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Critique de latelierlitteraire


« Si les pauvres puent autant, c'est seulement parce que les élites n'ont jamais arrêté de leur chier dessus. »

Le ton est donné.
En 2516 la population restante est amassée sous des dômes. À l'extérieur, des pluies dangereusement acides. À l'intérieur, un peuple opprimé qui survit bien malgré lui. Les riches dominent, les prolétaires ploient sous le joug d'une mairie liberticide unie à une IA quasi omnisciente.

Alors vous me direz : « rien de nouveau sous le soleil, les riches vs les pauvres, on connaît blablabla... » Oui mais non ! Jean Krug est un virtuose des mots et il le prouve. Sa verve cartonne. Et sa maîtrise de la langue française impressionne tout autant qu'elle détonne. Les néologismes fleurissent et, en conteur de génie, il compose une prose grandiose. Mais je vais m'arrêter là car n'est pas Damasio qui veut, sauf peut-être Jean Krug s'il accepte cette comparaison « furtive ».

Plus que cela on sent l'auteur engagé et profondément concerné par la cause environnementale et le devenir de l'humanité. Sur un fond de futur post réchauffement climatique, il met en exergue la défaillance d'un système et l'injustice sociale qui résulterait d'une migration massive vers un même point. Et grâce à ses personnages truculents et étonnamment attachants il en parle très justement.

Et ça dépote la cocotte ! Doit-on mentionner le panache du Kid, sa gouaille qui grise autant qu'elle défrise ? Peut-on évoquer Sam, le sage, animé par d'élégants principes ? Ou Maëlle qui voue une obéissance immuable aux règles et aux lois ?

Leur différence résonne et passionne. En voilà des personnages finement travaillés auxquels on peut facilement s'identifier. Leurs failles, leurs doutes, leurs envies, leurs peurs, leur résilience sont les nôtres. le Kid, Sam, Maëlle c'est NOUS. Iels portent notre parole et clament nos valeurs. On s'approprie leur lutte car nous aussi on est indigné et révolté par cet asservissement et tout ce qui en découle. Ce sentiment d'impuissance, d'injustice, on connaît ! Comme un écho malheureux à notre réalité.

L'auteur s'appuie sur des connaissances solides pour nous offrir un texte intelligent, dense, riche, qui dénonce la dérive des gouvernements. Sa vision globale, ciselée et brute pose les bases d'une réflexion anthropologique et environnementale aboutie et plus que réussie.

Ce roman, tout comme le carnet de Sam, porte un message d'espoir, celui d'une planète égalitaire où tout le monde pourrait choisir sa place et être libre.

Avec sa Cité d'IvoireJean Krug s'impose comme un des auteurs français majeurs de la science-fiction.

Un des meilleurs romans que j'ai jamais lu. Foncez !
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