L'ombre du doute

La vengeance est un plat qui se mange froid – dans son cas, Randall le mangerait même glacé à force d’avoir attendu. Mais l’heure des comptes avait enfin sonné, et il ne laisserait personne se mettre en travers de son chemin.

Son assiette en carton en équilibre dans sa main, Mack maniait prudemment de l'autre sa fourchette en plastique. Le grand art consistait à ne pas appuyer trop fort. Quelques grammes de pression en trop, et le fragile édifice partait en vrille avant de s'écraser au sol, non sans répandre au passage une généreuse couche de crème pâtissière sur votre pantalon et vos chaussures. Tel était l'inéluctable destin des gros gâteaux d'anniversaire et des petites assiettes en carton.

Malheureusement, il n’y a rien de plus facile que de fabriquer une armure moyenâgeuse. Il suffit d’enterrer un morceau d’acier avec une substance corrosive, d’attendre un peu, et hop ! Vous obtenez une armure présentable.

Se rendre utile est une chose. Se faire manipuler en est une autre.

C’est bon de se retrouver chez soi.

Elle avait vu juste. Certains règlements étaient faits pour être transgressés.

Ce n’était pas la conception de l’amour. Les aventures d’une nuit avec un inconnu n’étaient pas du tout son style.

Le feu qui les consumait aurait tôt fait de les réchauffer tous le deux. Il la plaquait si étroitement contre lui qu’elle pouvait à peine respirer. Mais ça n’avait pas d’importance non plus. Elle n’avait qu’une envie : se rapprocher davantage – jusqu’à ce qu’ils ne fassent plus qu’un.

Un baiser était une chose. Coucher avec un client en était une autre. Le règlement interne s’y opposait catégoriquement.

Une onde de désir le traversa. Il se demanda si la nature avait fait en sorte que les mâles ne puissent plus raisonner clairement quand une femelle leur souriait de cette façon. Comme moyen pour assurer la pérennité du genre humain, la méthode avait fait ses preuves.