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Citations sur Une vie minuscule (16)

— Qui je suis ? Tu me demandes qui je suis ?

Je sens bien, au-dessus de mon crâne, l'ouverture entre le ciel et moi. Mes amis d'enfance, mes sequoias ?
En tout cas, empli de cette puissance imperceptible, j'entre, sans le vouloir, dans une transe logorrhéique et, nourri par le désir d'en finir, livre ma danse archaïque sans retenue à la famille Lacroix :

— Je suis Phérial Chpapjik qui a appris, alors qu'il ne savait pas encore bien lire, la scène de la lande dans Le Roi Lear. J'avais décidé, tonton, de la taire à ma façon, tant ce monsieur Shakespeare m'avait, pour ainsi dire, collé au plafond. Aussi, quand je la jouais, Je vibrais comme une feuille au vent et mes émotions décuplées m'éloignaient de moi-même. Alors, poussé par une force invisible, obligé d'être un autre. Je me suis senti bien plus beau et plus héroïque que je ne l'ai jamais été. Recevant par les paroles de l'auteur l'énergie nécessaire, une transformation s'est opérée, me permettant de comprendre sans comprendre qui était vraiment ce triste roi. Sa douleur m'écartant finement de ma propre histoire, j'ai pu accepter calmement l'infortune de ce bon père que j'aurais aimé connaître. J'entrevoyais soudain d'autres souffrances que les miennes et fus triste pour de bon. C'est là que j ai su ta misère. C'est là que j'ai pris ma décision : rendre à tonton Lacroix son malheur et ses obsessions. Je ne peux rien expliquer de plus, je ne peux rien dire, sauf que je me sens bien moins malade qu'autrefois. Et pardessus tout, grâce au généreux Shakespeare, un enfant délaissé par papa, maman, peut enfin pleurer un père, un roi imaginaire que ses enfants ont écarté ignoblement. Un abandon dans le sens contraire. Jamais vu ça auparavant. Merci le théâtre, merci Shakespeare.
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J'avance en tâtonnant vers ce jour où je voyagerai sans contrainte parmi les âmes de nos ancêtres. Retour au premier descendant qui, dans son sourire d'enfant, exprimera à la mère d'aujourd'hui : n'aie point peur petite mère, n'aie point peur. Et juste avant ton dernier souffle, qu'en slave on dit doucha, regarde comme ce sourire d'un âge lointain n'est jamais mort. Regarde ma mère, il vit encore.
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[...] dans cette histoire d'éducation d'enfants sans parents, tout le monde, au fond, veut faire de son mieux, du moins au départ. C'est un renouveau pour chacun et trop souvent une déconvenue pour tous. Il semblerait que seul le temps soit le garant de nos réussites. Le temps passé ensemble, le temps partagé, vécu. Mais apparemment personne ne l'a, ce temps. Apparemment, personne ne semble savoir ce qu'est vraiment le temps.
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Il est toujours étrange d'entendre un docteur en psychologie parler de soi, surtout quand il ressemble à Barbe-noire. Son " plutôt intelligent " me fait chaud au cœur. En plus, il a l'air de bien savoir qui je suis, moi qui ne saurais même pas dire quoique ce soit sur ma petite personne. Donc, voilà sûrement à quoi çà sert, les adultes : à bien parler pour les enfants.
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Savez-vous ce que c’est de tournoyer dans les étoiles sans être une des leurs? Savez-vous ce que cela implique lorsque les bras et les mots manquent chaque jour à l’appel. Je suis enfermé en moi-même, madame Mireille, mes yeux sont mes propres miradors, mes pensées sont mes violences et mes désirs sont réduits au strict minimum. Manger, dormir surtout pour arriver, un jour, à ne plus avoir peur. Je suis perdu, perdu dans le monde des hommes. Je ne me sens ni l’un d’eux ni comme eux. Je dérive dans l’espace où mon nombril ne se prend pas pour le centre de quoi que ce soit, de qui ce soit. Détaché à jamais, j’erre comme un clochard dans l’univers insondable avec, pour plainte, un torrent de haine et d’amour envers ceux qui m’ont fait ça, me laisser là, sur le carreau, devant les autres stupéfaits. J’ai mal à la tête.
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Je remarque que personne ne demande à petit Claude d'arrêter cette fois-ci. Non, on le laisse. Il pleure pour nous tous et on lui en est bien reconnaissants, parce que ce n'est pas si facile de pleurer devant les autres, devant les copains ou son amoureuse. D'ailleurs, je me souviendrai toujours de petit Claude pour le courage de ses larmes. C'est lui qui nous a appris à ne plus retenir les nôtres, c'est lui qui nous a dévoilé un grand secret, un grand trésor. Ce secret, c'est que toute peine mérite son chagrin.
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Des pensées lugubres m'atteignent et me rongent. Je commence à sombrer. Je fomente de terribles plans de vengeance, mais, très vite, mesure que la vengeance ne me servirait à rien, qu'il me faut faire plus injuriant : ne pas donner raison à ceux qui nous jugent et les démunir de leurs certitudes, en ne retournant jamais derrière les barreaux. Quoi faire sans vendetta ? Vivre pépère et trimer dans le dénuement ? Non, il doit exister autre chose. Vivre sans se faire prendre. Je trouverai, car la mort de mes compagnons de bagne m'a fait sentir aussi que la vie est pleine de vies, de plusieurs vies, au choix. Etre gangster, boulangère ou sur la ligne, funambule entre leur bien et leur mal. Si seule ma vie est un miracle, alors j'ai peur de perdre quelque chose. Si ma mort est aussi un prodige, ma peur s'évanouit. On ne peut plus rien me faire et je peux entrevoie de vivre autant de vies différentes qu'il me plaira.
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Oui, je veux bien un calmant pour pacifier mon coeur déraillant, ma tête fracassée, mes nerfs bousillés.
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Pour moi, le quotidien qui se répète sans cesse est peuplé de départs, d’arrivées, de ruptures et des règles de chacun qui surgissent sans relâche, accompagnées de regards d’adultes qu nous intiment invariablement d’être l’enfant sage qu’ils n’ont jamais été, ou nous interdisent inlassablement d’être l’enfant troublé qu’ils ont en eux et qui n’a jamais pu vraiment disparaître.
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Mais je m'en fous Phérial, t'entends, je m'en fous. Même les laids iront au paradis. Je le sais, moi. Il peut pas en être autrement. C'est trop injuste sinon. Souffrance sur terre ? Souffrance au ciel ? Peut pas être autrement...
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