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Citations sur Dans les prairies d'asphodèles (32)

Les lianes, les buissons s’entremêlent, fauves fouillis piquetés de fleurs pâles, poussiéreuses, d’où émergent quelques
murs bas et toits de villas solitaires, aux fenêtres aveugles.
Longtemps inhabitées, ruines bientôt englouties par des
cascades de ronces, lichens et lierres triomphants où s’accroche un rai de soleil, à moi pourtant il semble que ces maisons sommeillent – comme ma propre conscience endormie,
repliée dans les profondes broussailles de l’oubli.
D’elles silencieuses je ne perçois qu’un faible bruissement,
une respiration lente où s’étouffe même le chant des oiseaux.
Et si maintenant avec le soir je distingue plus nettement
l’écho, de leurs voix le délicat murmure, mi-feuillage, mi-torrent, c’est comme du bout des lèvres et sans logique aucune:
leur langage incohérent babil, suite d’ondes et de clapotis, grelots ou vaguelettes chuintantes se heurtent, se fondent, sans
jamais former le moindre sens, ni chercher rime ou raison –
musique doucement, délicatement folle, série de sanglots et de
rires éteints, d’appels ou de chuchotements tantôt sombres,
tantôt gais, qui peu à peu tendres berceuses submergent mon
cœur.
Sans hâte j’ai cueilli des fleurs une à une en ce jardin
funèbre, pour à la nuit tombante rebrousser chemin
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Folie bien douce folie qui comme un lait bleuté m’embarrasse la langue, me tapisse gorge et poumons.
Car je me suis senti pousser des ailes ce matin:
duveteuses, floconneuses et puissantes, elles m’ont propulsé
au travers de cette vaste lande où je cours, vole, effleurant
pierres, mousses et fleurs sans jamais perdre haleine depuis
ce matin que j’arpente ce pays désert, doré continuellement
d’une apaisante lueur.
Vienne bientôt le soir, et dans les ténèbres insensiblement
parmi les nuées m’élèverai –
peau glacée par une bienfaisante bruine dont je happerai
le nectar bouche ouverte, planerai halluciné rieur, ballotté
dans les courants silencieux, rémiges frémissantes n’aurai
anti-Dédale d’aucun rayon à craindre l’échauffement ni la
brutale clarté –
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La ville j’ai voulu fuir, pour tâcher d’atteindre cette colline
qui se dresse, verte et ténébreuse, sous l’horizon tout proche.
Mais j’ai gagné peu de terrain, jusDes ruelles m’ont entraîné dans leur labyrinthe, dont je rase
les murs blancs, tièdes encore du soleil vespéral.
Plusieurs fois peut-être j’ai emprunté ce même escalier aux
mar-ches basses, franchi ce porche obscur, buté contre ce
cul-de-sac.
La nuit est venue: son rideau bleu et froid m’estompe toute
perspective.
Un chien aboie, puis se tait. Je tends l’oreille au grésillement d’une cigale, à la chute d’une pierre dans un ruisseau.
Une étoile a troué le ciel, sans y apporter d’autre lueur.
Je tends la main, caresse la chaux granuleuse qui recouvre
ce mur, étourdi par les battements de mon cœur asphyxié.
qu’à présent.
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Jours :

Les jours filent de ce printemps glacé où plus haut, très haut les nuages se bousculent, se chevauchent instables arènes, illuminant plus bas chevelures et sourires, visages assombris giflés de vent.
Jours sur mon visage déposent flocons discrets baisers de neige, fluides caresses et cristaux de sel – rayent ma peau, l’irriguent puis l’assèchent, creusent entrecroisent sillons et filets que la nuit marée recouvre.
Le ciel offre perspective inversée mouvements si lents, puis si rapides quand quelques secondes j’en détourne mon regard – les trouées, les golfes bleus, les arches, les découpes grises et blanches, leurs ascensions, dérives, rotations, quand des pluies soudaines hachent le soleil, fumées volent effilochées, s’éteignent en pleine lumière – et jaunes reviennent les crêtes effrangées, bleues les nappes d’azur qui s’élargissent, gagnent l’est puis le midi, entraînent, aspirent mon œil, et dégageant le soleil brûlent mes joues d’un feu si ardent, mon corps tout entier bûcher s’embrase.
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IV

