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Critique de Toocha


Une maison d'édition de presse pour enfants, au bord du dépôt de bilan depuis un an, est rachetée par un homme d'affaires qui n'apparaît qu'un fugace instant comme un sauveur : sans scrupule, le vulgaire et cynique Paul Cathéter entend restructurer, réorganiser, rentabiliser, et, bien sûr, licencier.
Tous les employés, en choeur, vivent désormais sous l'épée de Damoclès de l'annonce des prochains licenciements (distillés au compte-goutte pour éviter un plan social).
On suit plus précisément Agathe, qui travaille dans la presse jeunesse parce qu'elle n'a jamais voulu grandir, fragile, qui cède à ses névroses ; Patrick, l'histrion ambitieux qui ne perçoit pas ses ridicules ; Dominique, qui ne craint rien plus que de ressembler à sa belle-soeur et veut (se) prouver qu'elle peut réussir dans son travail sans savoir voir combien elle est agie ; Muriel, à l'ambition dévorante de petite fille qui recherche désespérément l'approbation paternelle, si bien qu'elle se rend compte qu'elle n'est pas forcément prête à toutes les compromissions ; Ariane, enfin, anesthésiée par la vie, toute en révolte et en blessures sous son masque de détachement, terrifiée mais prête à céder à tous les instincts de survie.
Nous étions des êtres vivants évite l'écueil de beaucoup de romans sur le monde du travail, dont les personnages peuvent rester cantonnés à leur situation professionnelle désincarnée ; au contraire, les protagonistes de ce roman, notamment Muriel et Ariane, sont complexes et équivoques. Les tiraillements entre la solidarité collective et la préservation de ses intérêts propres sont traités avec intelligence, comme les fissures que créent la mise sous tension professionnelle et les menaces de licenciement.
Dans la forme, comme beaucoup de romans choraux qui juxtaposent des récits à la première personne, il y a une uniformité des voix qui se confondent dans celle de l'auteur. Néanmoins, comme le style de Nathalie Kuperman est incisif et élégant, c'est un moindre mal : au moins tous ses personnages ont-ils le sens de la formule et du trait d'esprit.
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