon c'était vingt ans.

Je n'ai pas protégé mon frère, mais moi aussi j'ai été agressée. Je ne l'ai compris qu'il y a peu : notre beau-père a aussi fait de moi sa victime. Mon beau-père a fait de moi sa prisonnière. Je suis aussi l'une de ses victimes. Victime de la perversité. Pervertie, mais pas perverse, maman.
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Je les ai si souvent vus faire. Je connais bien leur jeu. À Sanary, certains des parents et enfants s𠆞mbrassent sur la bouche. Mon beau-père chauffe les femmes de ses copains. Les copains draguent les nounous. Les jeunes sont offerts aux femmes plus âgées. Je me souviens du clin d’œil que mon beau-père m𠆚 adressé lorsque, petite, j𠆚i découvert que sous la table il caressait la jambe de la femme de son copain, le communicant avec lequel nous étions en train de dîner. Je me souviens du sourire de cette femme aussi. Je me souviens des explications de ma mère à qui je l𠆚i raconté : « Il n’y a rien de mal à ça, mon Camillou. Je suis au courant. La baise, c𠆞st notre liberté. » Je me souviens encore que, après une autre soirée, une main courante a été déposée. La jeune femme, à peine 20 ans, était endormie lorsqu’un garçon s’était glissé dans son lit. Elle s’était enfuie à Paris et avait prévenu ses parents. Des explications avaient suivi. La jeune femme a été répudiée, vilipendée par mon beau-père et ma mère, effarés par tant de vulgarité. Quant à moi, on m𠆚 expliqué ce qu’il fallait en comprendre : la fille avait exagéré.
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Je les ai si souvent vus faire. Je connais bien leur jeu. À Sanary, certains des parents et enfants s’embrassent sur la bouche. Mon beau-père chauffe les femmes de ses copains. Les copains draguent les nounous. Les jeunes sont offerts aux femmes plus âgées.

Je me souviens du clin d’œil que mon beau-père m’a adressé lorsque, petite, j’ai découvert que sous la table il caressait la jambe de la femme de son copain, le communicant avec lequel nous étions en train de dîner. Je me souviens du sourire de cette femme aussi. Je me souviens des explications de ma mère à qui je l’ai raconté : « Il n’y a rien de mal à ça, mon Camillou. Je suis au courant. La baise, c’est notre liberté. »

Je me souviens encore que, après une autre soirée, une main courante a été déposée. La jeune femme, à peine 20 ans, était endormie lorsqu’un garçon s’était glissé dans son lit. Elle s’était enfuie à Paris et avait prévenu ses parents. Des explications avaient suivi. La jeune femme a été répudiée, vilipendée par mon beau-père et ma mère, effarés par tant de vulgarité. Quant à moi, on m’a expliqué ce qu’il fallait en comprendre : la fille avait exagéré.

Mais avec mon frère, ça aussi c’est autorisé ?
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" Frères et soeurs muselés par des parents inconséquents. Oncle, tante, cousins, enfants et petit-enfants. Tes petits-enfants qui ont eu à subir sans comprendre la violence de ton effacement. Regarde-moi, maman. C'est pour toutes ces victimes que j'écris, celles, si nombreuses, que l'on évoque jamais parce qu'on ne sait pas les regarder."
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Vidéo de Camille Kouchner
Avec Hélène Devynck, journaliste, autrice de impunité, Camille Kouchner, maîtresse de conférences en droit privé, autrice de la Familia grande, Axelle Jah Njiké, autrice et réalisatrice de podcasts, Hanane Ameqrane, militante féministe et lesbienne des quartiers populaires, et Sarah Abitbol, championne de patinage artistique, autrice de Un si long silence.
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