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Critique de Tachan


Ma découverte du Rakugo, à la vie, à la mort avait été un moment très intense lors de la lecture du premier double tome offert par le Lézard noir. La lecture étant assez copieuse, j'avoue que malgré la superbe couverture de ce deuxième volume, j'y allais quand même en marchant sur des oeufs. Quelle erreur ! J'ai encore une fois été soufflée par les émotions instillées par Haruko Kumota.

Ce nouveau volume est entièrement consacré au récit de l'histoire passée de Yakumo et Sukeroku, ces deux apprentis rakugoka qui travaillent pour le même maître. Dans le présent, seul Yakumo est encore là et il a une relation complexe avec la fille du second. Il est donc particulièrement intéressant de plonger aux origines de tout ceci. L'autrice avait déjà commencé ce retour dans le passé dans le tome précédent, mais c'est ici que cela prend toute son ampleur.

Dans une valse des sentiments chaotiques, nous allons suivre le trio à l'origine de tout : Yakumo, Sukeroku et bien sûr Miyokichi, la pomme de la discorde. Il est fascinant de voir la relation qu'ils entretiennent tant celle-ci est complexe. Il y a tout d'abord la relation d'amour-haine qu'entretiennent les deux apprentis rakugokas où leur rivalité autour de l'art qu'ils affectionnent tant n'est pas étrangère à cela, mais leurs dépassent cela et on en vient à avoir du mal à les qualifier. Est-ce de l'amour romantique ? Un amour fraternel ? Une fascination réciproque qui aurait mal tournée ? Impossible de vraiment trouver la juste définition. Alors quand Miyokichi s'y glisse, c'est encore plus compliqué. J'ai été touchée par la détresse de celle-ci. Femme de son temps, elle est ballottée d'un homme à l'autre et quand elle tombe amoureuse de Yakumo mais que ce n'est pas réciproque, il est tellement plus facile de tomber dans les bras ouverts de Sukeroku, mais ce n'est vraiment pas la solution...

Cette lente tragique qui se noue entre eux, ne serait rien sans la complexe relation que les garçons entretiennent avec leur art, et celle-ci est vraiment fascinante. Si je ne suis pas passionnée par les histoires qu'ils racontent quand ils montent sur scène, malgré les fulgurances de la mangaka pour rendre la multiplicité des expressions que les acteurs prennent. En revanche, j'ai été fascinée par la complexité de cette univers et ses implications. J'ai adoré la relation trouble des deux héros avec leur art et leur maître. L'un, Sukeroku, voulant révolutionner le genre et se mettant à dos tous les vieux grands maîtres. L'autre, Yakumo, plus classique, jaloux du talent de son ami mais empêtré dans cette tradition dont il ne parvient pas à se détacher malgré ses désirs. Ils s'aiment et s'attirent autant qu'ils se détestent et se repoussent. Il en va de même avec leur pauvre vieux maître. C'est beau, triste et pur à la fois, mais surtout déchirant.

Ainsi, même si la lecture est copieuse, même si certains passages de pièces de rakugo ne m'ont pas passionnée, j'ai été plus que touchée et émue par la magnifique, riche et complexe histoire humaine que cela relate en sous-main. le portrait du Japon d'après-guerre portait par l'autrice est saisissant, âpre et douloureux. le lecteur se retrouve comme les personnages à fleur de peau, avec une lecture qui dérange autant qu'elle touche, et ce ne sont pas les compositions graphiques vraiment inspirées de Haruko Kumota qui vont me faire en démordre car si j'ai été autant touchée par ce qui se jouait, c'est également grâce à son trait tellement pur et fin, et sa mise en scène percutante mais épurée. C'est vraiment une grande lecture une nouvelle fois !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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