Il n'y avait visiblement pas moyen d'être amoureuse autrement qu'en se mettant en danger, pas moyen de satisfaire le cœur sans déformer l'esprit.
Elle n'avait pourtant pas pu faire autrement que partir. Là bas, toutes ces années plus tôt, entravée par la culpabilité ancestrale, elle avait refusée de laisser ses désirs étouffer sous une rectitude abrutissante. Ce n'est pas qu'elle croyait que les choses ne changeraient jamais aux Etats Unis, elles changeaient déjà, même alors, tout autour d'elle. Mais qui aurait pu prédire ce qui allait advenir : les schismes; les guerres, les luttes raciales, cette "libération sexuelle" dont il est tant question aujourd'hui. Le féminisme.... Elle avait voulu sauter par dessus ces interdits et ces obstacles par dessus les préjugés et la bienséance, sauter des deux pieds directement dans le futur. C'est ce que l'Union Soviétique représentait alors pour elle. Un endroit où l'on vivrait déjà demain. ... La vieillesse vous apprend que ce ne sont pas les grosses erreurs mais les petites qui suscitent les regrets. p575