Les lianes, les buissons s’entremêlent, fauves fouillis piquetés de fleurs pâles, poussiéreuses, d’où émergent quelques murs bas et toits de villas solitaires, aux fenêtres aveugles.
Longtemps inhabitées, ruines bientôt englouties par des cascades de ronces, lichens et lierres triomphants où s’accroche un rai de soleil, à moi pourtant il semble que ces maisons sommeillent – comme ma propre conscience endormie, repliée dans les profondes broussailles de l’oubli.
D’elles silencieuses je ne perçois qu’un faible bruissement, une respiration lente où s’étouffe même le chant des oiseaux. Et si maintenant avec le soir je distingue plus nettement l’écho, de leurs voix le délicat murmure, mi-feuillage, mi-torrent, c’est comme du bout des lèvres et sans logique aucune : leur langage incohérent babil, suite d’ondes et de clapotis, grelots ou vaguelettes chuintantes se heurtent, se fondent, sans jamais former le moindre sens, ni chercher rime ou raison – musique doucement, délicatement folle, série de sanglots et de rires éteints, d’appels ou de chuchotements tantôt sombres, tantôt gais, qui peu à peu tendres berceuses submergent mon cœur.
Sans hâte j’ai cueilli des fleurs une à une en ce jardin
funèbre, pour à la nuit tombante rebrousser chemin.
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Asphodèles :

III

Folie bien douce folie qui comme un lait bleuté m’embarrasse la langue, me tapisse gorge et poumons.
Car je me suis senti pousser des ailes ce matin : duveteuses, floconneuses et puissantes, elles m’ont propulsé au travers de cette vaste lande où je cours, vole, effleurant pierres, mousses et fleurs sans jamais perdre haleine depuis ce matin que j’arpente ce pays désert, doré continuellement d’une apaisante lueur.
Vienne bientôt le soir, et dans les ténèbres insensiblement parmi les nuées m’élèverai –
peau glacée par une bienfaisante bruine dont je happerai le nectar bouche ouverte, planerai halluciné rieur, ballotté dans les courants silencieux, rémiges frémissantes n’aurai anti-Dédale d’aucun rayon à craindre l’échauffement ni la brutale clarté – et quand viendra l’aube m’engourdir les muscles, par paliers gracieux saurai redescendre vers les cimes d’un chêne accueillant, pour m’y reposer – jusqu’au crépuscule.
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L'été vient et rien avec.
L'été bientôt sa tiède chaleur ses bras nus, sombres ses feuilles et rien tu ne vois rien venir que le soleil jour après jour plus installé quand cet hiver rappelle-toi comme tu l'avais guetté le printemps et puis l'été.
Mais rien – ou si peu de chose – le vent peut-être oui, le vent qui sous les branchages s'infiltre doré ou la blancheur peut-être, la blancheur voilée du ciel là-haut –
n'avais-tu guetté rien d'autre qui vaille d'attendre, si longs jours gris si longues nuits si blêmes –
mais non peut-être rien ne devait venir rien d'autre que cet été-là qui juste commence –
s'anime houle matinale se lève mauve au soleil, se déploie, doucement ourle sa lèvre, et silencieuse étale son écume
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Pédalant soleil dans mon dos – pas le soir encore mais plus si loin projette mon ombre sur la route droit devant moi – l'ombre de ma chemise battue déchiquetée par le vent la vitesse – et celle de ma chevelure.
Un frisson m'a saisi, en dépit de la chaleur.
Pédalant, fixant cette ombre, j'y ai reconnu la même exactement que vingt ans, trente ans plus tôt – en arrière.
Identique cette ombre, immuable cette découpe fouettée par le vent, la vitesse.
Grande frayeur.
Face à l'ombre de moi-même, lambeau flottant la mort en ombre légère m'apparut d'un coup très proche, comme si j'avais pédalé, effrangé, repoussé par le vent, ma vitesse – en arrière
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Quelque part dans le ciel mon œil se lézarde.
Une fissure un frisson zèbre les feuillages me
secoue – mon corps en chaque feuille dans l'azur
s'éparpille doucement se pulvérise.
Journée calme pourtant – dimanche, ciel si sereins
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Écoute – si tu écoutes la cloche, la cloche de l'église sonner, égrener les heures – écoute jour après jour la cloche tinter, sonner les heures – non les heures ne signifient rien absolument plus rien pour toi mais la cloche – la cloche oui qui sonne tinte résonne quelque part dans ton corps quelque part où – ta tête ton cœur tu ne sais pas, ta mémoire peut-être oui ta mémoire c'est cela : elle sonne la cloche résonne dans ta mémoire, sonne le glas de quelque chose fait tinter quoi le souvenir ou l'oubli ou le souvenir de l'oubli, la cloche te rappelle quelque chose ou quelqu'un ou toi-même – oui toi-même la cloche te rappelle à toi-même te ramène te retire en toi-même citadelle – ta cloche citadelle écoute la cloche sonner le glas de ta citadelle fissurer ses murs, écoute comme ta mémoire au son de la cloche frémit bat faiblement au choc du marteau vibre, vibre un temps, deux temps, lentement secoue voiles et haillons, couches de feuilles et de cendres, sourdement s'éveille et revit
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