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Critique de Lsky



Dans ce livre, il y a quelque chose du réalisme magique, l'histoire s'amorce au Bénin où règne le vaudou, la contrebande, les restes de colonisation, où des choses étranges se passent. Dès les premières pages l'hyperréalisme (qui sera présent tout au long du livre) d'aller remettre de l'essence dans sa voiture par exemple, côtoie des hallucinations, ou, si ce ne sont pas des hallucinations, de réelles manifestations magiques. Ainsi, on ne sait si le narrateur hallucine son père, dans des scènes extraordinaires, on ne sait si son interlocuteur voit la même chose que lui ou même si son père est un fantôme.
La réflexion qui ouvre le livre sur la spiritualité, la religion, et ces semis-hallucination, est extrêmement bien mené, ponctuée d'un certain humour noir, en petites touches, dans l'écriture.
On découvre une culture fantastique avec Aimée, le narrateur : on découvre le vaudou, l'incroyable peuple des Bnokimos, on découvre l'histoire du colonialisme teinté par les croyances et la magie. La spiritualité est omniprésente, tout comme la frontière entre l'au-delà et la réalité : les Dieux habitent les regards et les sourires, les contes sont autant de faits historiques que l'histoire de colonialisme. Nous ne sommes jamais réellement dans le fantastique, dans la magie, mais jamais non plus confrontés à la dureté de la science. Tout cohabite et s'emmêle comme mille manières de voir les choses toutes parfaitement logiques et liées. L'expression, d'ailleurs, est très claire. Si bien que l'esprit du lecteur prend plaisir à se promener en funambule entre cette double réalité.
Tout le début du livre qui se situe au Bénin où a grandi le narrateur, en se sentant européen, se sentant des besoins d'escapades, et où il travaille en tant qu'infirmier, m'a beaucoup plu !

Enfin, le narrateur réussi à partir en France, puis en Norvège !
Dans ses aventures en Europe, au début du moins, le narrateur nous paraît plus encore déconnecté, plus perdu encore au milieu de la frontière entre le fantastique et le réel. Se laissant aller à la consommation idiote à l'Occidentale, et se moquant du colonialisme et des études anthropologiques : il imagine les Bnokimos entrant dans un centre commercial, supposant que les bâtons de ski sont des armes et que les chaussures de ski des artefacts de vénération... Ce n'est pas sans rappelé le Petit traité d'écologie sauvage d'Alessandro Pignocchi qui m'avait beaucoup plu et qui utilise le même procédé dénonciatif, mais avec les Jivaros et non pas les Bnokimos.

Ce roman est en réalité une biographie romancée. L'auteur a rencontré Aimée alors qu'ils étaient tous deux aides-soignants en Norvège. Et finalement, voici un bel hommage, on y sent la forte amitié qui lit les deux hommes, en se disant que c'est incroyable tout ce qu'Aimée a vécu et traversé, de quoi en faire un roman ! C'est certain !

Finalement, Aimée prend pied dans la réalité, il commence à la moitié du livre à peu près à s'ancrer. Sa routine d'aide-soignant l'aide beaucoup, la mentalité norvégienne lui correspond bien car il est très effacé et n'aime pas spécialement le contact humain. Et il a un certain amour pour son métier, allant chaque jour aidé des personnes âgées. S'en suivent alors des descriptions édifiantes de son métier d'aide-soignant. Il ne nous épargne ni la pisse ni la chiasse dans des descriptions absolument pas ragoutantes, mais incroyablement littéraires. Si bien que, si rien ne nous est épargné, ces sujets et descriptions triviaux amènent en réalité une réflexion sur la vie, la mort, la déchéance des corps… Ce n'est clairement pas la majorité du récit, mais ça surprend ! Et finalement, elles sont peut-être plus importantes qu'elles n'y paraissent...
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