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Critique de Cigale17


La fille de Jonas Rosen prévient le lecteur dans la « Préface de Puma » (2018), son père attirait les catastrophes. Après la mort inopinée (?) de celui-ci, que Puma raconte dans ces quelques pages liminaires, elle a trouvé trois carnets écrits de sa main dans lesquels il relate un curieux séjour d'un mois à New York, à la fin de l'été 1996. En fait, étudiant en cinéma à cette époque, il s'y rend à la demande d'un de ses professeurs pour régler les détails du séjour pour lui-même et pour cinq autres étudiants. Ils sont censés y tourner un film sur le sexe… Jonas ne sait pas encore quel aspect va prendre son film. Il n'est sûr que d'une chose et il l'écrit dix fois sur la première page du premier carnet : « Je ne tournerai pas de film à la con sur les nazis ! » Chris Kraus immerge son personnage, Jonas Rosen, dans une ville qui lui est inconnue et dont il ne possède que scolairement la langue, avec peu de moyens pécuniaires et, pour tout point de chute, une adresse à l'institut Goethe. Autant dire que Jonas va multiplier les expériences inédites et faire un apprentissage rapide et intensif de la vie, beaucoup plus que du cinéma.
***
Je n'ai pas éprouvé dans le dernier roman de Chris Kraus, Baiser ou faire des films, les émotions très intenses qui m'avaient submergée à la lecture de la Fabrique des salauds. Mais si l'on excepte le titre inutilement provocateur et, d'après les réactions des lecteurs de la bibliothèque, totalement contreproductif, ce roman est lui aussi plein de qualités et m'a beaucoup plu. le jeune Jonas est touchant dans ses efforts pour se concilier les bonnes grâces des uns et des autres, et pour tenter de se faire accepter dans cette ville et ce milieu inconnus, pas toujours accueillants. Ses mésaventures et ses rencontres sont prétextes à revisiter certaines périodes de l'Histoire, essentiellement la Beat Generation ainsi que les exactions des nazis pendant la Deuxième Guerre mondiale à Riga. Paula Hertzlieb, la « tante » de Jonas se révèle être un personnage bien déjanté, mais sympathique et généreux. Jonas apprendra auprès d'elle beaucoup de choses sur le passé de sa famille, en particulier de son grand-père : l'Histoire le rattrape. J'aime beaucoup l'écriture de Chris Kraus. En passant, merci à la traductrice, Rose Labourie qui a su rendre magnifiquement l'ironie, l'humour noir, le sarcasme qu'emploie l'auteur. Je recommande chaleureusement ce roman, mais permettez-moi ces petits conseils : ne lisez pas la quatrième de couverture, conservez le titre original (Femmes d'été, Femmes d'hiver) et relisez la préface quand vous aurez fini le roman…
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