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Critique de MaxSardane


Genre : dystopie climatique et sociale
Nombre de tomes : OS
Année de parution : 2023
Éditeur : Critic

Bouh, que j'en aurais mis du temps à le finir, ce livre ! Pourtant, il avait plutôt bien commencé. La première partie m'a plutôt séduite, avec sa langue dynamique, travaillée (quoi qu'un poil artificielle, et un peu pompée sur Damasio...) et ses petits mystères. Qu'est-ce qu'une « botte de recherche existentielle » (p. 156), par exemple ? Et que veut dire « la boussole psychique indique que nous avons dévié de quatorze degrés vers l'Éther depuis le Vrai » (p. 160)... ? Avouez que c'est opaque, que ça interpelle !

Une cité-bulle moche et injuste, une IA totalitaire, la menace d'une nature transformée en piège par l'Homme, un groupe de dissidents qui hante les sous-sols comme les pirates de Morpheus de Matrix, et la promesse d'une utopie merveilleuse, la légendaire « cité d'Ivoire »... En dépit de ces belles promesses, je me suis vite lassée. Pour moi, la machine n'a jamais vraiment décollé, et je n'ai pas trouvé ce roman à la hauteur de ses ambitions.

Le premier souci, pour moi, a été de ne pas réussir à m'attacher aux personnages, de ne pas trouver leurs vies intéressantes, et donc, de ne pas avoir peur pour eux. Ils m'ont fait l'impression d'être des figurants dans un jeu vidéo... à la rigueur, c'est le Kid, avec ses conflits internes, son rythme de slameur, sa gouaille, son côté parfois repoussant qui m'a tenue un tant soit peu éveillée tout le long du roman. Mais les autres, mon Dieu ! Maëlle (dont le nom sonne un peu random au milieu des « Serietzk » et autres « Aĕrǐnus ») est une caricature de fliquette SF : elle m'a fait penser à une mauvaise redite de Brawne Lamia dans Hypérion. On ne comprend pas trop ses motivations, ni comment ça va (ou ça peut) se finir pour elle. La copine du héros, Sarah aux « boucles joyeuses » et à « l'odeur d'herbes tendres », est sans saveur, mention énervante : toutes ses actions ou presque sont accompagnées de l'adverbe « tendrement ». Elle n'a que deux modes : la tendresse, ou la colère. Un peu réducteur... Je sais bien que les auteurs de SF ne sont pas réputés pour la justesse de leurs persos féminins, mais tout de même... à côté de ça, on a le choix entre #Femmeautoritaireàgrossetête1 et #Femmeautoritaireàgrossetête2. Au secours ! La palme d'or revient au protagoniste, Sam Deson, qui a autant de charisme qu'un chanteur de variété française (même si à la fin, on essaie de nous le vendre comme le nouveau Che Guevara). Je l'ai bien aimé au début, car c'était celui dont le point de vue était le moins dur à suivre, à qui il était facile de s'identifier. C'est un genre de Neo à la vie plutôt confortable qui, petit à petit, va s'éveiller aux injustices et aux secrets du monde qui l'entoure. Bien malgré lui, jusqu'à une certaine prise de décision un peu « précipitée », et qui marque d'ailleurs un basculement dans le roman, vers une seconde partie que j'ai trouvé nettement moins bonne et prenante que la première.

Ma deuxième déception ? La rapidité de la conclusion. La révolution promise tout le long est expédiée en une dizaine de pages. Les arcs narratifs respectifs des protagonistes, eux aussi, sont vite résolus, de manière plus ou moins convaincante. J'ai eu très peur pendant l'arc aérien avec les engins à ballons, parce que je déteste le steampunk. Mais finalement, c'est bien passé, et c'était plutôt pas mal, avec ce qu'il faut d'horreur et de suspense pour nous maintenir en état de vigilance. Non, ce qui m'a le plus déçu, c'est le traitement du concept de Cité d'Ivoire, qu'on nous a très bien vendu pendant toute la première moitié du roman. Je l'ai un peu vécu comme une trahison. C'est quand j'ai compris que le mystère ne serait pas vraiment résolu que j'ai lâché l'affaire. Aucune explication réelle, hop, on l'a mis à la trappe comme s'il fallait vite conclure...

Dommage, parce que c'était une sacrée bonne idée, toute cette mythologie, ce subtext qui hante le héros et le guide comme une carte secrète dans une quête ! Il aurait au moins mérité de trouver quelque chose... d'un plus consistant que ce qu'il découvre, je veux dire. C'est peut-être ma fibre révolutionnaire qui n'est pas assez étoffée, mais le futur que nous offrait finalement cette « cité » mythique ne m'a pas fait rêver. La ZAD en mode les enfants perdus, bof bof... Y en a sûrement à qui ça plaira. Mais pas moi. Ce qui serait intéressant, maintenant, c'est de lire ce qui arrive à tous ces gens après la dernière page du roman... parce que ça ne doit pas être très réjouissant ! J'ai vraiment eu l'impression qu'il manquait quelque chose à cette histoire. Une vraie conclusion, cent pages supplémentaires, plus d'humanité (je ne parle pas des grandes idées — ça, il y en a à la pelle), mais quelque chose de plus... organique, justement. J'ai trouvé tout ça un peu trop hors sol. Peut-être un peu trop lisse, aussi, trop policé. C'est sûrement fait exprès, c'est le thème (l'élévation, la prise de liberté par les airs, l'utopie, etc.). Mais ça ne l'a pas fait pour moi. Une rencontre de ratée ! Je remercie tout de même les éditions Critic pour cette découverte (obtenu lors de la rencontre avec les blogueurs fin mars dernier — oui ça date, je sais), qui m'a donné envie de relire Damasio !
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